Bien vieillir n’est pas nouveau pour les humains. Alors pourquoi sommes-nous si mauvais à ça aujourd’hui ?
Auteur: Simon Kabbaj
C’est un des grands paradoxes de notre époque. Nous n’avons jamais vécu aussi longtemps, mais nous avons l’impression de n’avoir jamais été aussi mauvais pour bien vieillir. La vieillesse est souvent vue comme une période de déclin, de maladie, un fardeau pour la société. Mais est-ce que ça a toujours été comme ça ? Dans un nouveau livre passionnant, l’anthropologue Michael Gurven nous rappelle une chose essentielle : les personnes âgées ont toujours existé, même dans les sociétés les plus anciennes. Et en étudiant leur mode de vie, on pourrait bien trouver les clés pour mieux vieillir aujourd’hui.
Le grand malentendu : non, nos ancêtres ne mouraient pas tous à 30 ans
C’est l’une des plus grosses idées reçues sur le vieillissement. On entend souvent que l’espérance de vie dans le passé était de 30 ou 40 ans. C’est vrai, mais c’est une moyenne. Et cette moyenne était très basse à cause de l’énorme mortalité infantile. ‘Cela ne veut pas dire que tout le monde vivait jusqu’à 30 ans et mourait ensuite’, explique Michael Gurven. ‘Même avec des espérances de vie plus courtes, on pouvait avoir des gens qui vivaient bien plus longtemps’. En réalité, une fois le cap dangereux de l’enfance passé, nos ancêtres avaient de bonnes chances de vivre vieux.
Les leçons des Tsimané, ce peuple d'Amazonie
Michael Gurven a passé une grande partie de sa carrière à vivre avec des peuples indigènes comme les Tsimané en Amérique du Sud. Ces communautés, qui vivent encore de chasse, de cueillette et d’une petite agriculture, nous donnent un aperçu de la façon dont l’humanité a vécu pendant des millénaires. Et ce qu’il a découvert est fascinant.
La grande leçon : nos maladies de 'vieux' ne sont pas une fatalité
L’une des plus grandes leçons, c’est que les maladies que l’on associe à la vieillesse – maladies cardiaques, diabète, démence… – sont quasiment absentes dans ces sociétés. ‘Même lorsque nous suivons les gens à partir de 40 ans, nous constatons qu’ils ne développent pas de maladies cardiaques, de maladie d’Alzheimer ou de diabète’, raconte Gurven. Et ce n’est pas parce qu’ils ne vivent pas assez vieux pour les avoir. Cela nous prouve que ces maladies, qui sont les principales causes de mortalité chez nous, sont en grande partie évitables.
Le secret ? Un mode de vie simple et actif
Leur secret n’est pas un secret magique. ‘Quand on voit qu’une population entière peut vivre sans maladie cardiaque (…) cela démontre que les grands facteurs de risque – le tabac, l’inactivité physique, le surpoids, etc. – sont responsables de la grande majorité des décès’ dans nos sociétés. En d’autres termes, un mode de vie sain, avec une alimentation non transformée et beaucoup d’activité physique, est la clé.
Pas de retraite à 65 ans : rester actif et utile
Chez les Tsimané, il n’y a pas de retraite. Il n’y a pas d’âge où l’on cesse de contribuer pour commencer une « vie de loisirs ». Bien sûr, les activités changent avec l’âge, mais le plus important est que les anciens restent pertinents, engagés et impliqués dans la vie de la communauté.
Ils continuent de produire de la nourriture, de s’occuper des petits-enfants, de transmettre leur savoir. Ils ont un rôle, une utilité, jusqu’au bout.
Conclusion : repenser la place de nos aînés
Selon la source : press.princeton.edu