Découverte fascinante : un requin lumineux et un « crabe en porcelaine » jamais vus remontent des profondeurs australiennes
Auteur: Adam David
Les grandes profondeurs marines gardent encore une bonne part de mystère, un peu comme un continent dont on n’aurait exploré que les côtes. Régulièrement, pourtant, elles nous livrent quelques-uns de leurs secrets. Une expédition scientifique au large de l’Australie-Occidentale vient de le prouver une fois de plus, en remontant dans ses filets une vingtaine d’espèces jusqu’ici inconnues.
La star des profondeurs : un requin-lanterne de poche
Parmi ces découvertes, une créature sort du lot : un petit requin capable de produire sa propre lumière. Baptisé Etmopterus westraliensis, ou requin-lanterne d’Australie occidentale, il a été identifié grâce aux travaux de l’organisation de recherche australienne CSIRO. On est loin de l’image du grand prédateur des océans : le plus grand spécimen observé mesure à peine 40 centimètres.
Ce chasseur discret évolue dans un monde de pénombre, à environ 600 mètres sous la surface. C’est là, dans le silence des abysses, qu’il déploie sa surprenante capacité.
Une lumière ventrale pour se camoufler
Concrètement, comment ça marche ? « Ils sont bioluminescents, leur lumière étant produite par des photophores situés sur leur ventre et leurs flancs », explique l’ichtyologiste Will White dans un communiqué. Cette signature lumineuse, qui lui vaut son nom de « requin-lanterne », n’est pas un gadget. Elle lui servirait probablement de camouflage, en imitant la faible lumière venant de la surface pour échapper aux prédateurs qui chassent par en dessous.
Avec son corps élancé et ses yeux immenses, adaptés à l’obscurité, il est parfaitement taillé pour cet environnement extrême. C’est d’ailleurs le troisième requin inédit issu de cette même campagne de 2022, après le requin-cornu peint et le requin-chat à œufs striés.
Un phénomène pas si isolé
Attention, il ne s’agit pas d’une première mondiale. La famille des requins lumineux est plus grande qu’on ne l’imagine. En 2021, des chercheurs avaient déjà identifié trois espèces au large de la Nouvelle-Zélande, dont le requin kitefin (*Dalatias licha*), qui détient à ce jour le record du plus grand vertébré bioluminescent connu, avec ses 1,60 mètre de long.
La découverte de l’Etmopterus westraliensis vient donc enrichir nos connaissances sur cette fascinante adaptation au monde des abysses.
Le délicat crabe de porcelaine, maître du camouflage
Mais le requin-lanterne n’est pas la seule merveille remontée des profondeurs. Les scientifiques ont également mis la main sur une créature bien plus petite et délicate : une nouvelle espèce de crabe. Ne dépassant pas 15 millimètres, il arbore une couleur « blanc-jaune opalescent » qui lui a valu le surnom de « crabe de porcelaine ».
Ce minuscule crustacé est un véritable spécialiste de la discrétion. Il vit en symbiose avec des coraux mous appelés plumes de mer, se cachant dans leurs replis jusqu’à 122 mètres de profondeur pour se protéger et trouver de quoi se nourrir.
Un mode de vie à contre-courant
Son mode de vie est tout aussi singulier que son apparence. Oubliez l’image du crabe pinçant sa nourriture avec de grosses pinces. Lui, c’est un filtreur. « Ils se nourrissent de plancton à l’aide de pièces buccales modifiées dotées de longs poils », détaille le Dr Andrew Hosie, du Western Australian Museum. Ces poils agissent comme un peigne, balayant l’eau pour capturer les micro-organismes en suspension.
Une technique subtile, à l’image de cet animal presque fantomatique, qui illustre l’incroyable diversité des stratégies de survie dans l’océan.
La partie émergée de l'iceberg
Ce requin lumineux et ce crabe fragile ne sont que deux exemples parmi la vingtaine d’espèces que l’expédition de 2022 a révélées, aux côtés d’autres curiosités comme le poulpe Carnarvon Flapjack. Chaque mission de ce type nous le rappelle : un monde entier, foisonnant de vies étranges et merveilleuses, évolue sous nos pieds, dans le grand bleu silencieux. Et il nous reste encore tant à découvrir.
Selon la source : science-et-vie.com