Santé : un vaccin proposé aux collégiens pour réduire le risque de certains cancers
Auteur: Adam David
C’est une petite piqûre qui pourrait changer l’histoire d’un cancer. Depuis la rentrée 2023, la France propose de vacciner gratuitement les collégiens contre les papillomavirus humains (HPV), ces infections responsables de milliers de tumeurs chaque année. Une stratégie de santé publique ambitieuse, qui repose sur une question simple : que sait-on vraiment de ce vaccin ?
Le papillomavirus, un ennemi intime et silencieux
Le papillomavirus est un paradoxe. C’est l’infection sexuellement transmissible la plus répandue – on estime que 80 % de la population y sera confrontée – et pourtant, elle reste mal connue. Contrairement à une idée reçue, le préservatif ne suffit pas à s’en prémunir totalement. Le plus souvent, l’infection disparaît d’elle-même, sans faire de bruit. Mais parfois, le virus persiste, et c’est là que le piège se referme, parfois dix ou vingt ans plus tard, sous la forme de lésions précancéreuses puis d’un cancer.
Ce que disent les pays précurseurs
Pour mesurer l’impact d’une telle campagne, il suffit de regarder chez nos voisins ou à l’autre bout du monde. En Suède, où la vaccination est bien installée, on a observé une chute spectaculaire de 75 % des lésions précancéreuses du col de l’utérus chez les jeunes filles vaccinées avant 17 ans. L’Australie fait figure de modèle : l’infection par les HPV à haut risque y est passée de plus de 22 % à seulement 1,5 % chez les jeunes adultes en une décennie. Des chiffres qui parlent d’eux-mêmes.
En pratique, comment ça se passe au collège ?
Concrètement, la campagne française cible les élèves de 5ème, filles comme garçons. Le schéma est simple : deux injections espacées de six mois, directement au collège pour faciliter l’accès à tous. Bien sûr, rien ne se fait sans l’accord écrit des parents, qui reste obligatoire. L’objectif affiché pour la première année est d’atteindre 30 % de couverture vaccinale, un premier pas essentiel pour rattraper le retard français en la matière.
Protéger avant même le premier risque
Mais pourquoi vacciner si tôt, à 11 ou 12 ans ? La réponse est purement stratégique. Vacciner bien avant les premiers contacts sexuels, c’est garantir une protection maximale, à un âge où le système immunitaire est par ailleurs très réceptif. Il s’agit d’offrir à un adolescent une barrière de protection avant même qu’il ne soit exposé au virus. Une simple formalité administrative et deux piqûres pour écarter la menace de plusieurs cancers à l’âge adulte, qu’ils touchent le col de l’utérus, l’anus ou la sphère ORL.
Un vaccin jugé sûr par les autorités mondiales
Reste la question de la sécurité, souvent au cœur des hésitations des familles. Sur ce point, les données scientifiques sont massives. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) est unanime : avec plus de 300 millions de doses administrées dans le monde, aucun lien n’a jamais été établi entre ce vaccin et une augmentation de maladies auto-immunes. Les effets secondaires sont connus et généralement bénins, comme une douleur au point d’injection ou un léger état fiévreux passager.
Un pari sur la prévention
La France a donc une opportunité historique : celle de faire du cancer du col de l’utérus, et d’autres cancers liés aux HPV, une maladie rare. Le succès de cette campagne ne dépendra pas seulement de la logistique, mais aussi de la confiance et de l’adhésion des familles. C’est un pari sur la prévention, un investissement collectif pour la santé des générations futures.
Selon la source : passeportsante.net