Ces signes silencieux annoncent la polyarthrite rhumatoïde des années avant les douleurs
Auteur: Simon Kabbaj
C’est une découverte qui pourrait changer la vie de millions de personnes. La polyarthrite rhumatoïde, cette maladie auto-immune très douloureuse qui s’attaque aux articulations, ne frapperait pas par surprise. Selon une nouvelle étude scientifique, elle est précédée par une phase silencieuse, sans aucun symptôme, qui peut durer des années. Les chercheurs ont réussi à identifier des signes avant-coureurs dans le sang, bien avant que la douleur n’apparaisse. Une avancée majeure qui ouvre la voie à une détection précoce et, peut-être un jour, à la possibilité d’empêcher la maladie de se déclarer.
Le mystère des personnes 'à risque'
On savait déjà que certaines personnes étaient considérées ‘à risque‘ de développer une polyarthrite rhumatoïde. Ce sont celles qui ont dans leur sang des anticorps spécifiques, appelés ACPA. Mais le grand mystère, c’était que toutes les personnes avec ces anticorps ne tombaient pas malades. Pourquoi certains développaient la maladie et d’autres non ? C’est cette question que les chercheurs ont voulu élucider.
L'étude qui a suivi les patients 'à risque' dans le temps
Pour cela, une équipe de chercheurs américains a suivi pendant plusieurs années un groupe de 45 personnes ‘à risque’ (c’est-à-dire positives aux ACPA). Sur ces 45 personnes, 16 ont fini par développer la maladie. En comparant leur sang à différentes étapes avec celui des personnes restées en bonne santé, les scientifiques ont pu identifier les changements qui précèdent l’apparition de la maladie.
La découverte : le système immunitaire se prépare au combat, des années avant
Et ce qu’ils ont découvert est fascinant. Bien avant les premières douleurs, le système immunitaire des personnes qui allaient tomber malades était déjà en état d’alerte. Les chercheurs ont observé :
- Une quantité beaucoup plus importante de protéines inflammatoires dans leur sang.
- Des cellules immunitaires, les lymphocytes B et T (celles qui sont responsables de l’attaque des articulations), qui montraient des signes d’être sur le qui-vive, prêtes à passer à l’attaque.
C’est comme si l’armée du corps se préparait au combat bien avant que la première bataille n’ait lieu.
Des implications immenses pour la prévention
‘Nos résultats soutiennent l’idée que la maladie inflammatoire commence bien avant l’apparition des premiers signes cliniques’, écrivent les chercheurs dans leur article publié dans *Science Translational Medicine*. ‘Cela a des implications sur les décisions concernant le moment d’initier un traitement préventif’. En d’autres termes, si on peut repérer ces signes très tôt, on pourrait peut-être traiter les patients avant même qu’ils n’aient mal, pour empêcher la maladie de s’installer.
Un espoir de traitement préventif
Bien sûr, il s’agit de nouvelles découvertes et tout traitement est encore loin. Mais l’espoir est bien là. Un médicament, l’abatacept, est déjà utilisé pour retarder l’apparition de la maladie chez les personnes à haut risque. Et il se trouve que ce médicament semble agir précisément sur les mécanismes immunitaires que cette étude vient de mettre en lumière. C’est une piste très prometteuse pour l’avenir.
Conclusion : vers une nouvelle ère dans la lutte contre la polyarthrite rhumatoïde
Selon la source : science.org