Paracétamol et grossesse : que disent vraiment l’ANSM et l’OMS après les propos de Donald Trump ?
Auteur: Adam David
Une simple phrase, et le doute s’installe. Le 22 septembre, l’ancien président américain Donald Trump a jeté un pavé dans la mare en déconseillant vivement aux femmes enceintes le Tylenol, nom commercial du paracétamol aux États-Unis, l’associant à un risque d’autisme. De quoi affoler des millions de futures mères à travers le monde, habituées à considérer cet antalgique comme le seul recours sûr pendant leur grossesse.
La riposte immédiate des autorités sanitaires
La réaction des agences sanitaires, elle, ne s’est pas fait attendre. Dès le lendemain, l’Agence européenne du médicament (EMA) a publié un communiqué pour calmer le jeu : le paracétamol reste utilisable pendant la grossesse si un médecin le juge nécessaire. Aucune nouvelle donnée scientifique ne justifie, selon elle, de modifier les recommandations actuelles.
Même son de cloche en France, où l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a rappelé qu’aucun lien de cause à effet n’a jamais été prouvé entre la prise de ce médicament et la survenue de troubles autistiques. Le message est clair : la balance bénéfice/risque penche toujours largement en faveur du paracétamol pour traiter fièvre et douleurs.
Ce que la science dit vraiment
Alors, qui croire ? Il est vrai que depuis une dizaine d’années, plusieurs études se sont penchées sur un lien statistique potentiel entre paracétamol et troubles du neurodéveloppement. Certaines ont bien observé une corrélation, mais c’est là que le bât blesse : corrélation ne veut pas dire causalité. Ces études, souvent basées sur des questionnaires et des souvenirs, peinent à isoler le rôle du médicament de celui de la maladie qu’il visait à traiter (une forte fièvre, une infection…).
L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a d’ailleurs tranché de manière assez nette. Pour elle, « aucune association cohérente n’a été établie à ce jour ». Les données sont jugées trop fragiles et contradictoires pour remettre en cause la place du paracétamol.
Le risque inverse : quand ne pas se soigner est plus dangereux
Imaginons le cas de Sophie, 32 ans, enceinte de cinq mois. Elle développe une fièvre à près de 39°C. Inquiète après avoir lu des titres alarmistes, elle hésite à prendre le paracétamol prescrit par son médecin. Pourtant, on sait qu’une fièvre élevée et non traitée pendant la grossesse peut, elle, comporter des risques bien réels pour le développement du fœtus.
Dans cette situation, le vrai danger n’est pas forcément celui que l’on croit. L’absence de traitement peut avoir des conséquences bien plus sérieuses que la prise contrôlée d’un médicament connu et maîtrisé. C’est précisément ce que les autorités sanitaires cherchent à éviter : que la peur ne conduise à un renoncement aux soins.
Au-delà du médicament, le poison de la défiance
Cette polémique met en lumière un phénomène plus large : l’impact d’une déclaration politique, même sans fondement scientifique solide, sur la santé publique. En créant de la défiance envers un consensus médical établi, de tels propos peuvent avoir des répercussions concrètes et potentiellement graves.
Le véritable enjeu est de rappeler aux futures mamans les réflexes de base. L’automédication est à proscrire, enceinte ou non. Chaque décision doit être prise avec un professionnel de santé – médecin, pharmacien, sage-femme – qui saura évaluer la situation et prescrire la solution la plus adaptée.
la prudence, oui, la psychose, non
Au final, que retenir de cette tempête dans un verre d’eau ? Que le paracétamol n’est pas un bonbon, et qu’il doit, comme tout médicament, être utilisé à bon escient : à la dose la plus faible possible, sur la durée la plus courte, et toujours après un avis médical. C’est la règle de prudence qui a toujours prévalu.
Mais céder à des messages alarmistes non vérifiés serait une erreur. Le consensus scientifique reste à ce jour solide et rassurant. Le vrai message des autorités est là : la prudence, oui. La panique, certainement pas.
Selon la source : passeportsante.net