En voyage, ces Américains qui se font passer pour des Canadiens (et se font démasquer)
Auteur: Adam David
C’est une astuce presque légendaire pour le voyageur américain cherchant à passer inaperçu : une petite feuille d’érable cousue sur le sac à dos. Une ruse censée le protéger de l’hostilité que peut parfois susciter la politique étrangère de son pays. Pourtant, ce camouflage est loin d’être parfait, et il a le don d’agacer prodigieusement les principaux intéressés : les Canadiens eux-mêmes.
L'accent qui trahit, l'anecdote qui en dit long
L’expérience de Susanna Shankar, une femme de 37 ans, illustre bien le phénomène. En vacances en Espagne, cette double nationale canado-américaine se fait accuser de mentir par un autre touriste. La raison ? Son accent, trop proche de celui de la côte Ouest américaine. « Il ne m’a juste pas cru quand j’ai dit que je venais du Canada », a-t-elle raconté à CNN, encore stupéfaite. Un simple échange qui révèle une méfiance bien installée. Elle l’admet elle-même : se présenter comme Canadienne est souvent un choix politique, et elle n’est pas la seule.
Le "flag-jacking", une vieille histoire
Cette pratique a un nom : le « flag-jacking ». Elle n’a rien de nouveau, ses origines remontent à l’impopularité de la guerre du Vietnam dans les années 1960. Le phénomène a connu des résurgences, notamment pendant la guerre en Irak sous George W. Bush. La motivation reste la même : la crainte d’un sentiment anti-américain qui pourrait gâcher des vacances ou, pire, mettre en danger les voyageurs. Pour certains, le mensonge est une petite assurance tranquillité.
L'exaspération monte au Canada
Du côté de la vraie feuille d’érable, la plaisanterie ne fait plus rire du tout. Les Canadiens interrogés par les médias qualifient cette usurpation d’identité d’« irresponsable » et de « lâche ». Certains vont jusqu’à parler d’« appropriation culturelle ». La tension a été ravivée par les politiques de l’ère Trump, entre hausse des droits de douane et déclarations provocatrices. Se faire passer pour un Canadien n’est plus seulement une astuce, c’est devenu un geste qui crispe.
Bruyants, directs, organisés : les clichés qui les trahissent
Alors, comment distinguer le vrai du faux ? Les guides touristiques européens, eux, ont leurs petites techniques, souvent basées sur des clichés bien ancrés. « Vous entendez toujours les Américains parce qu’ils sont bruyants », confie une professionnelle londonienne. Les Canadiens seraient plus « subtils », « aventureux » et discrets. Leurs voisins du Sud, eux, sont perçus comme plus « organisés », « directs » et bien plus prompts à exprimer leur mécontentement. On dit même qu’un vrai Canadien s’empresse de clarifier sa nationalité pour ne surtout pas être confondu.
Conclusion : Au fond, une question de respect
Au-delà des drapeaux et des accents, la clé d’un voyage réussi réside peut-être ailleurs. C’est ce que suggère Leigh Barnes, un acteur du secteur du voyage. « Si vous respectez les usages, si vous êtes curieux et poli, vous passerez des vacances formidables, peu importe d’où vous venez. » Une invitation simple à laisser le passeport dans la poche et à miser sur l’attitude. Après tout, un sourire et un peu de savoir-vivre sont souvent les meilleurs laissez-passer.
Selon la source : geo.fr