L’OTAN teste des communications laser ‘indétectables et impossibles à brouiller’ en mer, et ça a marché
Auteur: Simon Kabbaj
Si vous avez déjà été en mer, vous savez à quel point il est difficile de capter du réseau. Les marins utilisent des systèmes radio pour communiquer, mais cette technologie a ses limites, surtout pour les missions discrètes : elle peut être écoutée, brouillée, ou localisée. Mais une entreprise lituanienne, Astrolight, pense avoir la solution : remplacer les ondes radio par des lasers. Comme le rapporte la journaliste Gayoung Lee, leur système, baptisé POLARIS, vient d’être testé avec un succès éclatant lors du plus grand exercice naval annuel de l’OTAN, ouvrant la voie à une nouvelle ère de communications militaires ultra-sécurisées.
Comment ça marche ? Des lasers pour 'parler' en mer
Le système POLARIS est ce qu’on appelle une communication optique en espace libre (FSO). Pour faire simple, c’est une version surpuissante de votre télécommande. Un appareil transforme les données (vidéo, audio, etc.) en un signal lumineux, un rayon laser, qui est envoyé vers un récepteur. Ce rayon est invisible à l’œil nu et extrêmement directif, ce qui le rend ‘silencieux, impossible à brouiller et indétectable‘, selon DIANA, une initiative de l’OTAN. Le terminal lui-même est étonnamment petit, pesant à peine 16 kilos, ce qui le rend facile à installer sur n’importe quel navire.
Un test grandeur nature réussi au-delà de toutes les espérances
La technologie a été mise à l’épreuve dans les conditions les plus réalistes possibles, lors de l’exercice REPMUS 2025. Deux terminaux POLARIS ont été installés sur deux navires de la marine lituanienne. ‘Les navires ont navigué sur une mer Baltique relativement agitée ce jour-là, avec un peu de pluie également, et ont tout de même pu établir et maintenir une liaison de communication’, a expliqué avec fierté le PDG d’Astrolight, Laurynas Maciulis. Les résultats ont dépassé toutes les attentes : ils ont établi une connexion sécurisée sur une distance de 15 kilomètres (dépassant leurs objectifs de 200% !) et ont réussi à transmettre ‘plus de 10 flux vidéo HD en temps réel simultanément, même à travers la pluie et le brouillard’.
Pourquoi est-ce si important ? La menace du brouillage GPS
Ce test n’était pas un simple exercice technologique. C’était une réponse à une menace bien réelle et croissante. ‘Avec les attaques persistantes et croissantes de brouillage GPS sur les territoires de l’OTAN, nous devions tester [POLARIS] dans des conditions réelles dès que possible’, a ajouté le directeur technique d’Astrolight, Dalius Petrulionis. Dans un contexte où des puissances comme la Russie utilisent massivement la guerre électronique pour aveugler leurs adversaires, disposer d’une alternative aux communications radio, qui ne peut pas être brouillée, est devenu une nécessité stratégique absolue pour les forces de l’OTAN.
Et après ? De la mer... à l'espace !
Le succès de POLARIS ouvre des perspectives immenses. Astrolight espère d’abord équiper de nombreux autres navires, et envisage d’utiliser cette technologie pour des opérations de recherche dans des environnements extrêmes comme l’Arctique. Mais l’ambition ultime de l’entreprise est encore plus grande : l’espace. Elle travaille déjà sur un projet baptisé ATLAS-2, un terminal optique conçu pour les communications par satellite, dont le lancement est prévu pour début 2026. La technologie qui a fait ses preuves en mer pourrait bientôt révolutionner la manière dont nos satellites communiquent avec la Terre.
Conclusion : une révolution silencieuse pour les communications militaires
Le succès du test de POLARIS est bien plus qu’une simple prouesse technique. C’est une avancée majeure pour la sécurité des communications militaires à une époque où la guerre électronique est omniprésente. En offrant une alternative fiable, indétectable et impossible à brouiller, cette innovation lituanienne pourrait bien redéfinir les opérations navales, et demain, spatiales. C’est une révolution silencieuse, aussi discrète et précise qu’un rayon laser fendant la brume de la mer Baltique.
Selon la source : seapowermagazine.org