Ce qui est vraiment important ici, c’est que cette défaillance dans le système d’élimination des déchets pourrait bien expliquer pourquoi des facteurs que nous connaissons déjà – comme le mauvais sommeil ou les soucis cardiovasculaires (pression artérielle élevée, par exemple) – augmentent si dramatiquement le risque de développer une démence plus tard. C’est une pièce du puzzle qui manquait, je suppose.
Le mystère du système glymphatique : un réseau découvert récemment
Ce système fonctionne en faisant circuler le liquide céphalo-rachidien (le LCR, ce liquide clair qui protège et amortit notre cerveau) le long de minuscules canaux qui entourent nos vaisseaux sanguins. On appelle ces canaux les espaces périvasculaires. Le LCR se déplace, ramasse les toxines et les matériaux usagés, et les draine hors du cerveau. Quand ça marche bien, le cerveau reste propre et en bonne santé. Mais quand ça coince, les substances toxiques s’accumulent. Pensez, par exemple, aux plaques amyloïdes et aux écheveaux de tau qui caractérisent la maladie d’Alzheimer. Le système glymphatique est censé protéger contre cette accumulation.
L'étude du UK Biobank : 40 000 cerveaux sous la loupe
L’équipe a appliqué cet algorithme à environ 40 000 adultes recrutés dans la base de données gigantesque du UK Biobank. C’est une cohorte immense ! Et qu’ont-ils trouvé ? Trois « biomarqueurs » indiquant un mauvais fonctionnement glymphatique au départ. Ces marqueurs prédisaient le risque de démence au cours de la décennie suivante. Parmi eux, il y avait le DTI-ALPS (une mesure de la diffusion des molécules d’eau dans ces fameux espaces périvasculaires), la taille du plexus choroïde (où le LCR est fabriqué) et la vitesse du flux du LCR entrant. C’est vraiment précis, même si, comme le dit Yutong Chen, il faut rester « prudent » car ce sont des marqueurs indirects.
Le lien fatal entre vaisseaux et évacuation des déchets
Hui Hong, premier auteur de l’étude, explique bien la chose : on savait déjà que les problèmes vasculaires accéléraient des maladies comme Alzheimer. Maintenant, on a une explication plausible : si le système glymphatique est perturbé, il ne peut plus éliminer correctement l’amyloïde et le tau. C’est un cercle vicieux, vraiment. On se souvient de l’étude sur les religieuses américaines : parmi celles qui présentaient des signes d’Alzheimer après leur mort, la moitié seulement avaient des symptômes de démence. Mais si elles avaient aussi cette maladie des petits vaisseaux, ce chiffre grimpait à neuf sur dix ! Cela montre à quel point les problèmes vasculaires sont un accélérateur de catastrophe cérébrale.
Dormir et soigner l'hypertension : des stratégies pour intervenir
Premièrement, le sommeil. Ben oui, c’est ça ! On pense que le sommeil joue un rôle fondamental dans la façon dont ce système fait son travail. Des rythmes de sommeil perturbés pourraient donc nuire à la capacité d’éliminer les toxines. Dormir correctement, ce n’est pas juste se reposer, c’est aussi laisser l’équipe de nettoyage faire son travail.
Deuxièmement, traiter les facteurs de risque vasculaire, comme la tension artérielle. C’est un point que le professeur Hugh Markus insiste beaucoup. Des études récentes le confirment : l’essai SPRINT MIND, par exemple, a montré que contrôler très strictement la pression artérielle (la maintenir sous 120 mm Hg systolique) entraînait une réduction de 20 % du déclin cognitif ou de la démence. Vingt pour cent, ce n’est pas rien ! Il y a peut-être aussi des médicaments existants qui pourraient être « réutilisés », ou de nouveaux traitements à développer pour stimuler ce nettoyage. L’espoir est là, on ne peut le nier.
Conclusion : L'importance cruciale de la prévention cardiovasculaire
Environ un quart de tous les risques de démence sont attribués à des facteurs courants que l’on peut gérer, comme l’hypertension ou le tabagisme. Si nous réussissons à améliorer la fonction glymphatique en traitant ces problèmes, nous tenons une approche simple et réalisable. Comme l’a dit le professeur Bryan Williams, du British Heart Foundation, cette étude nous ouvre de nouvelles avenues passionnantes pour la recherche et la prévention de la démence. Gérer sa tension et s’assurer d’un bon sommeil, ce n’est pas seulement bon pour le cœur, mais c’est aussi indispensable pour que le cerveau reste propre et alerte le plus longtemps possible.
Selon la source : medicalxpress.com