Féminicide : une jeune femme de 25 ans tuée par son ex-compagnon malgré 6 plaintes déposées en un mois
Auteur: Adam David
Il aura suffi d’un mois. Un mois, et six plaintes déposées auprès de la police, pour qu’Inès Mecellem, 25 ans, soit poignardée à mort par son ex-compagnon. Malgré un « Téléphone grave danger » censé la protéger, le drame s’est produit, soulevant une question insupportable pour ses proches : comment une telle tragédie a-t-elle pu se produire, alors que tout le monde semblait savoir ?
Un lundi soir ordinaire qui bascule dans l'horreur
Son nom était Inès Mecellem. Lundi 8 septembre 2025, cette travailleuse sociale dévouée rentrait d’une journée à l’École de la 2e chance de Poitiers. Mais son ex-compagnon, un homme d’une quarantaine d’années, l’attendait devant chez elle. Sa vie s’est brutalement arrêtée sur le pas de sa porte, sous la violence de plusieurs coups de couteau. Arrivés sur place, les secours n’ont rien pu faire.
Ce féminicide n’est pas une fatalité. Loin de là. C’est l’aboutissement d’un harcèlement incessant que la jeune femme subissait depuis leur rupture, quelques mois plus tôt.
Un calvaire documenté, des alertes ignorées
Filatures, menaces de mort, agressions, biens détruits… Le calvaire d’Inès était connu et documenté. Entre le 10 juillet et le 28 août, elle s’est rendue six fois au commissariat pour porter plainte. Six fois. La police et la justice avaient donc entre les mains un dossier solide, des preuves tangibles du danger qu’elle courait. Pourtant, après deux interpellations, son agresseur a été systématiquement remis en liberté.
« Ils avaient tout pour l’arrêter », martèle aujourd’hui son frère Yacine, entre colère et incompréhension. Une phrase terrible qui résume le sentiment d’abandon de toute une famille.
Le "téléphone grave danger", une protection illusoire ?
Pour la protéger, on avait fourni à Inès un « Téléphone grave danger ». Ce dispositif, réservé aux cas les plus critiques, doit permettre une intervention immédiate. Mais face à la soudaineté de l’attaque, il n’a servi à rien. Pire, il a peut-être entretenu une illusion de sécurité.
L’anecdote la plus glaçante s’est déroulée 48 heures avant le meurtre. Apeurée de croiser son ex dans la rue, Inès s’était réfugiée dans un magasin et avait appelé la police. L’homme fut interpellé, puis relâché dans l’heure. Moins de soixante minutes plus tard, Inès le croisait à nouveau. La machine judiciaire semblait tourner à vide.
« Maintenant qu'il est trop tard, ils le cherchent »
La colère de la famille est immense, à la hauteur du drame. « Ils l’ont arrêté deux fois, et à chaque fois ils l’ont relâché. Maintenant qu’il est trop tard, ils le cherchent », confie sa mère, Angélique Robert. Ses mots traduisent le sentiment insupportable que le pire aurait pu, et dû, être évité.
Face à ce qu’ils qualifient de « manquement grave », les proches d’Inès Mecellem ont décidé de ne pas en rester là. Ils ont porté plainte contre la police, et l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) a été saisie. Une manière de demander des comptes, même si aucune enquête ne pourra leur rendre leur fille.
au-delà du cas d'inès, un échec collectif
L’histoire d’Inès Mecellem n’est malheureusement pas un cas isolé. Elle vient s’ajouter à la trop longue liste des féminicides qui endeuillent la France chaque année, et qui exposent les failles d’un système. Les Grenelle contre les violences conjugales se succèdent, les annonces politiques aussi, mais sur le terrain, la réalité semble parfois immuable.
Le meurtre de Poitiers illustre tragiquement ce décalage. Derrière les statistiques et les procédures, il y a des vies qui ne tiennent qu’à une décision, à une évaluation du danger. Dans le cas d’Inès, la chaîne de protection s’est rompue. C’est aujourd’hui tout un système qui semble être sur le banc des accusés.
Selon la source : aufeminin.com