Electrification en question : pourquoi le changement de cap de Porsche sur les modèles électriques pourrait coûter très cher à Volkswagen
Auteur: Adam David
C’est un coup de frein qui résonne bien au-delà de Stuttgart. En officialisant la mise en pause de plusieurs de ses projets électriques, Porsche ne fait pas qu’ajuster sa stratégie ; le constructeur de luxe envoie une onde de choc qui pourrait coûter des milliards à sa maison-mère, Volkswagen. Un revirement qui en dit long sur les turbulences actuelles du marché automobile.
Le thermique joue les prolongations
La nouvelle n’est pas tombée du ciel, mais son officialisation change la donne. Face à une clientèle pas encore totalement convertie à l’électrique, Porsche a décidé de prolonger la carrière de deux de ses piliers : le Cayenne et la Panamera conserveront leurs moteurs thermiques bien plus longtemps que prévu. En parallèle, un tout nouveau SUV électrique est bien en préparation, mais il ne remplacera pas immédiatement son homologue à essence. Les deux cohabiteront.
Le revirement surprise du futur grand SUV
Mais la véritable surprise, celle qui a fait sourciller les observateurs, concerne un projet phare : le futur grand SUV, positionné au-dessus du Cayenne. Pensé comme un porte-étendard 100 % électrique, il arrivera finalement sur le marché avec des motorisations thermiques et hybrides rechargeables. Un rétropédalage majeur, justifié par « les conditions du marché », qui illustre la prudence, voire la fébrilité, qui s’est emparée du constructeur.
Des projets emblématiques dans le flou
Dans ce grand remaniement, d’autres projets se retrouvent dans l’incertitude. Quid des versions électriques des mythiques 718 Boxster et Cayman, pourtant en développement avancé ? Pour l’instant, le silence radio est de mise. Ce coup d’arrêt touche aussi des partenaires stratégiques, comme la branche Cellforce, qui devait développer les batteries haute performance de demain pour la marque. L’ensemble de l’écosystème électrique de Porsche semble suspendu à ces nouvelles orientations.
Une addition qui donne le vertige
Derrière ces décisions stratégiques, la facture est salée. Très salée. On parle d’un impact potentiel de plus de 5 milliards d’euros pour l’ensemble du groupe Volkswagen. Pour Porsche, la chute est vertigineuse : la marge opérationnelle attendue pour 2025, initialement fixée entre 5 et 7 %, est brutalement ramenée à environ 2 %. À ce niveau, la prestigieuse firme de Stuttgart deviendrait temporairement moins rentable qu’une marque comme Skoda. Un véritable séisme financier.
L'homme de la situation face à un chemin « long et difficile »
Au cœur de la tempête, Oliver Blume, qui cumule les casquettes de patron de Porsche et du groupe Volkswagen, ne cache pas la difficulté de la tâche. « Le chemin sera long et difficile », a-t-il prévenu, reconnaissant que ces décisions exigeront « toute notre attention et nos efforts ». Ce chemin ressemble aussi à un pari : celui que l’Europe assouplira l’interdiction des moteurs thermiques prévue pour 2035. En attendant, sa double présidence continue de faire grincer des dents en interne, où l’on critique ses allers-retours incessants entre les deux sièges.
le brutal retour au réel
Loin d’un abandon pur et simple de l’électrique, la manœuvre de Porsche ressemble surtout à un brutal retour au principe de réalité. La transition énergétique, que l’on pensait linéaire et inéluctable, s’avère plus complexe, plus lente et surtout bien plus coûteuse que prévu, même pour les plus grands noms de l’industrie. Reste à voir si ce pas de côté stratégique sera une pause salutaire ou un retard que la concurrence ne manquera pas d’exploiter.
Selon la source : automobile-magazine.fr