Vers l’immortalité ? Une opération inédite combinant humains et créatures suscite l’espoir d’une vie sans fin

Quand on reçoit un organe, même d’un autre être humain, notre corps peut se méfier. C’est tout à fait normal. Notre système immunitaire est notre armée personnelle, conçue pour nous défendre contre tout ce qui est étranger, comme les microbes. Alors, imaginez sa réaction face à un organe venant d’une autre espèce ! Le risque de rejet est immense. Le corps voit le nouvel organe comme un ennemi et l’attaque. Pour vous donner une idée, même entre humains, environ 10 à 15% des greffes connaissent un épisode de rejet. Le défi avec un organe de cochon est donc gigantesque.

Alors, comment les scientifiques ont-ils réussi cet exploit ? Ils n’ont pas utilisé n’importe quel cochon. Ils ont utilisé la génétique pour « modifier » l’animal. En termes simples, ils ont changé quelques instructions dans le code génétique du cochon pour que son poumon ressemble davantage à un poumon humain, du moins aux yeux de notre système immunitaire. Et le résultat est stupéfiant. Le poumon a été transplanté sur un homme en état de mort cérébrale et, figurez-vous, il a fonctionné pendant neuf jours ! Les chercheurs ont bien noté quelques soucis au début, mais l’organe a tenu bon, sans signe de rejet violent. C’est une première mondiale et une vraie prouesse technique.

Cette histoire de poumon n’est pas sortie de nulle part. Depuis quelques années, la science explore cette piste. Quelques patients ont déjà reçu des cœurs ou des reins de porcs génétiquement modifiés. D’ailleurs, les autorités sanitaires américaines viennent tout juste de donner leur feu vert pour des essais cliniques officiels avec des reins de cochon. Cela montre que cette approche, qu’on appelle la « xénotransplantation » (la greffe entre espèces différentes), est prise très au sérieux par le monde médical. On n’en est plus aux simples expériences en laboratoire.

Au-delà de l’exploit scientifique, cette avancée est porteuse d’un immense espoir. Chaque jour, des personnes meurent parce qu’elles n’ont pas pu recevoir l’organe qui leur aurait sauvé la vie. Aux États-Unis, par exemple, on estime que 13 patients sur la liste d’attente décèdent chaque jour. La liste d’attente est longue, et les dons ne sont pas suffisants. Si nous pouvions utiliser des organes d’animaux, adaptés pour les humains, nous pourrions mettre fin à cette attente insupportable et sauver des milliers de vies.

Certains pensent déjà à l’étape d’après. Si on peut remplacer un poumon, un rein ou un cœur… pourquoi ne pas pouvoir tout remplacer ? L’idée, c’est que notre corps est un peu comme une voiture : avec le temps, les pièces s’usent. Si on peut changer toutes les pièces défectueuses, à l’exception du cerveau qui est unique, on pourrait théoriquement vivre beaucoup, beaucoup plus longtemps. Un médecin, le Dr Kendziorra, explique que « tout le reste du corps peut être recréé ». Ça fait rêver, non ? Ou peut-être un peu peur, je ne sais pas trop. C’est une question vertigineuse.

Bien sûr, le cerveau reste le grand mystère. Mais même là, la science progresse. En 2019, des chercheurs ont réussi à « ranimer » le cerveau d’un cochon quatre heures après sa mort. Attention, l’animal n’était pas conscient, loin de là. Mais ils ont réussi à restaurer certaines fonctions vitales de ses cellules grâce à une machine spéciale. On est encore très loin de pouvoir réparer un cerveau humain, mais ces recherches montrent que des choses que l’on croyait impossibles sont peut-être à notre portée.

Toute cette histoire peut sembler incroyable. Un poumon de cochon qui fonctionne dans un homme, l’idée de vivre éternellement… Mais il ne faut pas oublier une chose. Il y a quelques décennies à peine, l’idée de prendre le cœur de quelqu’un pour le mettre dans la poitrine d’un autre relevait aussi de la pure science-fiction. Aujourd’hui, la transplantation cardiaque est une opération qui sauve des vies tous les jours. Qui sait ce que l’avenir nous réserve ? Cette nouvelle avancée est peut-être juste le début d’une nouvelle ère pour la médecine.