Une scène jamais vue : la naissance d’un bébé pangolin et sa parade nuptiale immortalisées dans la nature
Auteur: Adam David
C’est une scène que presque personne n’avait eu la chance d’observer jusqu’ici. Dans l’intimité des forêts de Taïwan, des caméras ont capturé le ballet nocturne de deux pangolins, un rituel de séduction fragile qui a mené à un événement encore plus rare : la naissance d’un petit. Ces images, diffusées par l’émission *Big Little Journeys* de PBS, nous ouvrent les portes d’un monde secret, celui du mammifère le plus braconné de la planète.
Une parade nuptiale menée par la femelle
Loin des démonstrations de force masculines habituelles dans le règne animal, c’est ici la femelle qui mène la danse. Pendant des heures, sous le couvert de la nuit, les caméras ont suivi ce couple improbable. Elle avance, il la suit. Un jeu de patience et de persévérance à travers la végétation dense, un dialogue silencieux dont l’issue est loin d’être garantie.
Cet étrange ballet nocturne est la première étape, indispensable, avant un accouplement qui relève presque du casse-tête logistique. Imaginez devoir vous unir quand vous êtes tous les deux recouverts d’une armure d’écailles rigides. Chaque mouvement doit être précis, millimétré. C’est un défi que la nature leur impose, et ces images nous montrent avec quelle délicatesse ils parviennent à le surmonter.
Derrière la caméra, la patience et la science
Filmer une telle séquence n’est pas le fruit du hasard. C’est le résultat d’un travail de longue haleine, mené par l’équipe du documentaire en collaboration avec le zoologiste Nick Ching-Min Sun, de l’Université Nationale de Pingtung. Ce chercheur consacre sa vie à soigner des pangolins blessés, avant de les relâcher dans la nature équipés de balises GPS.
C’est grâce à ce suivi minutieux et à un réseau de caméras cachées, déclenchées par le mouvement, que le miracle a pu être enregistré. Des heures et des heures de veille, d’attente, à espérer que ces créatures crépusculaires sortent de leur terrier au bon moment, sous le bon angle. Un travail qui demande une patience infinie.
Et sept mois plus tard, le petit miracle
Sept mois après avoir filmé la parade, la récompense est arrivée. Une femelle est sortie de son abri, et accroché à la base de sa queue, un minuscule passager : son bébé. Ce petit, que les anglophones appellent affectueusement *pangopup*, s’agrippe à sa mère, qui devient son taxi, son bouclier, son unique repère dans un monde immense et dangereux.
Cette scène, d’une tendresse infinie, illustre le lien fusionnel qui unit la mère et son petit. Un instinct de protection vital, surtout dans les premiers temps. Car à la naissance, le pangopup n’est pas encore la forteresse sur pattes que l’on connaît. Ses écailles sont encore souples, presque translucides, le laissant totalement vulnérable.
L'apprentissage d'une vie
Cette armure va durcir au fil des semaines, mais la dépendance du jeune, elle, va durer bien plus longtemps. Pendant près de deux ans, il ne quittera pas sa mère. C’est elle qui lui apprendra tout : comment trouver les nids de fourmis et de termites, comment utiliser sa langue démesurée et collante, comment se mettre en boule face au danger.
Les premiers mois, il ne se nourrit que de son lait. Puis, peu à peu, il goûtera à ses premiers insectes, guidé par l’expérience maternelle. C’est un apprentissage long, essentiel, qui montre à quel point la structure familiale est cruciale pour la survie de l’espèce. Chaque mère braconnée, c’est souvent une ou plusieurs générations futures qui disparaissent avec elle.
taïwan, une fragile lueur d'espoir
Si ces images exceptionnelles ont pu être tournées, c’est parce que Taïwan est devenue une sorte de sanctuaire. Grâce à des lois très strictes et une mobilisation locale, la chasse illégale y a été quasiment éradiquée. Une exception dans un monde où les écailles de pangolin, faites de simple kératine comme nos ongles, alimentent un trafic mondial mortifère, notamment pour la médecine traditionnelle asiatique.
Ces séquences ne sont donc pas seulement un document animalier fascinant. Elles sont un rappel puissant de ce que nous avons à protéger. Un rappel que derrière les statistiques du braconnage, il y a des vies secrètes, des rituels complexes et une fragilité que nous commençons à peine à comprendre.
Selon la source : science-et-vie.com