Trump claque la porte au Canada : les négociations commerciales rompues après une pub « scandaleuse »
Auteur: Simon Kabbaj
C’est un message posté sur les réseaux sociaux qui a eu l’effet d’une bombe diplomatique. Le jeudi 23 octobre 2025 au soir, le président américain Donald Trump a annoncé qu’il rompait toutes les négociations commerciales avec le Canada. La cause de cette colère présidentielle est pour le moins inattendue : une publicité canadienne utilisant la voix de l’ancien président Ronald Reagan pour critiquer sa politique de droits de douane. Une décision abrupte qui plonge les relations entre les deux voisins dans une crise profonde.
La publicité qui a mis le feu aux poudres
Tout est parti d’une initiative de l’Ontario. Le premier ministre de la province, Doug Ford, a lancé cette semaine une campagne de publicité aux États-Unis pour contrer la politique tarifaire de Trump. La publicité utilise un extrait d’un discours de Ronald Reagan datant du 25 avril 1987, dans lequel l’icône républicaine expliquait que les droits de douane menaient inévitablement à des pertes d’emplois. Utiliser un ancien président républicain pour critiquer un président républicain actuel… l’affront était total pour Donald Trump.
La Fondation Reagan crie à la manipulation
L’affaire a pris une autre tournure lorsque la Fondation Ronald Reagan elle-même est intervenue. Sur X (anciennement Twitter), elle a accusé la campagne canadienne d’avoir utilisé ‘de manière sélective des extraits audio et vidéo‘ pour ‘déformer‘ les propos de l’ancien président. La fondation a même ajouté qu’elle ‘examinait ses options juridiques dans cette affaire’, ajoutant une dimension légale à la crise diplomatique. Pour Trump, c’était la preuve d’un ‘comportement scandaleux’ de la part du Canada.
La justification de Trump : 'Les tarifs sont la sécurité nationale'
Dans sa publication sur Truth Social, Donald Trump a réaffirmé avec force sa doctrine économique et politique. ‘LES TARIFS SONT TRÈS IMPORTANTS POUR LA SÉCURITÉ NATIONALE ET L’ÉCONOMIE DES ÉTATS-UNIS‘, a-t-il martelé en majuscules. Pour lui, la publicité canadienne n’était pas qu’une simple critique, mais une tentative d’interférer avec des décisions de justice américaines sur le sujet. La rupture des négociations est donc présentée comme une conséquence logique et une mesure de protection des intérêts américains.
Un coup de froid pour Ottawa qui espérait une entente
Cette décision est une véritable douche froide pour le gouvernement canadien. Cette semaine encore, le premier ministre Mark Carney se disait optimiste, espérant une entente sur les secteurs clés frappés par les droits de douane américains, comme l’acier et l’aluminium. Il y a à peine deux semaines, Carney s’était rendu à la Maison-Blanche pour une rencontre qui s’était, en apparence, très bien passée, laissant présager un rapprochement. Les deux hommes doivent d’ailleurs se croiser de nouveau dans les prochains jours lors d’un sommet international en Asie, une rencontre qui s’annonce désormais glaciale.
Des relations en "montagnes russes"
Ce n’est pas la première fois que Donald Trump joue au chaud et au froid avec son voisin du nord. Les négociations commerciales entre les deux pays sont décrites comme étant en ‘montagnes russes’ depuis plus de six mois. C’est même la deuxième fois que le président américain met fin aux pourparlers de manière aussi abrupte. En juin dernier, il avait déjà claqué la porte, vexé par un projet de taxe canadienne sur les services numériques. Les négociations n’avaient repris qu’après que le Canada ait fait marche arrière. L’imprévisibilité reste la marque de fabrique de la diplomatie trumpienne.
Conclusion : une crise diplomatique déclenchée par une publicité
Au final, cette affaire est symptomatique d’une nouvelle ère de la diplomatie, où une simple publicité peut déclencher une crise internationale majeure. La relation entre les États-Unis et le Canada, deux des plus proches alliés au monde, est désormais suspendue à l’humeur d’un président qui ne pardonne pas ce qu’il considère comme une attaque personnelle. L’avenir des échanges commerciaux entre les deux pays, qui se chiffrent en centaines de milliards de dollars, est plus incertain que jamais, tout ça à cause d’une citation de Ronald Reagan.
Selon la source : france24.com