Un nouveau nom est apparu sur le radar des familles touchées par Alzheimer : le donanemab. Après des mois d’attente, ce traitement développé par le laboratoire Eli Lilly vient de recevoir le feu vert de l’Europe, ouvrant une brèche d’espoir pour les malades à un stade précoce. Mais derrière l’annonce, que peut-on vraiment en attendre ? C’est le deuxième médicament de cette nouvelle génération, après le Leqembi, à franchir cette étape décisive.
Une action ciblée au cœur du cerveau
Pour comprendre son action, il faut imaginer une sorte de nettoyage de haute précision. Le donanemab est ce qu’on appelle un anticorps monoclonal. Sa mission : traquer et aider le système immunitaire à éliminer les fameuses plaques amyloïdes, ces agrégats de protéines toxiques qui s’accumulent dans le cerveau et sont considérés comme l’une des signatures biologiques de la maladie d’Alzheimer.
Ralentir la maladie, mais pas la guérir
Les chiffres des essais cliniques sont au cœur des discussions. Le traitement parviendrait à freiner le déclin cognitif de 35 % sur une période de 18 mois, comparé à un placebo. Un pourcentage qui peut sembler abstrait, mais qui, pour un patient et ses proches, pourrait se traduire par plusieurs mois d’autonomie préservée, de souvenirs et de lucidité gagnés sur la maladie. Une fenêtre de temps précieuse, même si, il faut le marteler, le donanemab ne guérit pas.
Un traitement qui ne s'adressera pas à tout le monde
Attention, il ne s’agit pas d’un traitement pour tous. L’accès au donanemab sera très strictement encadré, un peu comme un parcours fléché. Il faudra non seulement un diagnostic d’Alzheimer à un stade débutant, mais aussi présenter un profil génétique spécifique et une présence avérée de ces plaques amyloïdes, confirmée par imagerie. C’est donc une thérapie hyper-ciblée, administrée via une perfusion mensuelle d’une demi-heure, et dont la durée est elle-même limitée : une fois les plaques nettoyées, on arrête.
Le revers de la médaille : des risques bien réels
Mais il y a un revers à la médaille, et il est de taille. Le traitement n’est pas anodin et peut provoquer des effets secondaires sérieux, comme des œdèmes ou des micro-hémorragies cérébrales. Ces risques, connus sous l’acronyme ARIA, avaient d’ailleurs initialement conduit l’Agence européenne des médicaments à émettre un avis défavorable en 2023. Ce qui a changé la donne ? De nouvelles données montrant qu’un ajustement des doses permet de réduire significativement ces complications graves, faisant pencher la balance bénéfice-risque du bon côté.
entre le progrès médical et le pragmatisme économique
Pour les quelque 900 000 personnes atteintes en France, l’arrivée du donanemab est un signal fort. C’est la promesse d’un sursis, d’une possibilité de ralentir la course contre la montre. Reste maintenant à régler deux questions fondamentales, qui pèseront lourd dans la balance : celle du bénéfice réel pour chaque patient face aux risques encourus, et celle, inévitable, de son coût exorbitant – près de 30 000 euros par an – pour nos systèmes de santé. Le débat ne fait que commencer.
Selon la source : passeportsante.net