Il est magnifique. Avec son plumage d’un bleu et d’un vert subtilement mélangés, cet oiseau a de quoi fasciner les amateurs de nature. Surnommé le ‘grue jay’, c’est le fruit d’un croisement rarissime entre deux espèces de geais que tout semblait séparer. Une merveille, oui, mais une merveille qui est aussi un très mauvais signe. Car sa simple existence est probablement la conséquence directe du changement climatique, un signal d’alarme visible et bien vivant que nous envoie la nature.
Un croisement 'impossible' devenu réalité
Cet oiseau est le fruit de l’union entre un geai bleu et un geai vert. Ces deux espèces d’oiseaux sont cousines, mais des cousines très éloignées. Leur dernier ancêtre commun remonte à 7 millions d’années ! Normalement, elles n’auraient jamais dû se rencontrer. Le geai bleu est un oiseau des climats tempérés de l’est des États-Unis, tandis que le geai vert est un oiseau tropical que l’on trouve en Amérique centrale.
La cause de la rencontre : le changement climatique
Alors, comment cette rencontre improbable a-t-elle pu se produire ? La réponse, selon les biologistes de l’Université du Texas qui ont publié leur découverte dans la revue *Ecology and Evolution*, c’est le réchauffement de la planète. Avec la hausse des températures, les geais verts, qui aiment la chaleur, ont commencé à migrer de plus en plus vers le nord. En parallèle, les geais bleus ont, eux aussi, déplacé leur territoire vers l’ouest. Et leurs chemins ont fini par se croiser, près de San Antonio, au Texas.
Une 'première' pour un vertébré
Ce qui rend cette découverte si importante, c’est que c’est peut-être le premier cas connu d’hybridation chez un oiseau, ou même chez n’importe quel vertébré, qui soit le résultat direct du changement climatique. ‘Nous pensons que c’est le premier vertébré observé qui s’est hybridé parce que les deux espèces ont étendu leur territoire en raison, au moins en partie, du changement climatique’, a expliqué Brian Stokes, l’auteur principal de l’étude.
La découverte, un pur coup de chance
Cette découverte doit beaucoup au hasard. Au printemps 2023, Brian Stokes est tombé sur une photo ‘un peu floue’ d’un oiseau étrange, postée par un simple amateur d’oiseaux. Intrigué, il a contacté la personne, a réussi à capturer l’oiseau, a prélevé un échantillon de sang pour des analyses génétiques, l’a bagué et l’a relâché. ‘Si l’oiseau s’était posé deux maisons plus loin, il n’aurait probablement jamais été signalé nulle part’, a-t-il avoué.
La preuve par l'ADN
De retour au laboratoire, les analyses génétiques ont confirmé ce que les scientifiques soupçonnaient. L’oiseau était bien un hybride mâle, né d’une mère geai vert et d’un père geai bleu. Il avait au moins deux ans, ce qui signifie qu’il avait réussi à survivre pendant toute une année sans que personne ne le remarque.
Un phénomène qui pourrait se généraliser
Jusqu’à présent, les hybrides connus comme le ‘grolar’ (croisement entre un ours polaire et un grizzly) ou le ‘coywolf’ (coyote et loup) étaient surtout le résultat d’une influence humaine directe (introduction d’espèces…). Le ‘grue jay’ est différent. Son existence est le fruit d’un changement environnemental plus large. Et les scientifiques préviennent : avec l’accélération du changement climatique, nous pourrions voir de plus en plus de ces unions improbables dans la nature.
Conclusion : un messager à plumes
Selon la source : gizmodo.com