Et si on arrêtait de se focaliser sur l’IMC ?

On nous parle depuis des années de l’Indice de Masse Corporelle, le fameux IMC, comme du juge de paix pour notre poids. Et pourtant… Une nouvelle recherche menée par des médecins de l’UPMC et de l’Université de Pittsburgh vient un peu bousculer nos certitudes. Publiée dans la revue The Lancet Regional Health—Americas, cette étude suggère qu’une mesure bien plus simple pourrait être beaucoup plus fiable pour évaluer les risques de maladies cardiaques. Il s’agit du rapport entre votre tour de taille et votre taille. Une idée qui pourrait changer notre façon de voir les choses, surtout pour ceux qui ne se considèrent pas en surpoids.
L’IMC, une mesure pas si parfaite

Alors, pourquoi l’IMC ne serait-il plus la référence ? Eh bien, c’est un peu comme juger un livre à sa couverture. L’IMC ne fait pas la différence entre la masse graisseuse et la masse musculaire. Surtout, il ne dit rien sur la répartition des graisses dans le corps. Or, on sait aujourd’hui que la graisse accumulée autour du ventre, la graisse viscérale, est bien plus dangereuse pour le cœur que celle qui se trouve sur les hanches ou les cuisses. C’est un détail, mais un détail qui change tout.
Le tour de taille, un indicateur plus juste ?

C’est là qu’intervient le rapport tour de taille/taille (ou WHtR en anglais). Le calcul est d’une simplicité enfantine : il suffit de diviser la mesure de votre tour de taille (en centimètres) par votre taille (en centimètres). Cet indicateur se concentre directement sur la graisse abdominale, celle qui est vraiment liée aux problèmes cardiaques. Selon les chercheurs, un résultat supérieur à 0,5 pourrait être un signal d’alarme. Même si votre tension, votre cholestérol et votre poids semblent tout à fait normaux. C’est direct, simple, et ça, c’est une bonne nouvelle.
Ce que l’étude brésilienne nous apprend

Pour en arriver à cette conclusion, les scientifiques ont analysé les données de 2 721 adultes brésiliens, suivis pendant plus de cinq ans. Au début de l’étude, aucun ne souffrait de maladie cardiovasculaire. Les chercheurs ont constaté qu’un IMC, un tour de taille ou un rapport tour de taille/taille élevés étaient tous liés à un risque accru de problèmes cardiaques futurs. Mais, et c’est là que ça devient intéressant, quand ils ont ajusté les résultats en tenant compte d’autres facteurs de risque classiques (âge, tabac, diabète, cholestérol…), seul le rapport tour de taille/taille restait un prédicteur fiable. C’est assez parlant, non ?
Le danger caché pour ceux qui se croient à l’abri

Le plus surprenant, c’est que ce nouvel indicateur est particulièrement utile pour les personnes dont l’IMC est inférieur à 30, c’est-à-dire celles qui ne sont pas considérées comme obèses. Ces personnes, qu’on appelle parfois les « faux minces », peuvent avoir un ventre un peu rond sans pour autant que la balance s’affole. Elles pourraient donc ignorer qu’elles sont à risque. Le rapport tour de taille/taille permet de débusquer ce risque caché, comme la calcification des artères coronaires, un signe avant-coureur de maladie cardiaque. C’est une véritable avancée pour la prévention.
Conclusion : un outil simple à adopter sans tarder

Finalement, que retenir de tout ça ? Que sans jeter notre pèse-personne, il serait peut-être temps de lui associer un simple mètre ruban. Le rapport tour de taille/taille est un outil incroyablement simple, puissant et accessible à tous pour repérer un risque cardiaque bien plus tôt. Comme le dit le Dr Marcio Bittencourt, l’un des auteurs principaux, c’est un moyen efficace de déceler un danger même quand tout le reste semble aller pour le mieux. Parler de cette mesure avec votre médecin pourrait donc être une excellente idée lors de votre prochaine visite. C’est un petit geste qui peut faire une grande différence pour votre avenir.