Des ingénieurs néerlandais déploient un engin de 2,2 km pour nettoyer le continent de plastique
Auteur: Simon Kabbaj
C’est l’un des plus grands défis écologiques de notre temps : comment nettoyer l’océan de ces immenses plaques de déchets plastiques qui flottent à la dérive ? Un projet ambitieux, baptisé ‘The Ocean Cleanup’, s’y attaque depuis des années. Après des débuts difficiles et de nombreuses critiques, leurs ingénieurs néerlandais viennent de déployer leur dernière invention : un système de nettoyage géant, long de plus de deux kilomètres, qui semble enfin tenir ses promesses. Une lueur d’espoir dans la lutte contre la pollution plastique.
Des débuts difficiles à la dernière version ultra-performante
Le chemin a été long. Les premiers prototypes de The Ocean Cleanup, lancés en 2019, ont connu de nombreux problèmes. Mais l’équipe n’a jamais baissé les bras. Après plusieurs versions améliorées, ils ont mis au point leur dernier modèle, le System 03. Et là, on change de dimension. Alors que la version précédente mesurait 800 mètres de long, le System 03 peut s’étendre sur 2,2 kilomètres ! Selon l’équipe, ce nouveau système peut nettoyer une surface équivalente à un terrain de football toutes les cinq secondes.
Comment ça marche, ce grand filet ?
Le principe est assez simple. Deux gros bateaux tirent une immense barrière flottante. Cette barrière, qui forme un grand ‘U’, ne racle pas les fonds marins. Elle guide simplement les déchets qui flottent à la surface vers une grande zone de rétention, une sorte de poche géante. Régulièrement, un troisième bateau vient vider cette poche, un peu comme on viderait le sac d’un aspirateur. C’est un grand coup de filet à l’échelle de l’océan.
Protéger la vie marine, une priorité
L’une des grandes critiques faites au projet était le risque pour la vie marine. Pour y répondre, les ingénieurs ont apporté des améliorations importantes. Ils ont agrandi la taille des mailles du filet de la zone de rétention pour permettre aux poissons et autres créatures marines de s’échapper. Ils ont aussi mis en place des protocoles pour éviter les zones riches en vie marine, des lumières stroboscopiques pour effrayer les animaux, et la présence d’observateurs à bord pour surveiller les espèces protégées.
L'intelligence artificielle à la rescousse
Pour être encore plus efficaces, ils ont ajouté une nouvelle arme à leur arsenal : l’intelligence artificielle (IA). En partenariat avec Amazon Web Services, ils ont développé un système qui analyse en permanence des données satellites, aériennes et marines pour repérer les ‘points chauds’, les zones où les déchets plastiques sont les plus concentrés. Les bateaux sont alors dirigés directement vers ces zones, ce qui évite de ‘pêcher’ dans le vide et optimise considérablement le nettoyage.
S'attaquer au problème à la source : les rivières
Mais nettoyer l’océan, c’est bien, mais si on ne ferme pas le robinet, c’est un travail sans fin. L’équipe de The Ocean Cleanup l’a bien compris. Selon leurs recherches, environ 1 000 rivières dans le monde sont responsables de 80 % de la pollution plastique des océans. Ils ont donc développé un autre système, appelé ‘Interceptor‘, pour attraper les déchets dans les rivières, avant même qu’ils n’atteignent la mer. Une vingtaine de ces intercepteurs sont déjà en place dans neuf pays.
Des résultats déjà impressionnants
Et les résultats sont là. Au Guatemala, une de leurs barrières a réussi l’exploit de retenir 1,4 million de kilos de déchets en une seule nuit après une inondation. Au total, en juin dernier, l’organisation a annoncé avoir retiré plus de 29 millions de kilos de déchets des rivières et des océans. Un chiffre impressionnant qui montre que leur technologie, après des débuts difficiles, est maintenant très efficace.
Conclusion : une solution controversée, mais une lueur d'espoir
Selon la source : nationalgeographic.com