À San Rafael, au nord de San Francisco, la tranquillité habituelle des quartiers résidentiels a volé en éclats. La cause n’est ni un cambrioleur ni une querelle de voisinage, mais un écureuil d’une agressivité inouïe qui a déjà attaqué cinq personnes et en a envoyé deux à l’hôpital. Des affichettes placardées sur les poteaux donnent le ton, avec un message manuscrit qui sonne comme un avertissement : « CECI N’EST PAS UNE BLAGUE ».
La première attaque, soudaine et violente
Pour Joan Heblack, tout a basculé en quelques secondes lors d’une promenade qui n’avait rien d’inhabituel. L’animal a surgi de nulle part. « L’écureuil s’est accroché à ma jambe. Sa queue était en l’air. Je criais : ‘Enlevez-le de moi, enlevez-le de moi !’ », a-t-elle raconté, encore secouée, à la chaîne locale ABC7. Elle décrit une expérience « très effrayante », une attaque sans le moindre signe avant-coureur.
Malgré sa petite taille, le rongeur lui a infligé des blessures profondes, comme en témoignent les photos diffusées par les médias. Incapable de se défaire de son emprise, elle est restée sous le choc, tétanisée par la violence de l’assaut.
L'escalade : « il a failli me tuer »
Loin de s’arrêter là, l’animal a récidivé quelques jours plus tard, avec encore plus de fureur. Isabel Campoy marchait avec sa nièce, Carmen, quand elles sont devenues les nouvelles cibles. « C’est magnifique ici, et maintenant il nous suit… il a failli me tuer », a-t-elle confié, la voix tremblante. Elle se souvient de l’écureuil bondissant du sol pour tenter de sauter à son visage.
Dans un réflexe de défense, elle a levé le bras. « Mon bras a été complètement recouvert par l’écureuil », explique-t-elle. Quanda il a finalement lâché prise, la scène était macabre. « J’étais couverte de sang. J’ai couru aux urgences ». Sa nièce, Carmen, reste traumatisée par la vision du sang, une image qu’elle peine à effacer de sa mémoire.
La psychose s'installe dans le quartier
Ces agressions en série ont transformé le quotidien. La peur s’est immiscée dans les habitudes des habitants de Lucas Valley. Sortir son chien, aller chercher son courrier ou simplement se promener est devenu une source d’anxiété. On se surprend à scruter les branches, à sursauter au moindre bruit de feuilles.
La menace est d’autant plus déroutante qu’elle vient d’un animal habituellement perçu comme inoffensif, voire mignon. Cette rupture avec le réel alimente les conversations et une forme de paranoïa collective. Personne ne sait où et quand le petit mammifère frappera à nouveau.
L'hypothèse des experts : l'homme, premier responsable ?
Alors, comment expliquer un tel déchaînement de violence ? Les spécialistes de la faune locale, comme Vanessa Potter de l’association WildCare, écartent la piste de la rage, très rare chez les rongeurs. Pour elle, la cause la plus probable est bien plus ordinaire, et directement liée au comportement humain.
« S’ils associent les gens à de la nourriture, ils n’ont pas peur d’eux. Ils chercheront de la nourriture », détaille-t-elle. L’équation est tristement simple : un écureuil habitué à être nourri par des humains peut devenir frustré, voire agressif, s’il n’obtient pas ce qu’il attend. Une forme de territorialité exacerbée par une familiarité dangereuse.
un agresseur insaisissable et une méfiance durable
Le cas de San Rafael, aussi surprenant soit-il, n’est pas unique. En 2021 au Royaume-Uni, ou en 2020 dans le Queens à New York, des histoires similaires d’écureuils agresseurs avaient déjà défrayé la chronique. Des événements qui nous rappellent que la faune sauvage, même la plus commune, reste imprévisible.
Pour l’heure, le petit assaillant de San Rafael court toujours. Les autorités locales ont appelé les résidents à la plus grande vigilance, leur demandant de ne surtout pas nourrir les animaux sauvages. En attendant une éventuelle capture, la méfiance est devenue la nouvelle norme dans ce coin de Californie où l’on regarde désormais les écureuils d’un tout autre œil.
Selon la source : geo.fr