L’utilisation chronique de mélatonine pourrait augmenter le risque d’insuffisance cardiaque, selon une étude
Auteur: Simon Kabbaj
C’est le remède de choix pour des millions de personnes qui peinent à trouver le sommeil. La mélatonine, souvent perçue comme une solution naturelle et sans danger, est de plus en plus consommée sur le long terme. Mais est-ce vraiment sans risque ? Une nouvelle étude préliminaire, publiée aujourd’hui (3 novembre 2025), jette un pavé dans la mare. Les chercheurs suggèrent qu’une prise de mélatonine pendant plus d’un an pourrait être liée à des problèmes cardiaques et à une mort prématurée. Ces découvertes remettent en question la perception de la mélatonine comme une thérapie chronique bénigne.
Un danger caché dans nos armoires à pharmacie ?
La mélatonine est une hormone que notre corps produit naturellement pour réguler notre cycle veille-sommeil. C’est pourquoi elle est si populaire. Mais son statut varie d’un pays à l’autre. Au Royaume-Uni, par exemple, elle est disponible sur ordonnance pour traiter l’insomnie chez les plus de 55 ans. Aux États-Unis, en revanche, elle est en vente libre comme un simple complément alimentaire. Si une utilisation ponctuelle, pour contrer un décalage horaire par exemple, semble sans danger pour les adultes (mais pas forcément pour les enfants), les scientifiques en savent très peu sur sa sécurité à long terme, en particulier en ce qui concerne le cœur.
Ce que l'étude a révélé : un risque presque doublé
Pour en savoir plus, les chercheurs ont analysé une immense base de données médicales internationales, le TriNetX Global Research Network. Ils se sont concentrés sur 60 000 adultes souffrant d’insomnie chronique à qui l’on avait prescrit de la mélatonine pendant un an ou plus. Ils ont ensuite comparé ce groupe à un groupe similaire de patients insomniaques qui n’avaient pas reçu de prescription. Les résultats, sur une période de suivi de cinq ans, sont troublants. Environ 4,6% des patients sous mélatonine ont développé une insuffisance cardiaque, contre seulement 2,7% dans le groupe sans mélatonine, soit un risque presque doublé. Les personnes sous mélatonine avaient également un risque plus élevé d’être hospitalisées pour insuffisance cardiaque et étaient près de deux fois plus susceptibles de mourir, toutes causes confondues.
Des limites importantes : la prudence est de mise
Il est crucial de prendre ces résultats avec beaucoup de pincettes. Les chercheurs eux-mêmes soulignent les limites importantes de leur étude, qui doit être présentée cette semaine à la conférence annuelle de l’American Heart Association. Premièrement, l’étude est préliminaire et n’a pas encore été évaluée par des pairs. Deuxièmement, elle est observationnelle et rétrospective, ce qui signifie qu’elle ne peut montrer qu’une corrélation, et non un lien de cause à effet. Il est possible que les personnes prenant de la mélatonine aient d’autres problèmes de santé qui expliquent ce risque accru. Enfin, et c’est un point crucial, la base de données couvre des pays comme les États-Unis où la mélatonine est en vente libre. Les auteurs admettent donc qu’il est ‘tout à fait possible’ que des personnes du groupe ‘sans prescription’ en aient pris quand même, ce qui pourrait fausser les résultats.
Conclusion : un appel à plus de recherche, pas à la panique
Au final, cette étude n’est pas une ‘preuve irréfutable’ des dangers de la mélatonine chronique. Mais c’est un signal d’alarme sérieux, une motivation forte pour que la communauté scientifique mène des recherches plus approfondies et plus rigoureuses, idéalement des essais cliniques randomisés et contrôlés, pour en avoir le cœur net. Le message n’est pas d’arrêter de prendre de la mélatonine si votre médecin vous l’a prescrite, mais de prendre conscience que sa sécurité à long terme n’est pas une certitude et mérite une enquête approfondie. Comme l’écrivent les chercheurs, il est temps de ‘clarifier son profil de sécurité cardiovasculaire’.
⚠️ Disclaimer : Les informations présentées dans cet article sont fournies à titre informatif uniquement. Elles ne remplacent pas un avis médical professionnel. Toute décision concernant la prise ou l’arrêt de la mélatonine doit être discutée avec un médecin ou un pharmacien. Les résultats de l’étude mentionnée sont préliminaires et nécessitent des recherches supplémentaires avant toute conclusion définitive.
Selon la source : news-medical.net