Quand la mer se réchauffe, les prédateurs marins meurent de faim, même le ventre plein
Auteur: Mathieu Gagnon
Très vite, les oiseaux de mer et les lions de mer ont commencé à mourir de faim. On voyait des animaux malades, tout maigres, s’échouer sur les plages. C’est toute la chaîne alimentaire qui semblait chamboulée. Mais la question que les scientifiques se sont posée n’était pas seulement de savoir s’il y avait assez de nourriture. Ils ont commencé à se demander quelque chose de plus fondamental : la nourriture était-elle encore assez… nourrissante ?
Un poisson n'est pas juste un poisson
Et ce qu’ils ont découvert est assez surprenant. La valeur nutritive des anchois, des sardines ou des calamars – les plats préférés des otaries – variait énormément. Certains poissons étaient de vraies bombes énergétiques. D’autres, pas du tout. Et pourtant, il s’agissait de la même espèce, parfois même de la même taille. C’est un peu comme si vous mangiez un repas qui n’avait que le goût mais aucune des calories nécessaires.
Dans le labo : comment pèse-t-on les calories d'un poisson ?
Ils ont analysé des centaines d’échantillons de poissons, de différentes saisons, tailles et régions. Et les résultats ont été une vraie révélation. Même au sein d’une même espèce, la valeur énergétique pouvait changer du tout au tout selon que le poisson était jeune, adulte, ou même selon l’endroit où il avait vécu.
Les otaries de Californie, premières victimes
« On a vu une mortalité très élevée, ce qui nous a poussés à nous demander si la quantité de proies avait changé », raconte Nehasil. « Mais en y regardant de plus près, on a commencé à se dire que ce n’était peut-être pas seulement la quantité de nourriture qui avait changé, mais aussi sa qualité. » Et ils avaient raison. Les proies de mauvaise qualité étaient là, en abondance, mais elles ne pouvaient pas nourrir correctement les otaries. Elles auraient dû en manger des quantités astronomiques, ce qui est tout simplement impossible.
Des modèles à revoir : une précision vitale pour l'avenir
« C’est une information de plus pour affiner nos modèles et mieux comprendre comment ces écosystèmes fonctionnent », précise la professeure Carolyn Kurle, co-auteure de l’étude. Avoir des données plus précises, c’est permettre de prendre de meilleures décisions pour gérer les pêcheries et protéger les mammifères marins. Et avec le dérèglement climatique, chaque détail compte.
Conclusion : Plus que des estomacs vides, des calories vides
L’énergie d’un poisson est directement liée à cela. Un poisson né dans une eau riche sera probablement plus gras, plus nourrissant. Un poisson d’une région pauvre sera plus maigre. Le problème, ce ne sont donc pas seulement les eaux qui se vident, ce sont les proies qui deviennent des calories vides. Comprendre ça est crucial. Comme le dit la professeure Kurle, « nous voulons tous avoir des écosystèmes sains », et pour ça, « tout le monde doit avoir les meilleures données possibles pour faire des analyses importantes ».
Selon la source : earth.com