Ce petit tyrannosaure n’était pas un bébé T. Rex, mais bien une espèce à part entière
Auteur: Mathieu Gagnon
Voilà une question qui a fait couler beaucoup d’encre chez les passionnés de dinosaures : certains fossiles de petits tyrannosaures étaient-ils de jeunes T. Rex ou appartenaient-ils à une espèce totalement différente ? Pendant des années, on a penché pour la première option. Mais une découverte exceptionnelle, celle des « Dinosaures en Duel », semble enfin clore le débat.
Deux paléontologues affirment aujourd’hui avoir la preuve que nous sommes bien en présence d’une espèce distincte, le fameux Nanotyrannus. Et cette confirmation, si elle se vérifie, pourrait bien changer notre regard sur les derniers jours des dinosaures, juste avant que ce fameux astéroïde ne vienne tout chambouler.
L'énigme du crâne de Hell Creek
Pour comprendre, il faut remonter un peu le temps. Tout commence en 1942, dans le Montana, avec la découverte d’un crâne dans la formation de Hell Creek, un véritable trésor pour les chercheurs. Ce crâne, bien plus petit qu’un crâne de T. Rex adulte (environ 40% de sa taille), lui ressemblait pourtant beaucoup. Trop, peut-être.
Alors, que faire ? Certains scientifiques ont crié au bébé T. Rex, une conclusion logique après tout. D’autres, plus prudents ou plus audacieux, ont proposé un nouveau nom : Nanotyrannus lancensis. Et depuis, c’est le grand débat. Chaque camp y allait de ses arguments, s’appuyant sur des os de taille similaire, mais sans jamais vraiment réussir à convaincre l’autre.
Les 'Dinosaures en Duel' livrent leurs secrets
Et puis, il y a eu cette trouvaille. Un fossile incroyable de deux dinosaures figés en plein combat mortel, il y a près de 67 millions d’années. D’un côté, un Triceratops, et de l’autre, ce fameux petit tyrannosaure. Était-ce un jeune T. Rex qui avait eu les yeux plus gros que le ventre ? C’est ce qu’on a d’abord pensé.
Mais en l’étudiant de plus près, les chercheurs, dont le Dr Lindsay Zanno, ont vu que ce n’était pas si simple. Le squelette du petit carnivore correspondait parfaitement au crâne du Nanotyrannus. Mieux encore, il présentait des différences majeures avec le T. Rex : plus de dents, moins de vertèbres à la queue, et des avant-bras bien plus longs par rapport à sa taille. Même l’emplacement des nerfs dans son crâne n’était pas le même. Ça commence à faire beaucoup de différences pour un simple « bébé ».
L'âge de l'animal : la clé du mystère
Le coup de grâce à la théorie du jeune T. Rex est venu de l’analyse des os. Un peu comme les cernes d’un arbre, les os gardent des traces de la croissance de l’animal. Et là, surprise : le spécimen des « Dinosaures en Duel » avait environ 20 ans. À cet âge, un T. Rex est censé être un adulte bien développé, pas un adolescent attardé.
Comme l’explique le Dr James Napoli, l’un des auteurs de l’étude, pour que ce soit un jeune T. Rex, il aurait fallu qu’il arrête de grandir pendant des années avant de connaître une seconde puberté et de reprendre sa croissance. Franchement, ça semble tiré par les cheveux. C’est même, selon lui, « impossible » et du jamais-vu chez ce type d’animaux.
Qui était vraiment le Nanotyrannus ?
Alors, si ce n’était pas un jeune T. Rex, qui était-il ? Eh bien, un cousin, mais avec son propre style. Le Nanotyrannus était un prédateur différent : plus svelte, plus rapide et plus agile. Il ne chassait probablement pas les mêmes proies qu’un T. Rex adulte, mais il devait être en compétition directe avec les jeunes T. Rex. Une sorte de rivalité familiale, en somme.
Cette découverte contredit l’idée que le T. Rex était si dominant qu’il ne laissait de place à aucun autre prédateur de taille moyenne. D’ailleurs, les chercheurs ont profité de leurs analyses pour identifier une autre espèce très proche, le N. lethaeus, à partir d’un autre fossile qu’on pensait aussi être un T. Rex juvénile. Le monde des tyrannosaures s’agrandit !
Conclusion : Un monde des dinosaures plus riche qu'on ne le pensait
Au final, cette découverte va bien au-delà d’une simple querelle de spécialistes. Elle nous montre que la vie à la fin du Crétacé était bien plus complexe et diversifiée qu’on ne l’imaginait. Loin de l’image d’un monde en déclin, attendant le coup de grâce venu du ciel, on découvre un écosystème foisonnant et compétitif.
Le T. Rex était sans doute un prédateur redoutable, mais il n’était pas seul. À ses côtés, le Nanotyrannus, ce chasseur agile, avait aussi sa place. Cela nous offre une image plus riche et plus concurrentielle des derniers jours des dinosaures. Et ça nous rappelle qu’en paléontologie, il ne faut jamais dire jamais. Il suffit parfois d’un fossile exceptionnel pour réécrire une partie de l’histoire.
Selon la source : iflscience.com