Entendre des voix : la science nous aide à comprendre ce qu’il se passe dans la tête
Auteur: Mathieu Gagnon
Un mystère qui s’éclaircit

Vous avez peut-être déjà entendu parler de personnes qui « entendent des voix ». C’est quelque chose qui peut faire un peu peur et qu’on associe souvent à une maladie appelée la schizophrénie. Pendant longtemps, on a eu du mal à comprendre pourquoi cela arrivait. Eh bien, des chercheurs viennent de faire une découverte très importante qui nous aide à y voir plus clair.
Ils pensent avoir trouvé une des raisons principales : ce serait un petit « défaut de communication » dans notre propre cerveau. Dans cet article, on va vous expliquer tout ça avec des mots simples, pour que tout le monde puisse comprendre ce qui se passe dans la tête de ces personnes.
La petite voix dans notre tête, c’est quoi au juste ?

Nous avons tous, ou presque tous, une sorte de « petite voix » intérieure. C’est cette voix qui nous parle dans notre tête quand on réfléchit, quand on lit un livre en silence ou quand on se dit « tiens, je ne dois pas oublier d’acheter du pain ». C’est ce que les scientifiques appellent le discours intérieur.
Cette voix est tout à fait normale, c’est notre propre pensée. On ne l’entend pas avec nos oreilles, mais on la perçoit dans notre esprit. C’est un peu comme si on se parlait à soi-même, mais sans faire de bruit.
Notre cerveau : un chef d’orchestre bien organisé

Notre cerveau est une machine incroyable. Quand on décide de parler à voix haute, il le sait à l’avance. Il envoie un message pour dire : « Attention, c’est moi qui vais faire du bruit ! ». Du coup, il baisse un peu le volume de ce qu’il entend pour ne pas être surpris par notre propre voix. C’est ce qui nous permet de bien entendre les autres, même quand on parle.
C’est un peu comme un chef d’orchestre qui sait exactement quel musicien va jouer et qui prépare les autres à l’écouter. Tout est parfaitement coordonné.
Et si le chef d’orchestre se trompait ?

Maintenant, imaginez que ce chef d’orchestre se trompe. C’est ce qui semble se passer chez les personnes qui entendent des voix. Quand leur petite voix intérieure (leur pensée) se met à parler, leur cerveau ne la reconnaît pas comme venant d’eux-mêmes. Il ne baisse pas le volume.
Au contraire, il réagit comme si c’était un son venu de l’extérieur, comme si quelqu’un d’autre parlait. Leur propre pensée est alors perçue comme une voix étrangère. C’est ça, une hallucination auditive. Ce n’est pas imaginaire, pour la personne, le son est bien réel car son cerveau le traite comme tel.
Comment les scientifiques ont-ils prouvé cela ?

Pour vérifier cette idée, les chercheurs ont mené une expérience très astucieuse. Ils ont réuni trois groupes de personnes : des personnes en bonne santé, des personnes atteintes de schizophrénie qui entendaient des voix, et d’autres qui n’en entendaient pas.
Ils ont mis un casque avec des électrodes sur la tête de chacun pour mesurer l’activité du cerveau. Ensuite, ils leur ont demandé d’imaginer dire un son (par exemple « bah ») dans leur tête au même moment où ils entendaient un son dans un casque audio. Parfois, le son entendu correspondait au son pensé, parfois non.
Des résultats qui confirment la théorie

Les résultats ont été très clairs. Chez les personnes en bonne santé, quand le son pensé et le son entendu étaient les mêmes, l’activité du cerveau dans la zone du son diminuait. C’est normal, le cerveau avait anticipé.
Mais chez les personnes qui entendaient des voix, c’était tout le contraire ! Quand les sons correspondaient, l’activité de leur cerveau augmentait fortement. C’était la preuve que leur cerveau était surpris et traitait leur propre pensée comme une voix extérieure et inconnue. C’est une découverte majeure, car elle confirme une théorie qui existait depuis près de 50 ans.
Quel espoir pour l’avenir ?

Cette découverte est plus qu’une simple explication, c’est une source d’espoir. En comprenant mieux la cause biologique de ce symptôme, les médecins espèrent pouvoir le détecter plus tôt. Ils cherchent à faire de cette mesure de l’activité du cerveau un « biomarqueur ».
Un biomarqueur, c’est un peu comme prendre la tension pour surveiller le cœur. Ce serait un signe qui pourrait alerter les médecins sur un risque de développer la maladie, avant même que les symptômes les plus lourds n’apparaissent. Et qui dit détection précoce, dit meilleure prise en charge et développement de nouveaux traitements plus ciblés et, on l’espère, plus efficaces.
Conclusion : Un grand pas pour la science et pour les patients

En résumé, entendre des voix n’est pas un signe de folie, mais le résultat d’un véritable court-circuit dans la communication du cerveau. La petite voix intérieure que nous avons tous est mal interprétée et perçue comme venant de l’extérieur. C’est une explication rationnelle qui peut aider à déstigmatiser cette maladie.
Cette avancée scientifique est un grand pas. Elle nous rapproche du jour où nous pourrons non seulement mieux comprendre, mais aussi mieux soigner les personnes qui souffrent de ces symptômes si déroutants. C’est une lumière au bout du tunnel pour de nombreux patients et leurs familles.