Comète interstellaire 3I/ATLAS : une « polarisation négative extrême » observée – que faut-il en comprendre ?
Auteur: Mathieu Gagnon
Imaginez un voyageur venu d’une autre étoile qui traverse notre quartier, le système solaire. C’est exactement ce qu’est la comète 3I/ATLAS. Les astronomes ont les yeux rivés sur elle, et pour cause : elle ne ressemble à rien de ce que nous connaissons. Elle est arrivée en trombe, bien plus vite que les visiteurs précédents, et elle semble bien plus massive.
Mais ce n’est pas sa taille ou sa vitesse qui intrigue le plus les scientifiques. C’est la façon dont elle renvoie la lumière du Soleil. C’est un peu comme si elle portait des lunettes de soleil très particulières, qui nous donnent des indices sur sa composition. Et ces indices sont… déroutants. Ils nous racontent une histoire que nous n’avions encore jamais entendue.
La découverte et la disparition (temporaire) de la comète
C’est le 1er juillet 2025 que cette comète a été repérée pour la première fois. Un point lumineux qui filait à une vitesse folle. Très vite, les experts ont confirmé qu’elle venait d’un autre système stellaire. Un vrai poids lourd de l’espace, avec un noyau rocheux estimé à 5,6 kilomètres de diamètre et une masse de plus de 33 milliards de tonnes. C’est énorme !
En s’approchant du Soleil, elle a commencé à dégager du gaz, ce qui a confirmé sa nature de comète. On a même pu voir qu’elle avait une étrange couleur verdâtre. Malheureusement, notre astre a eu un sursaut d’humeur, une sorte d’éruption solaire (ce qu’on appelle une éjection de masse coronale), qui a peut-être frappé la comète. Depuis, elle a disparu de nos télescopes. Mais pas de panique, elle devrait réapparaître plus tard cette année.
Qu'est-ce que la polarisation de la lumière ?
Alors, parlons de cette fameuse lumière. C’est un peu technique, mais imaginez la lumière comme une petite vague qui se déplace. Normalement, cette vague vibre dans toutes les directions. Un peu comme une corde à sauter qu’on secoue de haut en bas, de gauche à droite, et en diagonale, tout ça en même temps.
La polarisation, c’est le fait de filtrer cette lumière pour ne garder que les vagues qui vibrent dans une seule direction. C’est exactement ce que font vos lunettes de soleil polarisées ! Elles bloquent les reflets gênants en ne laissant passer que la lumière qui vibre verticalement. Pour les comètes, c’est le nuage de poussière qui l’entoure qui agit comme un filtre. En analysant la lumière qui nous parvient, on peut deviner la forme, la taille et la nature de ces grains de poussière.
Une polarisation 'extrêmement négative', qu'est-ce que ça veut dire ?
Les scientifiques ont découvert que la lumière renvoyée par 3I/ATLAS avait une polarisation négative extrême. Pour faire simple, la plupart des comètes qu’on connaît renvoient la lumière d’une certaine façon, qu’on appelle « positive ». C’est la norme. Mais parfois, la lumière est orientée différemment, on dit alors qu’elle est « négative ».
Le cas de 3I/ATLAS est unique. Non seulement sa polarisation est négative, mais elle l’est d’une manière beaucoup plus forte et prononcée que tout ce qu’on a pu mesurer jusqu’à présent. En fait, les chercheurs le disent eux-mêmes : son comportement est « significativement différent de toutes les comètes connues », qu’elles viennent de notre système solaire ou d’ailleurs. Elle n’entre dans aucune des cases que nous avions.
À quoi ressemble donc cette comète ?
Si elle n’est pas comme les autres comètes, à quoi ressemble-t-elle alors ? C’est la grande question. Les premières analyses suggèrent qu’elle aurait plus de points communs avec des objets de notre propre système solaire, mais qui vivent très, très loin du Soleil, bien au-delà de la planète Neptune.
On appelle ces objets des « objets transneptuniens » ou des « Centaures ». Ce sont des mondes glacés et rocheux, souvent avec une teinte rougeâtre. Et ça tombe bien, car d’autres études ont montré que la comète 3I/ATLAS avait justement une couleur un peu rouge et des traces de glace d’eau. C’est comme si un de ces corps lointains et mystérieux avait été éjecté de son étoile d’origine pour finir son voyage chez nous.
Conclusion : Un nouveau type de comète ?
Alors, qu’est-ce que tout cela signifie ? Eh bien, il est possible que nous soyons face à un type de comète entièrement nouveau. Une nouvelle famille d’objets interstellaires avec des propriétés uniques. C’est une découverte passionnante qui montre à quel point l’univers est diversifié et plein de surprises.
Pour en avoir le cœur net, il faudra attendre que la comète 3I/ATLAS soit de nouveau visible. Les scientifiques du monde entier attendent avec impatience son retour pour pointer à nouveau leurs instruments vers elle. Chaque visiteur interstellaire est une chance inouïe d’étudier un morceau d’un autre monde, et celui-ci semble particulièrement bavard… même s’il parle une langue que nous commençons à peine à déchiffrer.
Selon la source : iflscience.com