Explosion de la mortalité chez les jeunes : les chiffres qui inquiètent la planète
Auteur: Adam David
Alors que l’humanité n’a jamais vécu aussi longtemps, une ombre tenace vient noircir le tableau. Contre toute attente, nos jeunes meurent plus qu’il y a dix ans. C’est le constat alarmant d’une vaste étude mondiale qui met en lumière une crise sanitaire inattendue, touchant de plein fouet les adolescents et les jeunes adultes.
Derrière les chiffres, une étude colossale
Cette sonnette d’alarme n’émane pas de n’importe où. Elle est tirée de la dernière étude sur la charge mondiale de morbidité (GBD), un travail titanesque piloté par l’Institute for Health Metrics and Evaluation (IHME) de l’Université de Washington. Imaginez : 16 500 chercheurs à travers le monde, analysant des données de 204 pays sur plus de trente ans. Leurs conclusions, publiées dans la prestigieuse revue The Lancet, dessinent les contours de nos nouveaux défis sanitaires.
Pour Christopher Murray, directeur de l’IHME, ces données sont bien plus qu’une simple compilation. Elles sont un « signal d’alarme » qui doit pousser les gouvernements à « réagir rapidement et stratégiquement ».
L'occident face à ses démons
Le constat est particulièrement brutal dans les pays riches. C’est en Amérique du Nord que la mortalité des 20-39 ans a le plus grimpé entre 2011 et 2023. Les coupables sont clairement identifiés : overdoses, suicides et consommation excessive d’alcool. Une spirale destructrice qui frappe une génération que l’on pensait à l’abri des grandes pandémies d’autrefois. Le même phénomène, bien que moins intense, s’observe aussi chez les 5-19 ans en Europe de l’Est et dans les Caraïbes.
Dans le sud, d'autres batailles
Le tableau est cependant loin d’être uniforme. Dans les pays à faible revenu, et notamment en Afrique subsaharienne, le combat est différent. L’étude révèle que la mortalité infantile (5-14 ans) y a été sous-estimée. Ici, ce sont encore les maladies infectieuses – tuberculose, infections respiratoires – et les accidents qui fauchent des vies. Le sort des jeunes femmes de 15 à 29 ans y est aussi plus tragique que ce que l’on pensait, avec une mortalité 61 % supérieure aux estimations, en raison des décès en couches, des accidents de la route et de la méningite.
Le raz-de-marée des maladies non transmissibles
Au-delà de ces spécificités régionales, une tendance de fond se dégage : le monde est entré dans l’ère des maladies chroniques. Cardiopathies, AVC, diabète… ces affections représentent désormais près des deux tiers des causes d’invalidité sur la planète. La Covid-19, qui était la première cause de décès en 2021, a été reléguée à la vingtième place en 2023. Un basculement rapide qui oblige à repenser entièrement nos systèmes de santé, souvent encore bâtis pour lutter contre les épidémies infectieuses.
La santé mentale, cet angle mort
Comment expliquer cette détresse des jeunes dans les pays développés ? Les chercheurs avancent une piste, souvent sous-estimée : la santé mentale. La montée en flèche des troubles anxieux (+63 %) et dépressifs (+26 %), surtout chez les femmes, pourrait être l’un des moteurs silencieux de cette hausse de la mortalité. C’est une souffrance invisible qui, lorsqu’elle n’est pas prise en charge, peut mener au pire.
Des leviers d'action à portée de main
Pourtant, la fatalité n’a pas sa place ici. L’étude rappelle qu’environ la moitié des décès et des invalidités sont liés à des facteurs de risque que l’on peut modifier. On parle ici d’hypertension, de tabagisme, de pollution, mais aussi d’un indice de masse corporelle (IMC) trop élevé ou d’une mauvaise alimentation. Cela signifie que des stratégies de prévention ciblées, axées sur l’hygiène de vie et l’éducation dès le plus jeune âge, pourraient inverser la tendance. Il ne s’agit plus seulement de protéger les enfants et les seniors, mais d’accompagner les jeunes adultes.
l'urgence d'agir, sous peine de fracture
Mais cette prise de conscience se heurte à un mur bien réel : celui du financement. Emmanuela Gakidou, auteure principale de l’étude, lance un avertissement sans détour. Les récentes coupes budgétaires dans l’aide internationale menacent de réduire à néant des décennies d’efforts dans les pays les plus pauvres. « En l’absence de ce financement, les inégalités continueront de se creuser », prévient-elle. Laisser une partie du monde derrière, c’est prendre le risque d’une fracture sanitaire globale dont tout le monde, au final, paiera le prix.
Selon la source : trustmyscience.com