Se coucher tard pousse les jeunes à l’addiction au téléphone et fragilise leur santé mentale
Auteur: Mathieu Gagnon
On les voit souvent, la tête penchée sur leur petit écran lumineux, même tard dans la nuit. Nos enfants, nos petits-enfants… On se demande ce qu’ils font, et surtout, si c’est bien pour eux. Eh bien, une nouvelle étude vient de mettre des mots sur cette inquiétude que beaucoup d’entre nous ressentent. Elle nous explique que les jeunes qui veillent tard sont bien plus qu’un peu fatigués le lendemain. Il semblerait que cette habitude cache des soucis plus profonds, liés à une véritable dépendance au téléphone et à une certaine fragilité morale.
Une étude anglaise sonne l'alarme
Tout part d’une étude très sérieuse menée en Angleterre, dont les résultats ont été publiés le 12 septembre 2025. Des chercheurs se sont penchés sur le comportement de 407 jeunes adultes, âgés de 18 à 25 ans. L’objectif était simple : essayer de comprendre le lien entre leurs heures de coucher, l’utilisation de leur téléphone et leur bien-être général. Et ce qu’ils ont découvert, publié dans la revue scientifique PLOS One, est assez parlant. Il ne s’agit pas juste d’une impression, mais d’une tendance bien réelle qui touche ce qu’on appelle la « génération Z », c’est-à-dire les jeunes nés à peu près entre 1995 et 2009.
Les oiseaux de nuit plus accros à leur téléphone
Le constat principal de cette étude est sans appel. Les jeunes qui ont l’habitude de se coucher tard, les « noctambules », sont beaucoup plus nombreux à avoir une utilisation que les chercheurs qualifient d’« abusive » de leur téléphone. Qu’est-ce que ça veut dire ? Simplement qu’ils ont du mal à s’en passer, qu’ils y passent énormément de temps, surtout sur les réseaux sociaux comme Facebook ou TikTok.
En fait, le risque de développer une vraie dépendance est bien plus élevé chez eux que chez leurs camarades qui, eux, vont au lit plus tôt. C’est une différence très nette qui a été observée.
Quand le moral et le sommeil en pâtissent
Malheureusement, cette utilisation excessive du téléphone n’est pas sans conséquences. L’étude montre que ces mêmes jeunes qui veillent tard sont aussi plus susceptibles de rencontrer des problèmes de santé mentale. On parle ici de signes bien concrets : des symptômes de dépression, de l’anxiété, un fort sentiment de solitude et, bien sûr, un sommeil de mauvaise qualité. Une chose en entraînant une autre, le manque de sommeil et l’anxiété ne font qu’empirer les choses. C’est un vrai cocktail dangereux pour leur équilibre.
Un remède contre la solitude qui empoisonne
Mais alors, pourquoi font-ils ça ? Les chercheurs ont une hypothèse. Le soir, seuls dans leur chambre, ces jeunes ressentiraient un profond sentiment de solitude. Leur réflexe ? Se tourner vers leur téléphone. C’est à ce moment-là le seul lien social qui leur semble disponible. Faire défiler les photos et les vidéos sur les réseaux sociaux leur donne l’impression d’être connectés au monde, de combler un vide.
C’est ce que l’auteure de l’étude, Anna-Stiina Wallinheimo, appelle un « cercle vicieux ». Elle explique que ces jeunes « se tournent vers les smartphones pour faire face, mais malheureusement, ces outils peuvent aggraver la situation au lieu de l’améliorer ». C’est un peu le serpent qui se mord la queue. Au bout d’un moment, ils ne cherchent même plus à parler à quelqu’un, mais juste à « anesthésier » leur cerveau pour ne plus penser à cette solitude qui leur pèse.
Quelle solution pour sortir de l'engrenage ?
Face à ce constat un peu sombre, il y a quand même des pistes. Pour la professeure Wallinheimo, il faudrait encourager ces jeunes à voir ce temps du soir différemment. Plutôt que de s’abrutir devant un écran, ils pourraient en profiter pour réfléchir, pour se retrouver avec eux-mêmes, pour lire ou écrire, par exemple. L’idée, c’est de les aider à comprendre que le téléphone n’est pas la bonne béquille pour leur anxiété.
Il faudrait donc leur apprendre d’autres manières, plus saines, de gérer leur solitude et leurs angoisses. C’est un travail d’accompagnement qui est important, pour qu’ils ne restent pas prisonniers de leur écran.
Conclusion : restons attentifs et bienveillants
En résumé, cette étude nous rappelle une chose essentielle : derrière l’image d’un jeune rivé à son téléphone tard le soir, il y a souvent une souffrance cachée, un sentiment de solitude. Ce n’est pas un simple caprice, mais parfois le symptôme d’un mal-être plus profond. Notre rôle, en tant que parents ou grands-parents, n’est pas de juger, mais de comprendre et de garder le dialogue ouvert. Leur proposer d’autres activités, s’intéresser à ce qu’ils ressentent, c’est peut-être la première étape pour les aider à décrocher et, surtout, à se sentir moins seuls.
Selon la source : slate.fr