Une nouvelle menace silencieuse dans nos hôpitaux : les super-bactéries se propagent
Auteur: Mathieu Gagnon
Qu'est-ce que cette super-bactérie au nom compliqué ?
Alors, essayons de faire simple. Le nom scientifique est un peu barbare : NDM-CRE. En gros, ce sont des bactéries de la famille des entérobactéries (qu’on trouve naturellement dans nos intestins) qui sont devenues résistantes aux carbapénèmes, des antibiotiques très puissants. Le ‘NDM’ dans son nom, c’est le nom d’une enzyme, une sorte d’outil que la bactérie a développé pour désactiver nos médicaments.
Ce qui rend cette bactérie NDM particulièrement redoutable, c’est qu’elle est encore plus maligne que d’autres bactéries résistantes. Beaucoup de traitements qui marchent encore sur ses cousines sont totalement inefficaces sur elle. Et pour ne rien arranger, cette capacité de résistance se trouve sur de petits morceaux d’ADN qui peuvent sauter d’une bactérie à l’autre. C’est un peu comme si elles se passaient une clé pour déjouer nos défenses, ce qui accélère terriblement leur propagation.
Une hausse des infections qui donne le vertige
Les chiffres sont là, et ils sont assez frappants. Une nouvelle analyse, menée par des experts du Centre de Contrôle et de Prévention des Maladies (le fameux CDC américain), a montré que les cas d’infections à cette bactérie NDM-CRE ont augmenté de plus de 460 % entre 2019 et 2023. C’est une augmentation énorme en très peu de temps.
Déjà en 2020, le CDC avait tiré la sonnette d’alarme en estimant à environ 12 700 le nombre d’infections par des bactéries de cette famille aux États-Unis, causant près de 1 100 décès. Ce n’était que le début de la vague que nous voyons déferler aujourd’hui. C’est la preuve que le problème n’est pas seulement réel, il s’accélère.
Quels sont les risques concrets pour les patients ?
Ces super-bactéries peuvent provoquer des pneumonies, des infections du sang, des infections urinaires ou infecter des plaies. Évidemment, les personnes les plus fragiles sont les plus exposées : les patients en soins intensifs, ceux qui ont reçu une greffe, ou tout simplement les personnes qui doivent rester longtemps à l’hôpital. Le problème, c’est que beaucoup de laboratoires n’ont pas encore les moyens d’identifier précisément et rapidement cette bactérie, ce qui retarde le bon traitement et lui laisse le temps de se propager.
Le défi de la détection : une course contre la montre
Quand on découvre une infection résistante, il faut tout de suite savoir à quel type de résistance on a affaire. C’est crucial. Si le laboratoire d’un hôpital ne peut pas faire le test, il peut heureusement envoyer un échantillon à des laboratoires spécialisés. On utilise des tests pour voir si la bactérie produit bien l’enzyme qui la rend si forte, puis des tests plus poussés pour confirmer quel ‘modèle’ d’enzyme elle utilise.
Savoir s’il s’agit de la NDM ou d’une autre est essentiel, car le traitement n’est pas du tout le même. Cela permet aussi de repérer rapidement si plusieurs cas apparaissent dans un service et de prendre des mesures d’isolement pour protéger les autres patients. Un test rapide peut changer la donne pour un malade et pour tout un étage de l’hôpital.
Très peu de médicaments fonctionnent encore
Ce ne sont pas des traitements simples. Ils doivent être administrés par intraveineuse, avec une surveillance très stricte. Ce sont vraiment des options de dernier recours, qui ne conviennent pas à tous les patients. Le choix du traitement est un vrai casse-tête et doit absolument être supervisé par un spécialiste des maladies infectieuses.
Stopper la propagation : un retour aux gestes de base
La bonne nouvelle, c’est que face à cette menace high-tech, les bonnes vieilles méthodes fonctionnent toujours. La base, c’est l’hygiène ! Les recommandations sont claires : se laver les mains, utiliser du matériel dédié pour chaque patient et nettoyer méticuleusement l’environnement. C’est non négociable. Il est aussi crucial que les hôpitaux communiquent bien entre eux lorsqu’un patient est transféré, pour que l’établissement d’accueil soit au courant du risque.
Les patients et leurs familles ont aussi un petit rôle à jouer. Ils peuvent simplement demander si des tests ont été faits pour identifier la bactérie, ou encore rappeler gentiment au personnel soignant de mettre des gants et une blouse avant un soin. Chaque geste compte.
Conclusion : Quel avenir pour ce combat ?
Il va falloir être intelligent : mieux utiliser les tests, choisir les traitements avec la plus grande prudence et, surtout, ne jamais baisser la garde sur l’hygiène. L’objectif final est simple, mais vital : réduire le nombre d’infections, raccourcir les séjours à l’hôpital et, tout simplement, sauver des vies.
Selon la source : earth.com