Trump menace de couper l’aide américaine à l’Argentine si Milei perd les élections
Auteur: Adam David
C’est un soutien qui a le goût d’un avertissement. En recevant son allié argentin Javier Milei à la Maison Blanche, Donald Trump n’a pas seulement promis un appui politique et économique massif, il a aussi posé ses conditions, et ce, sans détour. Le message est clair : l’aide américaine, aussi conséquente soit-elle, est directement liée à la survie politique du président argentin.
« S'il perd, nous ne serons pas généreux »
Les mots du président américain ont été d’une clarté brutale. « S’il perd, nous ne serons pas généreux avec l’Argentine », a-t-il lancé alors que Milei cherchait un appui de poids avant des élections législatives cruciales. Trump a martelé sa position : « Je suis avec cet homme parce que sa philosophie est la bonne. Il peut gagner comme il peut perdre – je pense qu’il va gagner. S’il gagne, nous restons avec lui, et s’il ne gagne pas, nous partons. » Une déclaration qui sonne comme une mise sous tutelle.
Des élections pour éviter le mur législatif
L’enjeu est de taille pour le leader argentin. Le scrutin du 26 octobre déterminera sa capacité à gouverner. Avec un parti minoritaire au Congrès, Javier Milei a désespérément besoin de renforcer ses rangs pour faire passer ses réformes d’austérité très controversées. Sans une victoire, il risque de se heurter à un véritable mur législatif pour les deux années restantes de son mandat, le condamnant à l’impuissance.
Un chèque de 20 milliards qui ne calme pas les marchés
Pourtant, malgré la promesse d’une aide de 20 milliards de dollars par l’administration Trump, la fébrilité des marchés ne retombe pas. L’Argentine, de nouveau au bord de la crise financière, a dû dépenser plus d’un milliard de dollars ces dernières semaines pour défendre un peso chancelant. Une stratégie que la plupart des économistes jugent intenable à long terme. La défiance persiste, et la cote de popularité de Milei s’effrite.
Cet appui financier américain, annoncé par le secrétaire au Trésor Scott Bessent pour répondre à un « moment d’illiquidité aiguë », est une intervention directe et rare de Washington sur les marchés monétaires latino-américains. Elle souligne à quel point le succès de Milei est devenu un intérêt stratégique pour les États-Unis.
L'ombre de la chine et du lithium
À Buenos Aires, les spéculations vont bon train sur les contreparties d’un tel soutien. Qu’attend réellement Donald Trump de son homologue argentin ? Avant l’arrivée au pouvoir de Milei, l’Argentine, l’un des plus grands producteurs de lithium au monde, avait considérablement resserré ses liens avec la Chine. On peut imaginer que Washington voit d’un bon œil ce virage à droite et espère en récolter les fruits, notamment sur le plan des ressources stratégiques.
Une diplomatie de la transaction qui dépasse l'argentine
La méthode Trump, directe et transactionnelle, ne se limite pas à l’Amérique latine. Le même jour, le président américain a menacé l’Espagne de sanctions commerciales, notamment via des droits de douane. La raison ? Son refus de porter ses dépenses de défense à 5% du PIB, un objectif fixé par l’OTAN. « Je suis très mécontent de l’Espagne », a-t-il déclaré, jugeant l’attitude de Madrid « irrespectueuse ».
Même si le Premier ministre Pedro Sánchez avait obtenu une dérogation, s’engageant sur un objectif de 2,1%, l’avertissement est là. Il illustre une politique étrangère où les alliances sont constamment réévaluées à l’aune des intérêts américains, et où la pression est un outil diplomatique comme un autre.
le pari risqué de javier milei
Pour Javier Milei, le soutien de Washington est à la fois une bouée de sauvetage et un pari extrêmement risqué. En liant son destin politique à celui d’un allié aussi puissant qu’imprévisible, il place l’avenir de l’Argentine sur une corde raide. Le message envoyé par la Maison Blanche est d’une clarté redoutable : en politique comme en affaires, l’amitié a un prix, et la loyauté n’est jamais inconditionnelle.
Selon la source : theguardian.com