Grippe : pourquoi certaines personnes sont-elles plus contagieuses que d’autres ?
Auteur: Mathieu Gagnon
Vous savez, il y a bien longtemps, au Moyen Âge, les Italiens avaient une drôle d’idée sur cette maladie qui revenait chaque hiver. Ils l’ont appelée « influenza », ce qui voulait dire « influence ». L’influence de quoi, vous demandez-vous ? Eh bien, l’influence des étoiles ! Ils étaient persuadés que des forces célestes nous envoyaient cette maladie. Une belle histoire, n’est-ce pas ?
Aujourd’hui, on sait bien que ce ne sont pas les étoiles mais de tout petits virus qui nous rendent malades. Pourtant, les scientifiques se posent encore des questions fascinantes. Des questions qui, cette fois, ne concernent pas le ciel, mais plutôt ce qui se passe à l’intérieur de notre corps. Ils cherchent à comprendre pourquoi, face à la grippe, nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne.
Le mystère du "rejet viral"
Les chercheurs parlent de quelque chose appelé le « rejet viral ». C’est un terme un peu technique, mais l’idée est toute simple. C’est juste le fait d’expulser des particules de virus dans l’air quand on est malade. Un éternuement, une toux, et même simplement en parlant ou en respirant… On devient une sorte de petit nuage à virus. C’est comme ça que la maladie se propage, tout bêtement.
Mais là où ça devient curieux, c’est que tout le monde ne « rejette » pas le virus de la même façon. Pourquoi une personne va être très contagieuse pendant plusieurs jours, et son voisin, avec la même grippe, beaucoup moins ? C’est le grand puzzle que les scientifiques essaient de reconstituer.
Une expérience unique pour y voir plus clair
Pour percer ce mystère, une équipe de scientifiques américains a mené une étude assez audacieuse. Ils ont demandé à des volontaires… d’attraper la grippe exprès ! On leur a administré le virus H1N1, celui qui avait fait parler de lui en 2009. C’est une démarche un peu surprenante, mais c’est le meilleur moyen de tout observer depuis le tout début de l’infection.
Pour que l’expérience ressemble le plus possible à la vraie vie, la moitié des participants a été vaccinée contre la grippe, et l’autre non. Après tout, dans nos villes et nos villages, c’est bien comme ça que ça se passe : certains sont vaccinés, d’autres pas. Cela a permis d’étudier comment notre « historique immunitaire », c’est-à-dire nos anciennes vaccinations et maladies, influence notre réaction.
Des résultats étonnants : trois profils se dessinent
Et alors, qu’ont-ils découvert ? Des choses vraiment intéressantes. Les volontaires se sont répartis en trois groupes bien distincts. D’abord, il y a eu les « chanceux » : même après avoir reçu le virus, ils ne l’ont jamais rejeté. Leur système de défense, notamment dans le nez, était particulièrement réactif et efficace.
Ensuite, il y a eu les « super-contaminateurs », si on peut dire. Eux ont rejeté le virus de manière persistante, pendant plusieurs jours. Et enfin, un groupe intermédiaire, qui n’a été contagieux qu’une seule journée. Fait amusant : dans ce dernier groupe, on trouvait trois fois plus de femmes que d’hommes. Les chercheurs pensent que les hormones féminines, comme l’œstrogène, pourraient jouer un rôle protecteur. Comme quoi, les différences ne sont pas que dans la tête !
Quel impact pour les vaccins de demain ?
Bon, tout ça c’est bien joli, mais à quoi ça va servir concrètement ? Ces découvertes sont précieuses pour l’avenir. Comprendre comment fonctionne la première ligne de défense, celle qui se trouve dans notre nez (la « muqueuse nasale »), pourrait révolutionner la manière dont on conçoit les vaccins.
On parle de plus en plus de vaccins sous forme de spray nasal. L’idée serait de renforcer nos défenses directement là où le virus entre. Cette étude confirme que c’est une piste très prometteuse. Le message principal, c’est que notre immunité nasale et générale est directement liée à notre capacité à propager, ou non, le virus de la grippe.
Conclusion : Un grand pas, mais la route est encore longue
En résumé, cette étude nous montre que nous ne sommes pas tous égaux face à la grippe. Certains d’entre nous ont un système immunitaire qui bloque le virus à l’entrée, tandis que d’autres le propagent plus facilement, et les femmes semblent s’en sortir un peu mieux sur ce point. C’est un vrai pas en avant.
Toutefois, les chercheurs restent prudents. L’étude a été menée sur un petit groupe de personnes jeunes et en bonne santé. On ne sait pas encore si ces résultats s’appliquent aux personnes plus âgées, aux femmes enceintes ou à ceux qui ont déjà des problèmes de santé. Il reste donc du travail à faire, mais une chose est sûre : on comprend de mieux en mieux cet ennemi invisible qu’est le virus de la grippe. Et ça, c’est toujours une bonne nouvelle.
Selon la source : medicalxpress.com