Vie sur Mars : une nouvelle découverte intrigue les chercheurs, « c’est peut-être ce qui nous rapproche le plus de la preuve d’une vie ancienne »
Auteur: Adam David
C’est une découverte qui fait frémir toute la communauté scientifique. Un simple échantillon de roche martienne, prélevé par le rover Perseverance, contient ce que la NASA qualifie de « signe le plus clair à ce jour » d’une possible vie passée. De là à crier victoire, il y a un pas que personne n’ose encore franchir.
Le doute, moteur de la science
Car si l’annonce est « passionnante », elle est immédiatement tempérée par la prudence des pairs. Des experts comme Janice Bishop de l’institut SETI le rappellent : des processus purement géologiques, sans aucune intervention du vivant, pourraient tout à fait expliquer ces signatures chimiques. C’est tout le paradoxe de cette quête : la nature sait parfois imiter la vie à la perfection.
Pour Nicky Fox, cheffe de la mission scientifique de la NASA, on n’a jamais été aussi près du but, mais la prudence reste de mise. Cette analyse, dit-elle, « n’est certainement pas la réponse finale », mais elle nous place « au plus près de la découverte d’une vie ancienne sur Mars ».
Dans les entrailles de la roche rouge
Tout se joue dans une carotte de roche prélevée l’été dernier dans un ancien lit de rivière, Neretva Vallis, au cœur du cratère de Jezero. Cette roche sédimentaire, issue de la formation ‘Bright Angel’, n’a pas été choisie au hasard. À l’intérieur, les instruments de Perseverance ont détecté non seulement du carbone organique, brique élémentaire du vivant, mais aussi un cocktail de phosphate de fer et de sulfure de fer.
Sur notre planète, une telle composition chimique est souvent le vestige laissé par des micro-organismes après leur décomposition. Un indice troublant, mais qui demande une confirmation absolue.
La parole au chercheur principal
C’est bien ce qui fait de cet échantillon le « candidat le plus convaincant à ce jour », selon Joel Hurowitz, le chercheur principal de l’université de Stony Brook. Pour autant, il se garde bien de tout triomphalisme. « L’une des explications possibles est la vie microbienne, mais il pourrait y avoir d’autres moyens de créer cet ensemble de caractéristiques », a-t-il confié à l’Associated Press.
Il ajoute, avec une lucidité un peu désabusée, que même si la piste biologique s’avérait fausse, ce serait « une leçon précieuse sur toutes les façons dont la nature peut conspirer pour nous tromper ». Un rappel que la science avance aussi par ses impasses.
Un retour sur Terre qui se fait attendre
Le problème, c’est que pour en avoir le cœur net, il faudrait analyser ces roches dans les laboratoires suréquipés de la Terre. Le rover Perseverance, aussi sophistiqué soit-il, ne peut pas détecter la vie directement. Or, la mission de retour d’échantillons, projet pharaonique, est dans l’impasse.
Initialement prévue pour le début des années 2030, elle est désormais repoussée aux années 2040, tandis que son coût a explosé pour atteindre les 11 milliards de dollars. Un casse-tête pour la NASA, qui cherche activement des solutions moins chères et plus rapides.
Quel avenir pour les échantillons martiens ?
Alors, que faire ? Sean Duffy, administrateur par intérim de l’agence spatiale, a été clair : « toutes les options sont sur la table ». Cela pourrait signifier l’envoi d’instruments encore plus sophistiqués pour analyser les roches directement sur Mars, contournant ainsi le coûteux voyage retour.
En attendant, une dizaine de tubes en titane, précieuses capsules temporelles, ont été déposés sur le sol ocre de la planète rouge. Une sorte de plan B, ou de bouteille à la mer, qui attend patiemment qu’une mission, humaine ou robotique, vienne un jour la récupérer pour, peut-être, réécrire l’histoire de la vie dans notre système solaire.
Selon la source : fr.euronews.com