Un père force l’agresseur de sa fille à creuser sa propre tombe avant de mourir
Auteur: Simon Kabbaj
C’est une histoire qui glace le sang, celle d’un père de famille qui, face à l’horreur, a décidé de se faire justice lui-même. En août 2020, Vyacheslav Matrosov, un homme ordinaire, a fait une découverte cauchemardesque sur le téléphone de son ‘meilleur ami’. Ce qu’il a vu l’a poussé à commettre un acte d’une violence inouïe, qui a divisé la Russie et le monde entier. Cette affaire pose une question terrible : jusqu’où un père peut-il aller pour venger son enfant ?
La découverte : le jour où un monde s'est effondré
Tout a basculé lorsque Vyacheslav Matrosov, 38 ans, a trouvé des vidéos sur le téléphone de son ami, Oleg Sviridov. Sur ces images, il a vu sa propre fille, âgée de seulement 6 ans, être abusée. Pire encore, l’audio des vidéos capturait les supplications désespérées de la petite. Sa femme, Natalya, a raconté au journal The Sun avoir trouvé les deux hommes en train de se battre, décrivant son mari comme ‘hystérique’. ‘Je ne l’avais jamais vu comme ça’, a-t-elle confié. ‘De ses mains tremblantes, il a sorti le téléphone d’Oleg et m’a montré une vidéo… Vous ne pouvez pas imaginer ce que j’ai ressenti’. Anéanti, son mari n’arrêtait pas de répéter : ‘C’est mon meilleur ami, je lui ai fait confiance avec nos enfants’.
Le point de non-retour : la forêt et la tombe
Fou de douleur et de rage, Matrosov a emmené Sviridov, 32 ans, dans une forêt isolée. Là, il l’aurait forcé à creuser sa propre tombe. La suite des événements est un peu floue. Selon certains rapports, Matrosov aurait poignardé son ancien ami. Mais la version qui sera retenue par les enquêteurs est différente : Matrosov aurait convaincu Sviridov de mettre fin à ses jours. Quelques jours plus tard, le corps de l’abuseur a été retrouvé dans cette tombe improvisée. Ce n’est que plusieurs semaines après que Matrosov a tout avoué à la police.
De meurtre à 'incitation au suicide' : le tournant de l'enquête
Initialement, l’affaire semblait entendue. Matrosov, ancien ouvrier dans une usine de moteurs de fusée, faisait face à une accusation de meurtre et risquait jusqu’à 15 ans de prison. Mais l’enquête a pris un tournant inattendu. Les enquêteurs ont conclu que les blessures mortelles de Sviridov étaient ‘auto-infligées’. L’accusation a donc été requalifiée en ‘incitation au suicide par menaces ou abus’. En Russie, ce crime est passible d’une peine maximale de six ans de prison, mais des peines non privatives de liberté sont souvent prononcées.
Le verdict : une peine controversée et une libération rapide
En 2022, le verdict est tombé. Le tribunal de Krasnoglinsky, à Samara, a reconnu Vyacheslav Matrosov coupable d’incitation au suicide et l’a condamné à 18 mois de prison. Une peine bien loin des 15 ans qu’il risquait au départ. Il a finalement retrouvé sa liberté après avoir passé seulement un an derrière les barreaux. Pour célébrer son retour, il a partagé une photo avec sa femme Natalya, accompagnée de la simple légende : ‘De retour à la maison. Je vous aime très fort’.
Un héros pour le peuple : l'incroyable soutien public
Ce qui rend cette affaire si particulière, c’est la réaction du public. Au lieu de le condamner, les habitants de son village de Pribrezhnoye l’ont érigé en héros. Ils ont organisé une collecte de fonds pour payer ses frais de justice. Une pétition demandant son acquittement a recueilli pas moins de 2 500 signatures. Le soutien a dépassé les frontières de son village. Des personnalités russes, comme la star de la télévision et ancienne candidate à la présidentielle Ksenia Sobchak, ont pris sa défense. ‘Tous les parents se lèvent pour le tueur de pédophile’, avait-elle déclaré à l’époque, comme le rapporte The Express.
Crédit image : Alexei Kouprianov from St Petersburg, Russia — DSC_0450 / Wikimedia / CC BY 2.0
Conclusion : quand la vengeance devient justice aux yeux du peuple
L’histoire de Vyacheslav Matrosov est celle d’un homme brisé qui a franchi la ligne rouge. Criminel aux yeux de la loi, il est devenu un justicier aux yeux d’une grande partie de l’opinion publique, qui a vu dans son geste l’ultime acte de protection d’un père. Cette affaire laisse une question complexe et dérangeante en suspens : quand la justice semble trop lente ou impuissante, la vengeance peut-elle être pardonnée ? Pour des milliers de personnes en Russie, la réponse semble être un ‘oui’ retentissant.
Selon la source : dailymail.co.uk