Le côté sombre de la méditation et de la pleine conscience dont on parle rarement
Auteur: Simon Kabbaj
La méditation de pleine conscience. On en entend parler partout. C’est gratuit, on peut la pratiquer chez soi, et on nous la présente comme le remède parfait contre le stress et les problèmes de santé mentale. L’idée est simple : se concentrer sur le moment présent, sur ce que l’on ressent, sans jugement. Mais derrière cette image idyllique se cache une réalité plus complexe et parfois plus sombre. De plus en plus de recherches scientifiques montrent que la méditation peut avoir des effets secondaires négatifs, parfois graves, un aspect que l’industrie du bien-être, qui pèse des milliards, a tendance à passer sous silence.
Des avertissements qui datent de plus de 1500 ans
Ce n’est pas une découverte nouvelle. Les premiers textes qui parlent de la méditation, écrits par des bouddhistes en Inde il y a plus de 1500 ans, mettaient déjà en garde contre ses dangers. Ces textes décrivent des symptômes de dépression et d’anxiété qui peuvent survenir après la méditation. Ils parlent aussi de problèmes plus graves comme des épisodes de psychose ou de ‘dépersonnalisation’ (le sentiment que le monde n’est pas réel).
Ce que dit la science moderne : des effets indésirables pas si rares
Depuis quelques années, la science s’est sérieusement penchée sur le sujet. Et les résultats sont clairs : les effets secondaires ne sont pas rares. Une étude de 2022, menée sur près de 1000 personnes qui méditaient régulièrement, a montré que plus de 10 % d’entre elles ont connu des effets négatifs qui ont eu un impact important sur leur vie quotidienne pendant au moins un mois. Une autre grande analyse de 40 ans de recherche a révélé que les effets indésirables les plus courants sont l’anxiété et la dépression, suivis de symptômes psychotiques et de crises de panique.
Le 'McMindfulness' : quand le bien-être devient un business
Le problème, c’est que les coachs, les applications et les livres de pleine conscience parlent très rarement de ces risques. Pour le professeur Ronald Purser, la méditation est devenue une sorte de ‘spiritualité capitaliste’, qu’il appelle le ‘McMindfulness‘. Rien qu’aux États-Unis, le marché de la méditation pèse plus de 2 milliards de dollars. Et les grandes figures de ce mouvement sont bien conscientes du problème. Jon Kabat-Zinn, l’un des ‘papes’ de la pleine conscience, a lui-même admis dans une interview que ’90 % de la recherche [sur les bienfaits] est de mauvaise qualité’.
Une étude sur des milliers d'enfants aux résultats décevants
L’un des exemples les plus frappants est une immense étude menée au Royaume-Uni entre 2016 et 2018 sur plus de 8 000 enfants. C’est l’étude la plus chère jamais réalisée sur le sujet. Et les résultats, dont on a très peu parlé dans les médias, ont été très décevants. Non seulement la méditation n’a pas amélioré le bien-être mental des enfants par rapport à un groupe témoin, mais elle aurait même pu avoir des effets négatifs sur ceux qui étaient déjà fragiles psychologiquement.
Le déni des professeurs de méditation
Le témoignage le plus courant des personnes qui ont souffert d’effets secondaires est le suivant : leur professeur ne les a pas crus. ‘La plupart du temps, on leur dit de continuer à méditer et que ça va passer’, explique Miguel Farias, l’auteur de l’article et professeur en psychologie. Beaucoup d’instructeurs, de bonne foi, croient que la méditation ne peut faire que du bien et ignorent tout simplement les risques potentiels.
Conclusion : une pratique à aborder avec prudence
Selon la source : sciencealert.com