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L’acteur autrefois considéré comme « le plus beau garçon du monde » est décédé à 70 ans
Crédit: Björn Andrésen/ IMDB

Introduction : la fin d’une beauté maudite

Il a été une icône, une obsession, un fantasme. Björn Andrésen, l’acteur suédois que le réalisateur Luchino Visconti avait surnommé ‘le plus beau garçon du monde’, est décédé à l’âge de 70 ans. Sa mort a été confirmée ce week-end par les médias suédois. Son rôle de Tadzio dans le film culte « Mort à Venise » l’a propulsé au rang de star mondiale à seulement 15 ans, mais cette gloire soudaine et cette étiquette de beauté parfaite ont été pour lui une véritable malédiction qui l’a poursuivi toute sa vie.

Le rôle qui a tout changé : Tadzio dans « Mort à Venise »

Photo sur le tournage de « Mort à Venise » (Détail) (1970) Björn Andrésen (Tadzio) / Public domaine

En 1971, le monde du cinéma découvre son visage d’ange. Dans l’adaptation de la nouvelle de Thomas Mann, « Mort à Venise« , il incarne Tadzio, un jeune noble polonais dont la beauté obsède un compositeur vieillissant joué par Dirk Bogarde. Sa performance, presque silencieuse, repose entièrement sur son apparence éthérée. Le réalisateur italien, Luchino Visconti, est tellement subjugué qu’il le déclare ‘le plus beau garçon du monde’. Cette phrase, censée être un compliment, deviendra le fardeau de sa vie.

Une gloire qui a « bousillé » sa vie

Cette célébrité soudaine a été un poison. Dans une interview au Guardian en 2003, il confiait s’être senti comme « un animal exotique dans une cage ». Des années plus tard, il sera encore plus direct, affirmant que le film de Visconti avait « plutôt bien bousillé [sa] vie ». Son histoire a d’ailleurs fait l’objet d’un documentaire poignant en 2021, justement intitulé ‘The Most Beautiful Boy in the World’ (Le plus beau garçon du monde), qui explorait les conséquences sombres de cette objectification précoce.

Une enfance marquée par le drame

En plein tournage du film Mort à Venise en 1971, Luchino Visconti dialogue avec Sergio Garfagnoli et Björn Andrésen (à droite). / public domaine

Avant même cette gloire maudite, la vie de Björn Andrésen, né le 26 janvier 1955, n’avait pas été facile. Il n’a jamais connu son père, et sa mère s’est suicidée alors qu’il n’avait que 10 ans. Il a alors été élevé par sa grand-mère. C’est elle, selon ses dires, qui l’a poussé vers le mannequinat et le cinéma, car elle ‘voulait une célébrité dans la famille’. Une ambition qui a précipité son petit-fils sous des feux des projecteurs qu’il n’avait jamais désirés.

La face sombre de la célébrité : la « Beatlemania » et les prédateurs

Après la sortie du film, il est devenu une idole, notamment au Japon, où il a connu une hystérie comparable à la ‘Beatlemania’. Mais cette célébrité l’a exposé au pire de l’industrie. Il a raconté comment, à 16 ans, Visconti l’avait emmené dans une boîte de nuit gay avec un groupe d’hommes plus âgés, le mettant ‘très mal à l’aise’. ‘Je savais que je ne pouvais pas réagir. Ça aurait été un suicide social’, a-t-il expliqué. ‘Luchino était le genre de prédateur culturel qui sacrifierait n’importe quoi ou n’importe qui pour son travail’. Ses mots sur le réalisateur sont sans appel : s’il était encore en vie, il lui aurait dit d’aller au diable ».

Une carrière en « chaos » et le refuge dans la musique

Après ‘Mort à Venise’, il a trouvé sa véritable passion dans la musique, devenant un pianiste accompli. Il a tout de même continué à jouer dans plus de 30 films et séries, mais a toujours décrit sa carrière comme un ‘chaos’. Il disait être l’un des rares exemples d’une carrière qui a ‘commencé au sommet absolu pour ensuite redescendre’. ‘C’était solitaire’, a-t-il ajouté, résumant le sentiment d’une vie passée à essayer d’échapper à l’ombre de sa propre beauté juvénile.

La tragédie qui l’a de nouveau frappé

Le malheur a continué de le suivre. En 1986, il a vécu le pire drame qu’un parent puisse imaginer : la perte de son fils de neuf mois, Elvin, mort du syndrome de la mort subite du nourrisson. Cette tragédie l’a plongé dans une longue dépression, mais il gardait l’espoir de le retrouver un jour ‘dans l’au-delà’. Un nouveau coup du sort pour un homme déjà si marqué par la vie.

Un retour remarqué dans un film d’horreur

Björn Andrésen The movie database TMDB

Plus récemment, le public a pu le redécouvrir dans un rôle à contre-emploi. En 2019, il a fait un retour remarqué sur grand écran dans le film d’horreur folk d’Ari Aster, ‘Midsommar‘. Son apparition, bien que courte, a été saluée. Avec un humour noir qui le caractérisait, il s’était réjoui de ce rôle : ‘C’est le rêve de tout garçon de mourir dans un film d’horreur’, avait-il déclaré au Mirror. Une façon de boucler la boucle, avec une dernière apparition marquante.

Conclusion : le souvenir d’une « personne courageuse »

Björn Andrésen laisse derrière lui sa fille, Robine, et deux petites-filles. Les réalisateurs de son documentaire lui ont rendu hommage en saluant une ‘personne courageuse’. Sa vie aura été une lutte constante contre une image qui lui a été imposée, un combat contre la célébrité toxique et les tragédies personnelles. L’histoire du ‘plus beau garçon du monde’ est finalement celle, douce-amère, d’un homme qui a passé sa vie à essayer de se libérer d’une beauté qui l’a à la fois créé et détruit.

Selon la source : rte.ie

 

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