Qui aurait pu croire que de simples taches orange sur le sol nous mèneraient à des géants disparus il y a des millions d’années ? C’est pourtant la réalité dans les Badlands de l’Alberta. Des scientifiques ont fait une découverte assez folle : des lichens, ces organismes robustes et colorés, adorent pousser directement sur les os de dinosaures.
Et le plus incroyable, c’est que leur couleur est si particulière qu’elle peut être repérée par des drones volant à près de 30 mètres au-dessus du sol. C’est dans le Parc provincial Dinosaur, un site du patrimoine mondial de l’UNESCO, que cette histoire se déroule. Là-bas, ces lichens orange recouvrent parfois la moitié de la surface de certains fossiles, alors qu’on ne les trouve presque jamais sur les roches voisines. Une sacrée différence. Cette astuce de la nature aide maintenant les chercheurs à repérer de nouveaux gisements de fossiles depuis les airs. Un lien direct entre le vivant d’aujourd’hui et des traces de vie d’il y a 75 millions d’années. C’est tout simplement fascinant.
Le secret des lichens : pourquoi aiment-ils tant les os de dinosaures ?
Alors, qu’est-ce qu’un lichen, au juste ? C’est une sorte de partenariat tout simple entre un champignon et une algue. Pour survivre, il s’accroche solidement à des surfaces stables. Il pousse très lentement, mais il est incroyablement résistant à la chaleur, au froid et à la sécheresse. Pas mal, non ?
L’équipe de recherche, menée par le Dr Brian Pickles de l’Université de Reading, s’est penchée sur ce phénomène. Il s’avère que les espèces de lichens orange, comme le Rusavskia elegans, préfèrent les surfaces riches en calcium et poreuses. Et devinez quoi ? Les os fossilisés sont parfaits pour ça. Leurs petits pores et les nutriments minéraux qu’ils contiennent aident les lichens à tenir le coup entre deux averses. Comme le dit le Dr Caleb Brown du Musée Royal Tyrrell de Paléontologie : « Ce comportement du lichen poussant de préférence sur les os fossiles est connu depuis des décennies, mais n’avait jamais été quantifié jusqu’à présent. » Enfin, c’est chose faite.
Un indice coloré vu du ciel
Voir ces petites taches depuis un drone à 30 mètres de hauteur, ça semble relever de la magie. Mais il y a une explication scientifique. Ces lichens ont ce qu’on appelle une « signature spectrale » bien à eux. En gros, ils renvoient la lumière d’une manière très spécifique.
Ils réfléchissent particulièrement bien la lumière proche de l’infrarouge, une couleur que notre œil ne peut pas voir. En même temps, ils absorbent plus de lumière bleue que les roches environnantes. C’est ce contraste qui permet à des algorithmes informatiques de faire le tri. Depuis là-haut, chaque pixel de l’image du capteur couvrait environ 2,5 centimètres au sol. C’est assez précis pour repérer des grappes de lichens orange. L’ordinateur regroupe ensuite les pixels qui se ressemblent et met en évidence les zones où il y a probablement des fossiles. C’est un peu comme avoir des super-pouvoirs pour voir l’invisible.
Quand la technologie rencontre le passé
Cette histoire, c’est vraiment la rencontre entre des os très anciens et une technologie de pointe. Les drones sont l’outil parfait, car ils comblent le vide entre les recherches à pied, qui sont lentes, et les images satellite, qui ne sont pas assez détaillées. Ils offrent juste le bon niveau de zoom pour le travail des paléontologues.
Et ça va même plus loin. On commence à utiliser l’intelligence artificielle pour aider les ordinateurs à reconnaître des motifs. Avec suffisamment d’images d’entraînement, un algorithme pourrait apprendre à distinguer les différents types de lichens et à signaler ceux qui sont le plus souvent liés aux os. Imaginez un peu… une telle précision pourrait complètement changer la manière dont on cartographie et protège les sites de fossiles. On n’arrête pas le progrès, et c’est tant mieux pour la science.
Tout n'est pas si simple : les limites de la méthode
Bien sûr, il ne faut pas croire que c’est une solution miracle. Cette approche a ses limites. Elle fonctionne surtout dans les zones semi-arides, où il y a peu de végétation et beaucoup de soleil, comme les Badlands canadiens. C’est logique, après tout.
Il faut aussi se rappeler que le drone détecte les lichens, pas directement les os. Donc, si une zone est à l’ombre, si le sol est humide ou si un autre objet orange traîne par là, l’ordinateur peut se tromper. C’est pour ça que la vérification sur le terrain par un humain reste absolument essentielle avant de commencer à creuser. Le Dr Derek Peddle, professeur à l’Université de Lethbridge, pense que cette étude ouvre la voie à la cartographie de zones bien plus grandes avec des avions ou des satellites, mais chaque piste devra être confirmée à la main. Le travail de terrain a encore de beaux jours devant lui.
Conclusion : un lien inattendu entre le vivant et le passé
Au final, cette histoire est bien plus qu’une simple astuce technologique. C’est une magnifique démonstration de la manière dont la nature, l’histoire et l’innovation peuvent travailler main dans la main. Un simple lichen, cet organisme si commun, devient un guide précieux vers un passé lointain.
Pensez-y un instant : des organismes vivants aujourd’hui se nourrissent sur les restes d’animaux qui ont marché sur cette terre il y a 75 millions d’années. Ce lien direct entre l’écologie moderne et les temps anciens est tout simplement vertigineux. Cela nous rappelle que la planète regorge encore de secrets et que, parfois, il suffit de regarder les choses sous un nouvel angle, ou d’un peu plus haut, pour faire des découvertes qui changent notre vision du monde. Le Dr Pickles a raison, l’écologie et la paléontologie peuvent vraiment collaborer de manières inattendues. Et c’est ce qui rend la science si passionnante.
Selon la source : earth.com