Fin des examens douloureux ? Ce test salivaire pourrait remplacer l’IRM pour détecter l’endométriose !
Auteur: Adam David
Huit ans. C’est la durée moyenne de l’errance médicale que subissent les femmes atteintes d’endométriose avant qu’un diagnostic ne soit posé. Une attente interminable, jalonnée de douleurs et d’incompréhension. Face à ce constat, un test salivaire, l’Endotest, développé par une start-up française, pourrait bien changer la donne. Mais cette promesse technologique est-elle à la hauteur des espoirs qu’elle suscite ?
Le mal invisible et le parcours du combattant
L’endométriose n’est pas une maladie rare. Elle touche une femme sur dix en France, soit près de deux millions de personnes. En cause : du tissu semblable à la muqueuse utérine qui migre là où il ne devrait pas être – ovaires, vessie, rectum… Le résultat ? Des douleurs pelviennes, digestives ou menstruelles, souvent si intenses qu’elles en deviennent invalidantes.
Pour mettre un nom sur ces maux, le parcours est souvent long et complexe. Il passe généralement par une échographie spécialisée ou une IRM pelvienne, des examens qui nécessitent des radiologues experts, pas toujours disponibles sur tout le territoire.
La promesse dans une goutte de salive
C’est dans ce contexte qu’est apparu l’Endotest. Depuis début 2025, une centaine de centres en France le proposent dans le cadre d’une expérimentation financée par l’État via le ‘forfait innovation’. Le principe est, sur le papier, d’une simplicité désarmante : un prélèvement de salive.
Grâce au séquençage à haut débit et à l’intelligence artificielle, le test analyse des biomarqueurs spécifiques, les micro-ARN, présents dans la salive. Ziwig, la start-up française derrière cette innovation, avance un chiffre impressionnant : une fiabilité de 95 %. ‘Il n’y a aucun produit au monde qui atteint cette qualité’, martèle son président, Yahya El Mir, convaincu de la robustesse de sa méthode.
Entre enthousiasme et prudence scientifique
Pourtant, cet enthousiasme n’est pas unanimement partagé dans le monde médical. La Haute Autorité de Santé (HAS), si elle a bien donné son feu vert à l’expérimentation, reste sur ses gardes. Elle estime que les données cliniques sont encore trop maigres pour conclure à un ‘bénéfice net’ pour les patientes.
Un avis que partagent certains chercheurs, comme Bianca Schor, spécialiste de l’IA appliquée à la santé des femmes. La question qu’elle soulève est simple : ‘Peut-on généraliser un outil validé sur un échantillon si restreint ?’. Car c’est bien là que le bât blesse. Les études qui soutiennent le test, bien que publiées dans des revues prestigieuses, ne portaient initialement que sur quelques centaines de femmes. Un bon début, certes, mais insuffisant pour crier victoire.
Du côté des patientes, un immense espoir
Loin de ces débats scientifiques, pour les femmes qui souffrent, l’Endotest incarne avant tout un immense soulagement potentiel. L’idée de pouvoir éviter des examens parfois perçus comme invasifs ou anxiogènes est une petite révolution en soi.
Camille, 32 ans, qui vit avec des douleurs pelviennes depuis son adolescence, met des mots sur cet espoir : ‘Si un simple prélèvement de salive pouvait remplacer l’IRM ou la cœlioscopie, ce serait un gain de temps et de confiance énorme’. Pour elle, comme pour beaucoup d’autres, c’est la promesse d’être enfin crue, rapidement.
Un outil de dépistage, pas (encore) de diagnostic complet
Les médecins tiennent toutefois à tempérer les attentes. Non, l’Endotest ne signe pas la fin de l’imagerie médicale. Un test positif est une indication forte, mais il ne dit rien de la localisation précise des lésions, ni de leur étendue. Or, ces informations sont cruciales pour définir une stratégie de traitement adaptée.
Une IRM ou une échographie de confirmation reste donc, pour l’heure, une étape incontournable après un test positif. L’outil servirait donc avant tout à orienter plus vite les bonnes patientes vers les bons examens, et à rassurer celles dont les symptômes auraient une autre origine.
Une avancée à confirmer
L’Endotest est sans conteste un symbole. Celui d’une meilleure reconnaissance de l’endométriose comme un enjeu de santé publique majeur. Si les essais en cours confirment sa fiabilité à plus grande échelle, il pourrait s’intégrer dans le parcours de soin officiel d’ici 2027, simplifiant drastiquement le dépistage.
Mais la route est encore longue. Avant de généraliser un tel outil, la science doit livrer des preuves solides, pour que la promesse ne se transforme pas en source de faux espoirs ou, pire, d’erreurs médicales. L’espoir est là, mais il doit rester patient.
Selon la source : passeportsante.net