Vous avez sûrement déjà entendu parler des feux follets. Ces petites lumières bleutées qui dansent au-dessus des marais et des cimetières la nuit… Elles ont nourri un nombre incalculable de contes et de légendes avec des fées, des esprits ou des âmes en peine. Pendant des siècles, on a cru à tout un tas de choses. Et puis la science a commencé à y mettre son nez, mais il manquait toujours un petit quelque chose pour tout comprendre. Eh bien, il semblerait que des chercheurs aient enfin trouvé la pièce manquante du puzzle, et la réponse est, disons, assez… électrique !
Le gaz des marais, un coupable connu de longue date
On ne partait pas de zéro, attention. Déjà au 18ème siècle, les scientifiques avaient compris une bonne partie de l’histoire. Ils avaient remarqué que ces lumières apparaissaient surtout là où des plantes se décomposent dans l’eau, sans oxygène. Ce processus, ça fabrique un gaz bien connu : le méthane, qu’on appelle aussi le ‘gaz des marais’.
L’idée, c’était donc que ce gaz, en s’échappant de l’eau et en se mélangeant à l’air, produisait de la lumière. C’est logique. On sait même aujourd’hui pourquoi on les voit surtout la nuit : c’est à ce moment-là que le gaz s’échappe le plus facilement à cause des changements de température. Mais une question restait entière.
Mais qui allume la mèche ?
C’est bien beau d’avoir le carburant – le méthane – mais pour que ça brûle ou que ça s’allume, il faut une étincelle, non ? Le méthane ne va pas s’enflammer tout seul comme par magie, surtout dans l’air frais et humide d’un marais. C’était ça, le vrai mystère.
Pendant un temps, on a pensé qu’un autre gaz, la phosphine, pouvait être la solution. Ce gaz-là, lui, s’enflamme spontanément au contact de l’air et aurait pu servir d’allumette pour le méthane. Une théorie plausible, mais pas totalement satisfaisante. On n’était pas sûr qu’il y en ait assez partout où l’on voyait des feux follets.
La découverte : des 'micro-éclairs' dans l'air !
Et c’est là que la nouvelle recherche change tout. Avec des caméras ultra-rapides, des scientifiques ont réussi à filmer ce qui se passe vraiment. Et c’est fascinant. L’explication, ce sont de minuscules décharges électriques, qu’ils ont appelées des ‘micro-éclairs’.
Pour comprendre, c’est un peu comme l’électricité statique. Vous savez, quand vous frottez un ballon sur vos cheveux ou que vous vous prenez une petite décharge en touchant une portière de voiture. Eh bien, les petites bulles de méthane qui remontent dans l’eau se chargent en électricité en se frottant, en se séparant et en se regroupant. Certaines deviennent positives, d’autres négatives.
Quand ces bulles chargées arrivent à la surface et éclatent dans l’air, une minuscule étincelle saute entre une bulle positive et une bulle négative voisine. Et voilà notre allumage !
Une lumière froide qui explique tout
Le plus intéressant dans cette histoire, c’est que cette étincelle ne crée pas un vrai feu. Elle ne produit quasiment pas de chaleur. C’est ce qu’on appelle une ‘oxydation non thermique’. En gros, la réaction chimique libère l’énergie du méthane directement sous forme de lumière bleu-violet, et non de chaleur.
Et ça, ça explique enfin pourquoi les gens qui se sont approchés des feux follets n’ont jamais senti la moindre chaleur. C’était un des grands arguments contre la théorie du gaz des marais qui brûlait. Ce n’est pas une flamme, c’est une lueur froide. Le mystère est résolu.
Et si les feux follets étaient nos alliés ?
Cette découverte pourrait même être une bonne nouvelle pour nous tous. Vous entendez souvent parler du gaz à effet de serre, n’est-ce pas ? Eh bien, le méthane est un gaz à effet de serre beaucoup, beaucoup plus puissant que le dioxyde de carbone (CO2).
Que font les feux follets ? Ils transforment ce méchant méthane en dioxyde de carbone, qui réchauffe beaucoup moins la planète. C’est donc un processus naturel qui nous aide un peu à limiter le réchauffement climatique. Finalement, ces petites lumières mystérieuses ne sont pas là pour nous égarer, mais peut-être pour prendre soin de notre planète. Comme quoi, les vieilles légendes avaient peut-être un fond de vérité…
Conclusion : De la magie à la science, le spectacle reste entier
Alors voilà, le voyage d’un des plus vieux mystères de la nature touche à sa fin. Ce qui était autrefois une source de peur et de fascination pour nos ancêtres s’avère être un spectacle électrique d’une incroyable poésie. Ce ne sont pas des fantômes, mais des milliards de petites étincelles qui donnent vie au gaz des marais. La science n’enlève rien à la magie du spectacle, au contraire. Elle nous donne juste une nouvelle raison de nous émerveiller devant les secrets de la nature.
Selon la source : iflscience.com