Bien-être Santé Science

L’exercice régulier « reprogramme » différemment les nerfs contrôlant le cœur à gauche et à droite, selon une étude

Auteur: Mathieu Gagnon

2025-09-24 11:24:32

Partagez :

Crédit: freepik

On nous le répète tout le temps : faire de l’exercice, c’est bon pour le cœur. On imagine tout de suite un muscle qui devient plus fort, plus endurant. C’est vrai, bien sûr. Mais une nouvelle étude vient de révéler quelque chose d’encore plus fascinant. L’exercice ne se contente pas de renforcer le muscle cardiaque, il agit aussi sur son « système électrique », c’est-à-dire les nerfs qui le commandent. Et le plus fou, c’est qu’il ne le fait pas de la même manière à gauche et à droite.

C’est une découverte qui pourrait, à terme, changer la façon dont on soigne certains problèmes cardiaques. Alors, plongeons un peu dans cette histoire pour comprendre ce qui se passe vraiment dans notre poitrine quand on bouge.

Une différence étonnante entre la gauche et la droite

Des chercheurs de l’Université de Bristol, en Angleterre, ont mené l’enquête. Ils ont découvert que l’entraînement physique régulier et modéré ne se contente pas de renforcer le cœur, il remodèle littéralement les nerfs qui le contrôlent. Pensez à ces nerfs comme à un interrupteur qui gère la vitesse de votre cœur.

Leur grande découverte, c’est que cet interrupteur n’est pas uniforme. L’exercice semble agir très différemment sur le côté droit et le côté gauche. C’est un peu comme si on avait deux circuits de commande distincts, et que le sport ajustait chacun d’eux de façon bien spécifique. C’est la toute première fois qu’on observe ce phénomène aussi clairement.

Les petits chefs d'orchestre du cœur

Pour bien comprendre, il faut savoir qu’on a tous, dans le haut de la poitrine, de petits centres de commande nerveux. Les scientifiques les appellent des « ganglions stellaires ». Un nom un peu compliqué pour dire que ce sont eux qui envoient au cœur l’ordre d’accélérer. Quand on a peur, quand on fait un effort… ce sont eux qui appuient sur l’accélérateur.

Le problème, c’est que parfois, ces centres de commande s’emballent et fonctionnent de manière trop active, ce qui peut provoquer des soucis comme des rythmes cardiaques irréguliers. L’étude a donc cherché à voir comment l’exercice physique influençait précisément ces petits chefs d’orchestre.

Ce que l'expérience nous a appris

Pour leur étude, les chercheurs ont utilisé des rats. Ils ont fait suivre à un groupe un programme d’entraînement modéré pendant 10 semaines. Ensuite, ils ont comparé leurs nerfs cardiaques à ceux de rats qui n’avaient pas fait d’exercice. Les résultats sont franchement surprenants.

Chez les rats entraînés, ils ont observé deux changements majeurs et opposés :

Du côté droit du corps, le nombre de neurones (les cellules nerveuses) avait presque quadruplé par rapport aux rats sédentaires.
Du côté gauche, au contraire, les neurones n’étaient pas plus nombreux, mais ils avaient presque doublé de volume.

En gros, l’exercice a rendu le circuit de droite plus dense, et celui de gauche plus costaud. Personne ne s’attendait vraiment à ça.

Vers des traitements cardiaques plus précis ?

Alors, à quoi ça peut bien nous servir de savoir tout ça ? Eh bien, cette distinction gauche-droite pourrait être la clé pour améliorer les traitements de plusieurs maladies. On pense notamment aux arythmies (rythmes cardiaques irréguliers), à certaines douleurs dans la poitrine (l’angine de poitrine) ou même au « syndrome du cœur brisé », une maladie cardiaque rare déclenchée par un stress intense.

Aujourd’hui, pour traiter ces problèmes, les médecins essaient parfois de « calmer » ces fameux centres nerveux. En sachant que l’exercice modifie différemment la gauche et la droite, les médecins pourraient un jour cibler leur traitement de manière beaucoup plus précise. Au lieu d’agir globalement, ils pourraient intervenir uniquement sur le côté qui en a vraiment besoin, rendant le traitement plus efficace et avec, on l’espère, moins d’effets secondaires.

Conclusion : une piste prometteuse, mais restons prudents

Alors, faut-il se précipiter à la salle de sport en pensant à nos nerfs cardiaques ? Oui et non. L’étude est très prometteuse, c’est certain. Elle ouvre une porte sur une meilleure compréhension du fonctionnement de notre cœur. Mais il faut rester prudent : ces recherches ont été menées sur des rats.

La prochaine étape, c’est de vérifier si ces changements se produisent aussi chez l’homme. Les chercheurs vont essayer de trouver des moyens de les observer sans avoir à ouvrir qui que ce soit, bien entendu. C’est donc le début d’une nouvelle piste passionnante. Une preuve de plus que bouger régulièrement, même modérément, est un des plus beaux cadeaux que l’on puisse faire à notre cœur… et à tout son système de commande !

Selon la source : medicalxpress.com