Cancer du côlon : une étude suggère qu’un médicament courant pourrait réduire le risque de récidive
Auteur: Adam David
On la connaît pour soulager un mal de tête ou faire tomber la fièvre. Pourtant, l’aspirine pourrait bien jouer un rôle de premier plan dans la lutte contre l’un des cancers les plus fréquents au monde. Une étude suédoise, publiée dans la prestigieuse revue The New England Journal of Medicine, suggère en effet qu’une faible dose quotidienne de ce médicament banal réduirait de moitié le risque de récidive du cancer colorectal chez un groupe spécifique de patients.
Un enjeu de santé publique majeur
Cette piste est tout sauf anecdotique. Le cancer colorectal est un véritable fléau : près de 50 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année rien qu’en France, et près de 2 millions à l’échelle mondiale. Il s’agit du deuxième cancer le plus meurtrier, responsable de près d’un million de décès en 2020. Le principal défi reste la récidive, puisque 20 à 40 % des patients opérés voient la maladie revenir, souvent sous forme de métastases difficiles à traiter.
Une mutation génétique au cœur de l'étude
L’espoir soulevé par les chercheurs scandinaves ne concerne pas tous les malades, mais une part significative d’entre eux. L’effet protecteur de l’aspirine a été observé chez les patients dont la tumeur présentait une mutation génétique bien précise, celle du gène PIK3. Cette altération, qui touche des processus cellulaires vitaux comme la croissance des cellules, est loin d’être rare : on la retrouve chez environ 40 % des personnes atteintes d’un cancer colorectal.
Un essai clinique aux résultats spectaculaires
Si des études d’observation avaient déjà laissé entrevoir un lien, c’est la première fois qu’un essai clinique randomisé de cette ampleur vient le confirmer. Pour en avoir le cœur net, les scientifiques ont suivi 3 500 patients en Suède, Norvège, Danemark et Finlande après leur chirurgie. Pendant trois ans, une partie d’entre eux a reçu 160 mg d’aspirine par jour, l’autre un simple placebo.
Le résultat est sans appel. Pour les patients porteurs de la mutation PIK3 et traités à l’aspirine, le risque de voir le cancer réapparaître a chuté de 55 % par rapport à ceux du même groupe génétique ayant reçu le placebo.
Vers une médecine de précision… à bas coût ?
« C’est un exemple clair de la manière dont nous pouvons utiliser l’information génétique pour personnaliser le traitement », explique Anna Martling, professeure à l’Institut Karolinska et première autrice de l’étude. Selon elle, l’aspirine est testée ici « dans un contexte totalement nouveau en tant que traitement de médecine de précision ». Les chercheurs avancent plusieurs hypothèses pour expliquer ce mécanisme : l’effet anti-inflammatoire bien connu de la molécule, mais aussi sa capacité à freiner l’agrégation des plaquettes sanguines qui peuvent favoriser le développement tumoral.
une lueur d'espoir accessible à tous
Au-delà de l’avancée scientifique, la portée de cette découverte est immense. À l’heure où les traitements anticancéreux innovants atteignent des coûts exorbitants, l’aspirine est un médicament bon marché, connu et disponible sur toute la planète. Si ces résultats se confirment et sont intégrés dans les protocoles de soin, ils pourraient changer la vie de millions de patients sans peser sur les systèmes de santé. Une petite pilule, un grand espoir.
Selon la source : leprogres.fr