Une flottille internationale partie de Tunisie navigue en direction de Gaza, toujours assiégée
Auteur: Adam David
Elles ont finalement largué les amarres. Après des jours d’attente et de multiples reports, la flottille internationale pour Gaza a quitté la Tunisie ce lundi, avec un objectif clair : tenter de briser le blocus israélien qui étrangle l’enclave palestinienne. À bord, des militants, des personnalités, et une question en suspens : parviendront-ils à destination ?
"Quand les gouvernements échouent, c'est à nous d'agir"
Le message se veut avant tout symbolique. Une manière de dire au monde de ne pas détourner le regard. Juste avant d’embarquer depuis le port de Bizerte, la militante écologiste suédoise Greta Thunberg a résumé l’état d’esprit général : « Nous essayons d’envoyer un message à la population de Gaza, de lui dire que le monde ne l’a pas oubliée ». Avant de conclure, lapidaire : « Lorsque nos gouvernements ne prennent pas leurs responsabilités, nous n’avons pas d’autre choix que de prendre les choses en main ».
Une prise de parole qui sonne comme un manifeste pour cette initiative citoyenne, née face à ce que ses participants considèrent comme une inaction politique coupable.
Une flottille sous haute tension
Mais ce départ ne s’est pas fait sans heurts. L’escale tunisienne a été marquée par une tension palpable, qui a culminé la semaine dernière. Selon les organisateurs de la « Global Sumud Flotilla », deux de leurs bateaux, alors ancrés près de Tunis, auraient été la cible d’attaques de drones, deux nuits de suite. Des vidéos ont été publiées pour étayer ces accusations.
Une affaire prise très au sérieux par les autorités locales. Tunis a dénoncé « une agression préméditée » et a immédiatement ouvert une enquête pour faire la lumière sur ces incidents pour le moins troublants.
La peur au ventre, mais une détermination intacte
Cette menace, les participants l’ont bien en tête. « On redoute bien entendu de nouvelles attaques », confie l’eurodéputée franco-palestinienne Rima Hassan, qui avait déjà été détenue lors d’une précédente tentative. « On se prépare aux différents scénarios », ajoute-t-elle.
Pour parer à toute éventualité, une décision stratégique a été prise : répartir les visages les plus connus, comme l’actrice française Adèle Haenel, sur plusieurs navires. L’idée est simple : éviter de concentrer toutes les personnalités médiatiques sur une seule et même embarcation, qui pourrait devenir une cible privilégiée.
Un convoi hétéroclite venu de toute la méditerranée
Car cette flottille est en réalité un convoi hétéroclite, dont les différentes branches ont convergé vers la Tunisie. La vingtaine de bateaux qui ont quitté Bizerte étaient pour beaucoup arrivés de Barcelone. Baptisée « Global Sumud Flotilla » – « sumud » signifiant « résilience » en arabe –, elle rassemble aussi des embarcations parties ces derniers jours de Corse, de Grèce ou encore de Sicile.
C’est d’ailleurs depuis Catane, en Sicile, qu’une délégation suisse forte d’une quarantaine de personnes a levé l’ancre la semaine dernière. Le calendrier initial, qui visait une arrivée à Gaza mi-septembre, a été bousculé par la météo, des retards logistiques et, surtout, les impératifs de sécurité.
le plus dur reste à faire
La vingtaine de bateaux a désormais mis le cap à l’est. Leur voyage ne fait que commencer. Le véritable obstacle n’est ni la météo, ni la logistique, mais bien la réaction de la marine israélienne, qui a par le passé intercepté de force toutes les tentatives similaires d’atteindre l’enclave palestinienne par la mer.
La « résilience » affichée par le nom de la flottille sera, sans aucun doute, mise à rude épreuve dans les jours à venir. Le monde, lui, retient son souffle.
Selon la source : rts.ch