Deux scientifiques ont mangé un ragoût de bison vieux de 50 000 ans et partagent leur expérience
Auteur: Simon Kabbaj
C’est une histoire qui semble tout droit sortie d’un roman de Jules Verne. En 1984, un groupe de scientifiques a fait quelque chose d’absolument impensable : ils ont cuisiné et mangé un morceau d’un bison qui avait vécu il y a 50 000 ans. Un animal de l’Âge de Glace, parfaitement conservé dans le permafrost de l’Alaska. Une expérience gastronomique unique, qui nous en dit long sur la curiosité sans limites des scientifiques, et sur l’incroyable pouvoir de conservation de la glace.
crédit image : Bernt Rostad/Wikimedia, CC By 2.0.
La découverte de 'Blue Babe', le bison de l'Âge de Glace
L’histoire commence en 1979, en Alaska. Des chercheurs d’or découvrent par hasard le corps d’un bison des steppes (*Bison priscus*), une espèce aujourd’hui éteinte. Mais ce n’est pas un simple squelette. L’animal est parfaitement conservé, congelé depuis des millénaires. La peau, les muscles, la graisse… tout est là. Baptisé ‘Blue Babe’ à cause de la couleur bleutée que sa peau a prise, il devient une découverte scientifique majeure. Les premières analyses estiment son âge à 36 000 ans, mais des techniques plus modernes ont depuis réévalué son âge à environ 50 000 ans.
Une viande 'bien vieillie' mais encore comestible
La congélation ultra-rapide du bison après sa mort a eu un effet incroyable : sa viande était préservée, comparable à du ‘bœuf séché‘. Face à une telle opportunité, l’équipe de chercheurs, dirigée par le paléontologue Dale Guthrie, a décidé de tenter une expérience un peu folle, inspirée par des scientifiques russes qui avaient déjà goûté du mammouth. L’idée ? Cuisiner et manger un petit morceau de Blue Babe.
Le menu du jour : ragoût de bison du Pléistocène
Le dîner a eu lieu le 6 avril 1984, chez Dale Guthrie. Pour l’occasion, ils ont prélevé un petit morceau du cou de l’animal. Pourquoi le cou ? Parce que c’est là qu’un lion des cavernes l’avait mordu, provoquant une congélation très rapide de cette partie. ‘Faire un steak de cou ne semblait pas être une très bonne idée’, a raconté Guthrie plus tard. ‘Mais ce qu’on pouvait faire, c’était de le mettre dans un ragoût avec beaucoup de légumes et d’épices, et ça ne serait pas trop mauvais’.
Un 'fort arôme du Pléistocène'
Alors, quel goût ça avait ? Dale Guthrie a décrit l’expérience dans ses écrits. ‘En dégelant, il a dégagé un arôme de bœuf incomparable, agréablement mêlé à une faible odeur de la terre dans laquelle il a été trouvé, avec une touche de champignon’. Pendant le dîner, ‘la viande était bien vieillie mais encore un peu dure, et elle a donné au ragoût un fort arôme du Pléistocène, mais personne n’aurait osé manquer ça’. Une description qui nous transporte directement à l’Âge de Glace !
Et la digestion ? 'Aucun effet indésirable'
La question que tout le monde se pose : n’ont-ils pas été malades ? Eh bien, non. La douzaine de convives a parfaitement digéré ce repas préhistorique. ‘Le goût était délicieux, et aucun de nous n’a souffert d’effets indésirables après le repas’, a conclu Guthrie. Une preuve de plus de l’incroyable état de conservation de l’animal.
Conclusion : quand la science a le goût de l'aventure
Selon la source : atlasobscura.com