Un test du cerveau pourrait prédire certaines réactions liées aux émotions chez les personnes sous antidépresseurs.
Auteur: Mathieu Gagnon
On le sait, les antidépresseurs sont une aide précieuse pour de nombreuses personnes qui souffrent de dépression. Mais il y a souvent une ombre au tableau : les effets secondaires sur la vie intime. C’est une préoccupation majeure pour beaucoup de gens, et ça se comprend. Imaginez si on pouvait savoir à l’avance si un traitement risquait de causer ce genre de soucis… Eh bien, des chercheurs au Danemark ont peut-être trouvé une piste très sérieuse, et c’est une nouvelle qui redonne de l’espoir.
Le grand dilemme : soigner l'esprit, mais à quel prix ?
La dépression elle-même peut déjà rendre la vie sexuelle compliquée. Le paradoxe, c’est que les médicaments les plus courants pour la soigner, les fameux ISRS (comme le Prozac, par exemple), peuvent aussi créer des problèmes. On parle de difficultés à maintenir une érection ou, très souvent, d’une difficulté à atteindre une émotion. Ce n’est pas un petit problème, ça peut toucher jusqu’à 7 personnes sur 10 sous traitement.
Forcément, c’est très pénible et décourageant, au point que certains décident d’arrêter leur traitement à cause de ça. C’est un vrai cercle vicieux.
Une découverte surprenante grâce à un simple test auditif
Pour trouver une solution, des chercheurs de Copenhague ont eu une idée originale. Ils ont utilisé un test qui, à première vue, n’a rien à voir avec la sexualité. Il s’agit d’un test EEG spécial (nom de code LDAEP, mais peu importe le nom !), qui ressemble beaucoup à un test d’audition. On vous met un casque sur les oreilles et on mesure comment votre cerveau réagit aux sons.
Et c’est là que ça devient fascinant : cette réaction aux sons en dit long sur le niveau de sérotonine dans votre cerveau. La sérotonine, c’est cette fameuse « hormone du bonheur » qui joue un rôle clé dans la dépression.
Comment l'étude a-t-elle fonctionné concrètement ?
L’équipe a réuni 90 personnes diagnostiquées avec une dépression. Avant de commencer le moindre traitement, chacun a passé ce fameux test auditif pour mesurer son niveau de sérotonine « de base ».
Ensuite, tous les participants ont commencé un traitement antidépresseur de type ISRS pendant huit semaines. Pendant toute cette période, les chercheurs ont suivi de très près l’apparition d’éventuels effets secondaires sexuels. L’objectif était simple : voir s’il y avait un lien entre le résultat du test initial et les problèmes apparus plus tard.
La clé du mystère : tout dépend du niveau de départ !
Et bingo ! Les résultats sont clairs. Les personnes qui avaient un niveau de sérotonine déjà élevé *avant* même de commencer le traitement étaient beaucoup, beaucoup plus susceptibles de développer des effets secondaires, en particulier des difficultés à atteindre une émotion.
Ce n’est pas juste une impression. Le test a permis de prédire cette difficulté avec une précision étonnante de 87%. C’est une avancée énorme, car ça veut dire qu’on pourrait potentiellement identifier les personnes à risque avant même qu’elles n’avalent leur premier comprimé.
À quoi pourrait servir ce test dans le futur ?
Actuellement, on découvre ces effets secondaires « sur le tas », une fois que le traitement est déjà en place. C’est un peu la loterie. L’idée, avec ce test, serait de pouvoir faire un choix plus éclairé dès le départ. Votre médecin pourrait vous faire passer ce test de 30 minutes, qui est totalement indolore.
S’il révèle que vous avez un risque élevé de développer ces problèmes avec un certain type de médicament, il pourrait alors vous en prescrire un autre, d’une famille différente. Cela permettrait d’éviter bien des angoisses et d’améliorer grandement la qualité de vie pendant le traitement.
Ce qu'en pensent les experts et les prochaines étapes
Un professeur qui n’a pas participé à l’étude a qualifié ces travaux de « très intéressants ». Il pense que ce genre de test pourrait vraiment rassurer les patients qui hésitent à se soigner par peur des effets secondaires. C’est un point de vue encourageant.
Bien sûr, il faut rester prudent. L’étude a été menée sur un petit groupe, composé majoritairement de jeunes femmes. Les chercheurs le savent et sont déjà en train de préparer une étude bien plus vaste, avec 600 patients, pour s’assurer que leurs résultats sont solides et s’appliquent à tout le monde. La science avance pas à pas, mais la direction est bonne.
Conclusion : Vers un traitement de la dépression plus humain
Alors, non, ce test ne sera pas disponible demain chez votre médecin traitant. Il y a encore du chemin à parcourir. Mais c’est une lueur d’espoir bien réelle. Elle nous montre que la recherche avance vers des traitements de plus en plus personnalisés, qui ne se contentent pas de soigner une maladie, mais qui prennent aussi en compte la personne dans sa globalité, avec sa vie, ses désirs et son bien-être. Et ça, c’est une formidable nouvelle.
Selon la source : medicalxpress.com