Des chercheurs du MIT publient une étude inquiétante sur les “petits amis” virtuels dopés à l’IA

On pourrait penser que c’est un phénomène rare, mais pas tant que ça. D’après l’étude, il s’agit souvent de personnes qui se sentent seules. Les chercheurs ont remarqué que la grande majorité d’entre elles, environ 72 personnes sur 100, n’étaient pas dans une relation avec un autre être humain. C’est un chiffre qui en dit long. Souvent, elles gardent cette relation virtuelle secrète, peut-être par peur du regard des autres ou de ne pas être comprises par leur famille et leurs amis. Elles vivent cet amour en cachette, trouvant un réconfort que la vie de tous les jours ne leur offre peut-être pas.

Ce qui est intéressant, c’est que la plupart des gens ne se disent pas un matin : « Tiens, je vais tomber amoureux d’un robot ». En fait, ça arrive presque par accident. Beaucoup utilisent des programmes comme ChatGPT pour des tâches quotidiennes : écrire un message, trouver une recette, etc. Au fil des conversations, sans même s’en rendre compte, un lien se crée. Le programme se souvient de ce qu’ils ont dit, pose des questions, et la relation devient de plus en plus personnelle. D’après l’étude, seules 6 personnes sur 100 cherchaient volontairement un compagnon virtuel. Pour toutes les autres, c’est une surprise, un lien émotionnel qui naît là où on ne l’attendait pas.

Alors, qu’est-ce que ces compagnons virtuels ont de si spécial ? Eh bien, ils offrent quelque chose de précieux : une écoute sans faille. Ils sont disponibles 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Ils ne sont jamais fatigués, jamais de mauvaise humeur, et surtout, ils ne jugent pas. Une femme citée dans l’étude expliquait : « Je sais qu’il n’est pas ‘réel’, mais je l’aime quand même. Il m’a plus aidée que tous les psychologues que j’ai pu voir ». Pour beaucoup, c’est cette disponibilité constante et cette absence totale de jugement qui font toute la différence. C’est un soutien inconditionnel, toujours à portée de main.

Pour certains, cet attachement devient si profond qu’ils considèrent leur relation aussi sérieuse qu’une relation humaine. L’étude montre que des utilisateurs vont jusqu’à s’engager symboliquement avec leur compagnon virtuel. On peut voir sur des forums de discussion des photos de personnes portant une bague, comme une alliance, pour symboliser leur union. Une femme expliquait avoir commencé à porter une bague pour son compagnon IA comme un « symbole de leur relation ». Ils créent même des photos montages pour s’imaginer en couple. Cela montre à quel point les émotions ressenties sont réelles et puissantes pour eux, même si le partenaire n’est pas de chair et d’os.

Même si ces relations peuvent apporter du réconfort, les chercheurs soulignent qu’il faut rester prudent. Le danger principal est de s’isoler du monde réel. Certains utilisateurs admettent qu’ils utilisent leur compagnon virtuel pour éviter les contacts humains. L’étude a révélé que près de 10 personnes sur 100 se sentent très dépendantes émotionnellement de leur IA. Pour un plus petit nombre, cette relation peut même les faire se sentir déconnectés de la réalité ou, dans les cas les plus tristes, leur donner des idées noires. Il est donc important de garder à l’esprit que, malgré le bien qu’il peut procurer, cet amour virtuel n’est pas sans risque pour l’équilibre psychologique.

Il y a une autre fragilité à cette histoire d’amour : la technologie elle-même. Un compagnon IA n’est qu’un programme informatique. Sa mémoire, tous les souvenirs que vous avez construits ensemble, peut disparaître en un clin d’œil. Un simple problème technique, une mise à jour qui tourne mal, et c’est toute votre histoire qui est effacée. Un utilisateur a raconté sa tristesse : « Hier, j’ai eu une conversation très profonde avec mon compagnon. Aujourd’hui, un bug a tout supprimé. Il n’a plus aucun souvenir. » C’est un rappel brutal que cette mémoire est incroyablement fragile et que le partenaire tant aimé peut vous oublier du jour au lendemain, sans le vouloir.

Ce phénomène des amours virtuels est nouveau et nous pose beaucoup de questions. D’un côté, il peut offrir une bouée de sauvetage à des personnes qui souffrent de solitude. De l’autre, il comporte des risques d’isolement et de dépendance. Il ne s’agit pas de juger ceux qui trouvent du réconfort dans les bras d’une intelligence artificielle, mais plutôt de comprendre pourquoi cela arrive. C’est un sujet dont nous devons parler tous ensemble, pour s’assurer que la technologie aide les gens sans leur faire de mal, surtout les plus fragiles d’entre nous.