Une étude identifie deux bactéries comme possibles causes de la sclérose en plaques
Auteur: Simon Kabbaj
C’est une maladie qui a longtemps dérouté les scientifiques et les médecins. La sclérose en plaques (SEP), cette maladie auto-immune dévastatrice, gardait une grande part de mystère sur ses origines. Mais une nouvelle recherche vient de faire une percée spectaculaire. Une étude, publiée dans la prestigieuse revue *Science*, pointe du doigt un coupable inattendu : deux types spécifiques de bactéries. Ces microbes pourraient être l’un des déclencheurs environnementaux clés de la maladie. Une découverte qui ouvre des espoirs immenses pour de nouveaux traitements.
La sclérose en plaques, c'est quoi exactement ?
La SEP est une maladie chronique du système nerveux central (cerveau, moelle épinière, nerfs optiques). C’est une maladie auto-immune, ce qui signifie que le propre système immunitaire du corps attaque par erreur des cellules saines. Dans le cas de la SEP, le système immunitaire s’attaque à la gaine de myéline, la couche protectrice qui entoure nos fibres nerveuses, un peu comme la gaine en plastique autour d’un fil électrique. Quand cette gaine est endommagée, le courant passe mal, et cela provoque une multitude de symptômes : faiblesse musculaire, engourdissements, problèmes de vision, troubles de l’équilibre, et une immense fatigue.
L'étude qui a tout changé : une enquête sur de vrais jumeaux
Pour trouver les causes non-génétiques de la maladie, une équipe de scientifiques dirigée par le Dr Anna Peters à Munich a eu une idée brillante. Ils ont mené une étude sur 81 paires de vrais jumeaux. Dans chaque paire, un jumeau avait la sclérose en plaques, et l’autre non. Comme les vrais jumeaux ont exactement le même patrimoine génétique, cette configuration unique a permis aux chercheurs d’écarter les facteurs génétiques et de se concentrer sur les influences de l’environnement, comme les microbes de l’intestin.
Deux bactéries suspectes identifiées
En analysant des échantillons de selles, les chercheurs ont découvert que deux espèces de bactéries, l’Eisenbergiella tayi et le Lachnoclostridium, étaient beaucoup plus fréquentes chez les jumeaux atteints de la SEP que chez leurs jumeaux en bonne santé. C’était un premier indice très fort, mais pas encore une preuve.
La preuve par les souris : un lien de cause à effet direct
Pour prouver que ces bactéries n’étaient pas juste là par hasard, mais qu’elles étaient bien la cause de la maladie, les chercheurs ont fait une expérience cruciale. Ils ont transplanté les microbes de l’intestin des jumeaux dans des souris élevées en milieu stérile (sans aucun microbe). Les résultats ont été spectaculaires :
- Les souris qui ont reçu les bactéries des jumeaux malades ont développé des symptômes similaires à la SEP, avec une inflammation et une paralysie.
- Les souris qui ont reçu les bactéries des jumeumeaux sains sont restées en parfaite santé.
C’est la preuve d’un lien de cause à effet direct entre ces bactéries et la maladie.
Comment ces bactéries agissent-elles ?
L’étude a aussi montré que ces bactéries se nourrissent des sucres présents dans le mucus qui tapisse notre intestin. En se nourrissant, elles pourraient endommager cette barrière protectrice, ce qui permettrait à des substances inflammatoires de passer dans le sang et de déclencher une réaction immunitaire dans tout le corps, y compris dans le cerveau.
Un nouvel espoir de traitement
Cette découverte est une véritable révolution car elle ouvre la voie à de toutes nouvelles approches pour traiter la sclérose en plaques. Au lieu de se contenter de calmer le système immunitaire avec des médicaments lourds, on pourrait s’attaquer directement à la cause. On peut imaginer des traitements comme :
- Des antibiotiques ciblés qui ne tueraient que ces deux types de bactéries.
- Des changements de régime alimentaire (par exemple, plus de fibres) pour favoriser le développement des ‘bonnes’ bactéries au détriment des ‘mauvaises’.
Conclusion : une avancée majeure et un message d'espoir
Selon la source : healthline.com