Le mystère des oiseaux sur les lignes à haute tension : pourquoi ne s’électrocutent-ils pas ?
Auteur: Mathieu Gagnon
On les voit tous les jours, tranquillement posés sur les lignes électriques, comme si de rien n’était. Des petits oiseaux, parfois des plus gros, qui semblent se détendre sur des fils transportant des milliers de volts. C’est une image tellement banale qu’on finit par ne plus y penser. Et pourtant, la question mérite d’être posée : comment font-ils pour ne pas finir en plumeau grillé ? C’est assez fascinant, quand on y pense.
Pourquoi sont-ils là-haut, au juste ?
Alors, la première partie de la réponse est toute simple. Pourquoi se perchent-ils là ? Oubliez les théories un peu folles qui voudraient qu’ils se rechargent en électricité… Non, la vérité est bien plus pragmatique. Ces fils offrent un point de vue idéal et dégagé. De là-haut, pas de feuilles d’arbres pour gêner la vue. Ils peuvent surveiller les alentours, repérer un prédateur qui approche ou, au contraire, une proie potentielle au sol. C’est juste un super poste d’observation.
Le danger n'est jamais loin
Maintenant, il ne faut pas croire que c’est sans risque pour autant. La réalité est plus nuancée. Beaucoup d’oiseaux meurent électrocutés chaque année. Une étude américaine de 2014 a estimé leur nombre entre 0,9 et 11,6 millions par an, rien qu’aux États-Unis. Ce sont surtout les grands oiseaux, comme les rapaces, qui sont les plus en danger. Pourquoi ? Parce qu’avec leur grande envergure, ils risquent de toucher deux fils en même temps, ou un fil et un poteau. Et là, c’est le drame. Une autre étude sur des rapaces électrocutés a montré que près de 80 % des victimes étaient des aigles, chauves ou royaux. C’est terrible.
Le secret : ne pas fermer le circuit
Le véritable secret des oiseaux qui s’en sortent, c’est qu’ils ont une astuce : ils volent. En atterrissant sur un seul fil, ils ne créent pas de passage pour le courant. Comme l’explique Will Babb de la Division de la faune de l’Ohio, « les oiseaux ne forment pas une connexion entre la ligne électrique et le sol, donc ils ne ferment pas le circuit ». Si nous, humains, touchions ce même fil en ayant les pieds par terre, on compléterait le circuit… et les conséquences seraient, disons, fâcheuses. L’oiseau, lui, est isolé. Il ne touche que le fil, et rien d’autre. L’électricité n’a aucune raison de passer par son corps.
Tension ou courant : qui est le vrai coupable ?
C’est là que ça devient un peu plus technique, mais restez avec moi. On parle de lignes à 400 000 volts, c’est énorme ! Mais ce n’est pas la tension (la « pression » électrique) qui est le plus dangereux en soi. Ce qui tue, c’est le courant, c’est-à-dire le débit d’électricité qui traverse le corps.
Pour comprendre, imaginez de l’eau dans un tuyau. La tension, c’est la pression de l’eau. Le courant, c’est la quantité d’eau qui s’écoule. Même avec une pression énorme, s’il n’y a pas de sortie pour l’eau, elle ne s’écoule pas. C’est pareil pour l’oiseau sur son fil. Comme il ne fournit pas de chemin vers la terre, le courant ne circule pas à travers lui. Peu importe que la tension soit de 40 ou 400 000 volts, l’oiseau reste en vie, tout simplement.
Conclusion : Une leçon de physique en plein air
Finalement, cette scène de tous les jours est une formidable illustration des lois de l’électricité. Les oiseaux se servent des fils comme d’un perchoir pratique, et ils survivent grâce à un principe physique fondamental : pour qu’il y ait danger, il faut que le courant puisse circuler. Tant qu’ils ne touchent qu’un seul fil et ne sont pas reliés à la terre (ou à un autre fil), ils sont en sécurité. La prochaine fois que vous verrez un oiseau sur une ligne à haute tension, vous saurez qu’il n’est pas un super-héros, juste un petit malin qui applique, sans même le savoir, les bases de l’électromagnétisme. C’est une belle leçon de choses, non ?
Selon la source : iflscience.com