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Pétrole russe : la combine qui donne des sueurs froides à l’Europe à l’approche de l’hiver
Crédit: freepik

Un ballet de pétroliers aux portes de l’Europe

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Aux abords des grands ports européens, c’est une course contre la montre qui se joue. Les arrivages de produits pétroliers raffinés, comme le diesel ou le kérosène, atteignent des niveaux records. Officiellement, l’Europe se sèvre du pétrole russe. Mais en coulisses, une mécanique complexe et fragile permet à l’or noir du Kremlin de continuer à alimenter le continent, un montage aujourd’hui menacé par de nouvelles sanctions qui font trembler les Vingt-Sept.

Le grand sevrage, une illusion ?

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Sur le papier, le pari semblait réussi. L’Union européenne a drastiquement réduit sa dépendance directe au brut de Moscou : de 27 % de ses importations avant la guerre en Ukraine, on est passé à moins de 3 % aujourd’hui. Un tour de force apparent, rendu possible par une réorientation massive des achats vers d’autres fournisseurs, comme la Norvège, l’Algérie ou encore l’Arabie saoudite.

Mais ce sevrage cachait une autre réalité. Pour compenser, l’Europe s’est mise à importer massivement des carburants déjà transformés, les fameux « distillats moyens » essentiels pour faire tourner les camions, les trains et chauffer les foyers. Et c’est là que le bât blesse.

L’Inde et la turquie, les raffineries de l’ombre de Moscou

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Le ver était dans le fruit. Une part non négligeable de ce diesel que l’Europe achète à prix d’or est en réalité fabriquée à partir… de pétrole brut russe. Des pays comme l’Inde ou la Turquie ont flairé la bonne affaire : ils achètent le brut de Moscou avec d’importantes remises, le raffinent dans leurs propres usines, puis le revendent, en toute légalité, sur le marché européen.

Un tour de passe-passe commercial qui permet à l’argent russe de continuer à irriguer les marchés, mais par la petite porte. Une étude récente a ainsi mis en lumière le rôle d’Ankara, qui aurait profité de rabais allant jusqu’à 20 dollars par baril pour alimenter l’UE. Sous la pression américaine, un important terminal turc a toutefois dû cesser ces opérations en mars.

L’étau se resserre sur New Delhi

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Mais le maillon le plus important de cette chaîne, c’est l’Inde. Le pays est devenu un client majeur de la Russie, ses importations de pétrole russe bondissant de 2 % à près de 33 % de son approvisionnement total depuis le début du conflit. Une aubaine pour ses raffineurs, et une source d’approvisionnement devenue providentielle pour l’Europe.

Rien que sur les vingt premiers jours d’octobre, les cargaisons indiennes ont représenté 20 % du total des importations de distillats moyens de l’UE. Or, ce sont précisément les géants russes qui fournissent l’Inde, comme Lukoil et Rosneft, qui sont aujourd’hui dans le viseur de nouvelles sanctions américaines. La menace est claire : couper ce flux vital.

La crainte d’un hiver sous tension

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Cette nouvelle donne explique la frénésie actuelle sur les marchés. L’Europe fait des réserves, anticipant une perturbation de cette filière indienne. Les chiffres de la société d’analyse Kpler sont éloquents : si le rythme se maintient, les achats mensuels de diesel et de kérosène pourraient battre tous les records. On stocke, avant que le robinet ne se ferme, même partiellement.

La question n’est plus seulement de savoir si l’on paiera le carburant plus cher, mais s’il y en aura assez pour tout le monde quand le froid s’installera durablement. C’est ce scénario qui hante aujourd’hui les capitales européennes.

Conclusion : vers une nouvelle géopolitique du pétrole

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Faut-il s’attendre à une rupture brutale ? Probablement pas, nuancent certains analystes. Selon Fernando Ferreira du Rapidan Energy Group, interrogé par Bloomberg, on assistera plus à un « réajustement des flux commerciaux » qu’à une suppression totale. En clair, certains raffineurs indiens, plus discrets ou moins exposés, trouveront sans doute des moyens de continuer à livrer l’Europe.

Reste que l’épisode le démontre : les sanctions sont un jeu de dominos complexe, où chaque action entraîne une réaction en chaîne, redessinant les routes de l’énergie mondiale. L’Europe, en cherchant à punir Moscou, s’est rendue dépendante d’un système précaire. L’hiver qui vient en sera le premier véritable test.

Selon la source : geo.fr

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