C’est une statistique glaçante, presque une trahison de la promesse faite aux patients. Au Royaume-Uni, à peine un malade sur deux suspecté d’avoir un cancer obtient son diagnostic dans les 28 jours impartis par le National Health Service (NHS). Ce constat, révélé par le journal The Independent le 11 septembre 2025, met en lumière une crise silencieuse où chaque jour de retard pèse lourdement sur les chances de survie et la santé mentale de milliers de personnes.
Des objectifs sur le papier, une réalité qui dérape
Sur le papier, l’objectif était pourtant clair : 75 % des patients devaient avoir une réponse – diagnostic confirmé ou écarté – en moins d’un mois. Une cible ambitieuse, certes, mais vitale. Or, les chiffres dressent un tout autre tableau. En 2024, ce seuil n’a été atteint que pour 52,3 % des cas. Pire, c’est un recul inquiétant par rapport à 2021, où l’on parvenait encore à 57,3 %. Le système semble non seulement stagner, mais régresser.
Derrière les chiffres, l'angoisse des patients
Derrière ces pourcentages se cache une angoisse bien réelle. L’attente. Pour un tiers des patients, elle se prolonge au-delà de 62 jours avant même de pouvoir commencer un traitement. « Chaque jour d’attente peut sembler une éternité lorsque vous craignez d’avoir un cancer », résume avec justesse Michelle Mitchell, directrice de l’ONG Cancer Research UK. Une attente qui, pour les cancers les plus agressifs, n’est pas seulement anxiogène : c’est une perte de chance, tout simplement.
Une loterie macabre selon le type de cancer
Cette crise du diagnostic ne frappe pas uniformément. On observe une sorte de loterie tragique selon la nature de la tumeur. Si le cancer du testicule fait figure de bon élève, avec 83 % des diagnostics posés dans les temps, et que ceux de la peau ou du sein s’en sortent relativement mieux, le tableau s’assombrit brutalement pour d’autres. Les cancers urologiques – prostate, rein, vessie – sont les grands oubliés du système, avec à peine 29 % des urgences traitées dans les délais fixés.
John, 64 ans, un visage sur des milliers
L’histoire de John, 64 ans, est emblématique de ces milliers de destins suspendus. Orienté en urgence pour une suspicion de cancer de la prostate, il aura dû patienter 45 jours avant que le verdict ne tombe. Un délai loin d’être anodin : à ce stade, sa maladie avait progressé, l’obligeant à suivre un traitement beaucoup plus lourd et aux chances de succès plus incertaines. Son cas n’est malheureusement pas une exception, mais une illustration de la norme pour beaucoup.
Quelles solutions face au mur ?
Alors, que faire ? Face à l’urgence, les associations montent au créneau. Cancer Research UK milite pour un « cancer guarantee », un engagement à remonter la cible à 80 % de diagnostics rapides d’ici 2026. De son côté, le NHS assure ne pas rester les bras croisés, promettant des scanners mobiles et des tests à domicile. Un porte-parole, tout en reconnaissant les manquements, se défend en affirmant que « la survie des patients est à un niveau record ». Une manière de tempérer le bilan, sans pour autant rassurer ceux qui attendent.
le système à bout de souffle
Entre les objectifs affichés et la réalité du terrain, le fossé se creuse. Les nouvelles mesures suffiront-elles à inverser la tendance et à redonner confiance à un système de santé public visiblement sous pression ? Pour des milliers de Britanniques, la réponse à cette question est bien plus qu’une simple statistique : c’est une question de vie ou de mort.
Selon la source : passeportsante.net