Uranus et Neptune pourraient ne pas être des « géantes de glace », mais les premières « géantes rocheuses » du système solaire
Auteur: Mathieu Gagnon
Depuis des années, les livres de science nous racontent la même histoire. Uranus et Neptune, ces deux géantes lointaines aux confins de notre système solaire, sont des « géantes de glace ». Ça semblait logique. Mais voilà qu’une nouvelle étude vient semer le doute. Et si cette classification, que l’on pensait gravée dans le marbre, était en fait erronée ? Il se pourrait bien que nous ayons tout faux au sujet de nos voisines les plus éloignées.
Qu'est-ce qu'une « géante de glace » ?
Pour bien comprendre, il faut savoir comment on classe les planètes. C’est assez simple. Il y a d’abord les petites planètes rocheuses, comme notre Terre, Mars, Vénus et Mercure, qui sont faites de roches et de métal. Ensuite, il y a les planètes géantes, qui se divisent en deux groupes.
D’un côté, Jupiter et Saturne, les « géantes gazeuses ». Elles sont composées à plus de 90% de gaz, principalement de l’hydrogène et de l’hélium. De l’autre, il y a Uranus et Neptune. On les a baptisées « géantes de glace » car on pensait qu’elles étaient surtout faites de molécules comme l’eau et l’ammoniac, des éléments qui étaient sous forme de glace solide au moment de leur formation, il y a des milliards d’années.
Le problème : on ne sait pas grand-chose
Le souci, c’est que notre connaissance de ces deux planètes est très limitée. En fait, une seule sonde spatiale les a approchées : Voyager 2, il y a plus de 30 ans. Et elle n’a fait que passer en coup de vent !
Tout le reste de ce que nous croyons savoir vient d’observations indirectes, faites depuis la Terre. On étudie leur surface de loin, le comportement de leurs lunes, leurs champs magnétiques… C’est un peu comme essayer de deviner les ingrédients d’un gâteau juste en regardant le glaçage. Forcément, parfois, on peut se tromper.
Une nouvelle manière de voir les choses
Face à ce manque d’informations, des chercheurs ont eu une idée originale. Plutôt que de partir des anciennes théories, ils ont décidé de repartir de zéro. À l’aide d’ordinateurs, ils ont créé des milliers de modèles différents de ce à quoi l’intérieur d’Uranus et de Neptune pourrait ressembler. Des modèles où elles sont riches en eau, et d’autres où elles sont riches en roches.
Ensuite, ils ont comparé tous ces modèles virtuels avec les rares données réelles que nous possédons. Ils ont gardé uniquement les modèles qui correspondaient le mieux à ce que l’on observe vraiment.
La surprise : la roche semble mieux correspondre que la glace
Le résultat est pour le moins inattendu. Les modèles qui collent le mieux à la réalité sont ceux où les planètes ont une structure interne beaucoup plus rocheuse que ce qu’on imaginait. L’idée d’une planète dominée par des « glaces » ne semble pas aussi bien fonctionner qu’un modèle avec un cœur plus solide, plus rocheux.
Cette découverte remet en question des décennies de certitudes. Si ce n’est pas de la glace, alors notre classification est fausse.
Alors, comment les appeler ?
Les chercheurs proposent un nouveau nom : les « géantes rocheuses ». C’est une idée, même si cela pourrait créer une confusion avec les petites planètes rocheuses comme la Terre. On trouvera peut-être un meilleur nom. Mais au fond, pourquoi est-ce si important ? Parce que comprendre la composition d’une planète nous aide à expliquer ses mystères. Par exemple, le champ magnétique d’Uranus est vraiment bizarre, complètement incliné. Un intérieur rocheux pourrait être la clé pour enfin comprendre pourquoi.
La seule solution : il faut y retourner
Attention, il faut rester prudent. Les scientifiques eux-mêmes le disent : ce n’est qu’une théorie pour l’instant. Pour en avoir le cœur net, il n’y a pas trente-six solutions. Il faut absolument envoyer de nouvelles missions pour explorer Uranus et Neptune. Le célèbre professeur Brian Cox a même déclaré que s’il était milliardaire, c’est la première chose qu’il ferait : financer des sondes vers ces deux mondes. L’envie de savoir est immense, car les secrets qu’elles renferment sont encore hors de notre portée.
Conclusion : Un mystère qui reste entier
Finalement, Uranus et Neptune sont encore plus énigmatiques qu’on ne le pensait. Le titre de « géantes de glace » ne leur convient peut-être plus. Sont-elles en réalité des géantes rocheuses déguisées ? C’est une question passionnante qui nous rappelle à quel point il nous reste de choses à découvrir, même dans notre propre système solaire. Pour l’instant, ces mondes lointains gardent leurs secrets, attendant patiemment que nous venions leur rendre visite pour les percer à jour.
Selon la source : iflscience.com