Une nouvelle lueur d’espoir contre le cancer du poumon : des chercheurs forcent les tumeurs à s’autodétruire
Auteur: Mathieu Gagnon
Quand on parle de recherche sur le cancer, chaque petite avancée est une victoire. Et celle-ci, elle est plutôt grande. Des chercheurs de l’école de médecine Grossman de l’université de New York (NYU) viennent de faire une découverte qui pourrait bien changer la façon dont on traite certains cancers du poumon. Ils ont trouvé un moyen de pousser les cellules cancéreuses à s’autodétruire. Oui, vous avez bien lu.
Il s’agit d’un médicament expérimental qui, lors de tests sur des souris, a réussi à bloquer une protéine essentielle à la survie des tumeurs. Résultat ? Les tumeurs pulmonaires ont réduit de près de 80 %. C’est une nouvelle vraiment encourageante, surtout quand on sait que le cancer du poumon est l’un des plus meurtriers au monde. Et celui dont on parle, l’adénocarcinome pulmonaire, touche même les non-fumeurs. Alors, cette nouvelle, elle donne un peu de baume au cœur.
La « ferroptose » : le bouton d'autodestruction caché dans nos cellules
Pour comprendre cette découverte, il faut parler d’un mécanisme un peu complexe, mais fascinant : la ferroptose. Imaginez que nos cellules possèdent une sorte de bouton d’urgence. Quand une cellule est trop stressée ou endommagée, le corps peut appuyer sur ce bouton pour qu’elle s’autodétruise proprement. C’est un processus naturel et très utile pour nous protéger.
Le problème, c’est que les cellules cancéreuses sont de petites malignes. Elles sont très stressées à cause de leur croissance folle, mais elles ont trouvé un moyen de désactiver ce bouton d’autodestruction. Elles bloquent la ferroptose pour continuer à se multiplier sans contrôle. C’est un peu comme si un cambrioleur désactivait l’alarme avant de commettre son méfait. C’est contre ce mécanisme de défense du cancer que les chercheurs ont décidé de se battre.
FSP1 : la protéine qui sert de bouclier au cancer
Au cœur de cette stratégie de survie du cancer, il y a une protéine qui joue un rôle clé. Son nom est un peu barbare : FSP1 (Ferroptosis Suppressor Protein 1). En français, on pourrait l’appeler la « protéine qui empêche la ferroptose ». Son boulot, c’est de servir de garde du corps aux cellules cancéreuses.
Elle les protège de l’accumulation de certaines molécules très réactives qui, normalement, devraient déclencher leur autodestruction. En gros, tant que FSP1 est là, la cellule cancéreuse est tranquille. Les scientifiques se sont donc dit : et si on empêchait ce garde du corps de faire son travail ? C’est exactement l’idée derrière leur nouveau médicament.
Une expérience pleine de promesses : des résultats impressionnants
Les paroles c’est bien, mais les preuves c’est mieux. L’équipe a donc mené des expériences sur des souris atteintes d’un cancer du poumon. D’abord, ils ont modifié génétiquement certaines souris pour que leurs cellules cancéreuses ne produisent plus du tout la fameuse protéine FSP1. Et là, surprise : les tumeurs étaient beaucoup plus petites et les cellules cancéreuses mouraient bien plus facilement.
Ensuite, ils ont testé un médicament expérimental, le icFSP1, conçu spécialement pour bloquer l’action de cette protéine. Les résultats ont été tout aussi spectaculaires. Chez les souris traitées, la croissance des tumeurs a été réduite jusqu’à 80 %, et leur survie s’est nettement améliorée. Ce n’est pas rien, c’est un chiffre qui marque les esprits.
Pourquoi viser FSP1 est-il si malin ?
Ce qui est particulièrement intéressant avec cette approche, c’est sa précision. Les chercheurs étudiaient déjà une autre protéine, la GPX4, qui joue un rôle similaire. Mais il s’avère que FSP1 est une bien meilleure cible, du moins pour le cancer du poumon.
Pourquoi ? Eh bien, FSP1 semble être beaucoup plus importante pour la survie des cellules cancéreuses que pour celle de nos cellules saines. En la bloquant, on attaque donc principalement la tumeur, avec, on l’espère, moins d’effets secondaires pour le patient. C’est toujours ça, le grand défi. De plus, ils ont remarqué que chez les patients humains, un niveau élevé de FSP1 est souvent lié à un pronostic plus sombre. Ça confirme que cette protéine est vraiment une cible de choix.
Conclusion : Et maintenant, que nous réserve l'avenir ?
Alors, que faut-il retenir de tout ça ? D’abord, une bonne dose d’optimisme. Cette étude, publiée dans la prestigieuse revue Nature, ouvre une porte vers une toute nouvelle façon de traiter le cancer. L’idée de réactiver un mécanisme de mort naturelle des cellules est… eh bien, c’est tout simplement brillant.
Bien sûr, le chemin est encore long. Il faut maintenant perfectionner ces médicaments, s’assurer qu’ils sont sans danger pour l’homme et mener des essais cliniques. Mais l’équipe de chercheurs est déjà sur le coup. Ils pensent même que cette stratégie pourrait fonctionner pour d’autres tumeurs solides, comme le cancer du pancréas. C’est un travail de longue haleine, mais chaque pas comme celui-ci nous rapproche un peu plus d’un avenir où le cancer fera un peu moins peur.
Selon la source : medicalxpress.com