Trump et RFK Jr. accusent le Tylenol de causer l’autisme, les experts ripostent
Auteur: Simon Kabbaj
La voilà, la fameuse ‘plus grande annonce médicale de l’histoire’ promise par Donald Trump. Comme prévu, le président américain et son ministre de la Santé, Robert F. Kennedy Jr., ont officiellement désigné un bouc émissaire pour expliquer l’augmentation des cas d’autisme : le paracétamol (connu sous le nom de Tylenol aux États-Unis), lorsqu’il est pris pendant la grossesse. Une annonce faite en grande pompe, mais qui est immédiatement accueillie par une levée de boucliers de la part de la communauté scientifique, qui dénonce une manipulation de la science à des fins politiques.
Les mots de Trump : 'Ce n'est pas bon'
Lors de la conférence de presse, Donald Trump a été très direct. ‘Le Tylenol, ce n’est pas bon. Je le dis, ce n’est pas bon’, a-t-il affirmé. Il a ensuite annoncé que les autorités sanitaires allaient prendre des mesures pour ajouter un avertissement sur les boîtes de médicaments et lancer une campagne de santé publique pour souligner ce lien supposé. Fait assez ironique, il a lui-même admis qu’il n’existait pas vraiment d’alternative plus sûre pour les femmes enceintes qui souffrent.
La réaction des scientifiques : 'Ils font une mauvaise lecture de la science'
La réaction des experts en autisme ne s’est pas fait attendre, et elle est cinglante. ‘Il n’y a rien de nouveau ici. Ils examinent la littérature existante, et ils le font mal’, a déclaré au site Gizmodo David Mandell, un chercheur spécialiste de l’autisme à l’Université de Pennsylvanie. Pour lui, comme pour beaucoup de ses collègues, l’administration Trump est en train de ‘choisir’ les études qui l’arrangent et d’ignorer toutes celles, bien plus nombreuses et plus solides, qui ne montrent aucun lien.
Pourquoi le Tylenol est une fausse piste
Les scientifiques rappellent qu’une très grande étude menée en Suède en 2024 sur des millions d’enfants a montré que le lien entre paracétamol et autisme était probablement une ‘association non causale’. En d’autres termes, ce n’est pas le médicament qui est en cause, mais probablement les raisons pour lesquelles les mères le prennent (fièvre, infections, etc.). De plus, la consommation de paracétamol par les femmes enceintes a plutôt eu tendance à baisser ces dernières années, alors que le nombre de diagnostics d’autisme a augmenté. C’est l’inverse de ce qu’on devrait observer si le médicament était le coupable.
Le traitement 'miracle' à l'acide folinique : 'On n'a même pas encore la charrue'
L’autre partie de l’annonce concerne un traitement ‘potentiel’ à base de leucovorine (une forme d’acide folinique). Il existe bien quelques petites études prometteuses sur le sujet, pour un sous-groupe très spécifique d’enfants autistes. Mais les scientifiques préviennent qu’on est encore très loin d’avoir des preuves solides. Interrogé sur le fait que l’administration mettait ‘la charrue avant les bœufs’ en promouvant ce traitement, le chercheur David Mandell a répondu : ‘On ne sait même pas encore s’il y a une charrue‘. C’est dire à quel point la science est encore au tout début sur ce sujet.
Et les vaccins, alors ?
Le rapport ne mentionne pas directement les vaccins, le cheval de bataille habituel de RFK Jr. Mais lors de la conférence de presse, il a été clair : il va continuer d’enquêter sur le lien supposé entre vaccins et autisme. Il a même utilisé un argument pour le moins surprenant, affirmant qu’il s’agissait de ‘croire toutes les femmes’, en faisant référence aux mères qui sont persuadées que les vaccins ont rendu leurs enfants autistes. Le paracétamol n’est donc peut-être que le premier bouc émissaire, avant que le ministre ne revienne à sa cible favorite.
Conclusion : une science au service de la politique
Selon la source : gizmodo.com