La plus vaste mer intérieure de la planète se réduit rapidement à cause du changement climatique
Auteur: Mathieu Gagnon
Vous connaissez sans doute la mer Caspienne, au moins de nom. C’est la plus grande étendue d’eau fermée du monde, une sorte de lac si gigantesque qu’on l’appelle une mer. Mais aujourd’hui, cette mer est en grand danger. Elle rétrécit à une vitesse alarmante, et c’est un véritable drame qui se joue en silence, aux confins de l’Europe et de l’Asie.
Ce n’est pas juste une histoire d’eau qui disparaît. C’est l’histoire de millions de personnes dont la vie est bouleversée, d’animaux uniques qui perdent leur maison, et de tensions qui montent entre les pays qui se partagent ses rives. Et la cause principale de tout ça, c’est le changement climatique qui réchauffe notre planète.
Un paradis perdu pour la faune et les habitants
Imaginez un endroit plein de vie : des flamants roses, des esturgeons (ces poissons qui nous donnent le caviar) et des milliers de phoques, uniques au monde. C’était ça, la mer Caspienne. Mais aujourd’hui, le paysage change du tout au tout. Les côtes reculent, parfois de plus de 50 kilomètres ! Ce qui était des zones humides grouillantes de vie devient un désert de sable et de sel.
Les ports de pêche se retrouvent soudainement à des kilomètres de l’eau, complètement inutiles. Les gens qui y vivent depuis des générations voient la mer s’éloigner un peu plus chaque année, et se demandent de quoi demain sera fait. C’est une expérience vraiment déroutante et angoissante pour toutes les communautés côtières.
Le coupable : un climat qui se réchauffe trop vite
Alors, pourquoi cette mer disparaît-elle ? Le niveau de la Caspienne a toujours un peu varié, c’est vrai. Mais ce qui se passe depuis une vingtaine d’années est complètement différent, et bien plus grave. La raison est simple, en fait. C’est comme une baignoire : il y a l’eau qui arrive par le robinet (les fleuves) et l’eau qui s’en va par évaporation (le soleil qui chauffe).
Avec le réchauffement de la planète, il fait de plus en plus chaud. Du coup, l’évaporation est beaucoup plus forte qu’avant, et elle est devenue plus importante que la quantité d’eau apportée par les fleuves. La mer perd donc plus d’eau qu’elle n’en reçoit. C’est mathématique, elle baisse. Et ça s’accélère.
Des chiffres qui donnent le vertige
Pour bien comprendre l’ampleur du problème, regardons les chiffres. Depuis les années 2000, le niveau de l’eau a baissé d’environ 6 centimètres par an. Mais depuis 2020, c’est encore pire, avec des baisses allant jusqu’à 30 centimètres par an ! C’est énorme.
Les scientifiques ont fait des calculs pour l’avenir, et ça fait froid dans le dos. Même si on arrive à limiter le réchauffement climatique, la mer pourrait baisser de près de dix mètres. Et si on ne fait rien, la baisse pourrait atteindre 18 mètres, soit la hauteur d’un immeuble de six étages ! Dans le nord de la mer, qui est très peu profond, cela signifierait l’assèchement d’une surface plus grande que le Portugal. On a du mal à se l’imaginer.
Les conséquences : un désastre pour la nature et pour l'homme
Une telle baisse aurait des conséquences terribles. Pour la nature, ce serait une catastrophe. Des écosystèmes entiers disparaîtraient. Le fameux phoque de la Caspienne pourrait perdre plus de 80% de ses lieux de reproduction. Les esturgeons n’auraient plus accès aux zones où ils pondent leurs œufs.
Pour les humains, les problèmes seraient aussi immenses. Le fond marin asséché libérerait des poussières toxiques dans l’air, dangereuses pour la santé, comme on l’a déjà vu avec la mer d’Aral. De plus, la mer Caspienne est une route commerciale importante entre l’Asie et l’Europe. Avec moins d’eau, les bateaux ne peuvent plus être chargés autant, et les ports doivent être creusés en permanence pour rester accessibles, ce qui coûte des fortunes. Des milliards de dollars ont déjà été dépensés.
Une course contre la montre pour les pays de la région
Face à cette crise, les cinq pays qui bordent la mer (Russie, Kazakhstan, Iran, Azerbaïdjan, Turkménistan) savent qu’ils doivent faire quelque chose. Ils commencent à discuter, à signer des accords. Mais mettre d’accord cinq pays avec des intérêts parfois différents, ce n’est jamais simple, et ça prend du temps.
Le problème, c’est que le temps presse. Pendant qu’ils discutent, la mer continue de baisser. Ils doivent faire des choix difficiles. Par exemple, creuser un nouveau canal pour les bateaux risque de détruire l’un des derniers refuges pour les phoques. Il y a un vrai risque que le déclin de la mer aille plus vite que la coopération politique. C’est une véritable course contre la montre qui est engagée.
Conclusion : un avertissement pour le monde entier
L’histoire tragique de la mer Caspienne n’est pas qu’un problème local. C’est un avertissement puissant pour le monde entier. Elle nous montre de manière très concrète ce que le changement climatique peut faire à notre planète. D’autres grands lacs dans le monde, comme le lac Titicaca en Amérique du Sud ou le lac Tchad en Afrique, connaissent des problèmes similaires.
Le sort de la mer Caspienne est un test. Il nous montre l’urgence d’agir tous ensemble contre le réchauffement climatique. La vraie question, c’est celle-là : les gouvernements et les peuples arriveront-ils à agir assez vite pour protéger ces trésors de la nature et les populations qui en dépendent ? L’avenir nous le dira, mais il ne faut plus attendre.
Selon la source : theconversation.com