Bien avant que ChatGPT ne fasse trembler le monde du travail, Bill Gates avait déjà une idée folle, mais visionnaire : taxer les robots. En 2017, alors que l’IA semblait encore relever de la science-fiction, le co-fondateur de Microsoft a suggéré de taxer les robots qui remplacent les travailleurs humains, de la même manière qu’on taxe les salaires. Aujourd’hui, avec l’automatisation galopante, cette proposition qui semblait farfelue refait surface et pourrait bien être la clé de notre avenir économique. Certains y voient même le moyen de financer une idée encore plus radicale : le revenu universel.
La menace sur l'emploi n'est plus une question, mais une réalité
La question n’est plus de savoir ‘si’ les robots vont remplacer nos emplois, mais ‘comment’ notre société va s’adapter. Les chiffres sont vertigineux. En 2024, plus de 4 millions de robots industriels étaient installés dans les usines du monde entier. Le géant Amazon, à lui seul, utilise plus de 750 000 robots dans ses entrepôts. Une enquête de Bloomberg en 2025 a révélé que les grandes banques prévoyaient de remplacer 200 000 postes par l’IA dans les 3 à 5 prochaines années. On estime que 300 millions d’emplois pourraient être perdus à cause de l’IA d’ici 5 ans. Le tsunami est en marche.
Pourquoi taxer les robots ? L'argument de Bill Gates
Le raisonnement de Bill Gates est simple et logique. Si une entreprise paie des impôts et des cotisations sur le salaire d’un employé humain, pourquoi ne paierait-elle rien lorsqu’elle le remplace par un robot qui fait exactement le même travail ? Pour lui, cet ‘impôt sur les robots’ pourrait avoir un double avantage. D’une part, il pourrait ralentir ‘juste un peu’ l’automatisation, donnant le temps à la société de s’adapter. D’autre part, les revenus générés par cette taxe pourraient financer des programmes sociaux cruciaux, comme la reconversion des travailleurs licenciés ou la création d’emplois dans des secteurs où l’empathie humaine reste indispensable (soins aux personnes âgées, éducation…)
Le lien évident avec le revenu universel de base (UBI)
Bien que Bill Gates ne l’ait pas dit explicitement en 2017, le lien est aujourd’hui évident pour beaucoup : si les robots travaillent à notre place, la taxe sur leur ‘travail’ pourrait financer un revenu universel de base (UBI) pour tous les citoyens. C’est une idée qui gagne du terrain. Elon Musk lui-même a averti que l’IA rendrait l’UBI ‘nécessaire’. En France, le candidat à la présidentielle Benoît Hamon avait déjà proposé de le financer en partie par une taxe sur les robots. Face à la disparition massive d’emplois traditionnels, le revenu universel pourrait devenir le nouveau filet de sécurité sociale du 21e siècle.
Mais l'idée est loin de faire l'unanimité...
Taxer les robots, une solution miracle ? Pas si vite. L’idée a de nombreux détracteurs. En février 2017, le Parlement européen a rejeté une proposition de taxe sur les robots, craignant que cela ne freine l’innovation. Les critiques soulèvent plusieurs problèmes :
- Qu’est-ce qu’un ‘robot’ ? La définition est floue. Est-ce qu’un logiciel, un distributeur automatique ou un algorithme est un robot ? Taxer tout cela semble impossible.
- La fuite des entreprises : Les entreprises pourraient simplement délocaliser leurs robots dans des pays sans taxe, ce qui ne résoudrait rien.
- Un frein à la compétitivité : Taxer l’automatisation pourrait ralentir la croissance économique et rendre les entreprises moins compétitives sur le marché mondial.
L'effet pervers : une taxe qui pourrait nuire aux travailleurs
Paradoxalement, une taxe sur les robots pourrait même se retourner contre les travailleurs qu’elle est censée protéger. Si l’automatisation devient trop chère, les entreprises pourraient être tentées de conserver des emplois humains mal payés et pénibles, au lieu d’investir dans des technologies qui pourraient créer de nouveaux postes plus qualifiés. Plutôt que de libérer les humains des tâches répétitives, on les maintiendrait dans des ‘mauvais boulots’. C’est un risque à ne pas négliger.
Conclusion : le débat est lancé, et il est urgent
Que l’on soit pour ou contre, l’idée de Bill Gates a eu le mérite de lancer un débat crucial. L’automatisation s’accélère et notre système fiscal, largement basé sur l’impôt sur le revenu du travail humain, est en train de devenir obsolète. Il est urgent de repenser nos modèles sociaux et fiscaux pour s’adapter à cette nouvelle réalité. L’idée de taxer les robots, qui semblait prématurée en 2017, apparaît aujourd’hui remarquablement d’actualité. L’avenir du travail est en jeu, et nous ne pouvons plus nous permettre de faire l’autruche.
Selon la source : cnbc.com